Près de cinq ans après le Brexit, l’Europe des Vingt-Huit verra-t-elle à nouveau le jour ? Ce dimanche 20 octobre, les Moldaves élisent leur président et, dans le même temps, décident d’une éventuelle adhésion de leur pays à l’UE après des négociations entamées en juin dernier avec Bruxelles – dans le sillage de celles engagées avec l’Ukraine.
Pour Maia Sandu, arrivée à la tête de l’ex-république soviétique en 2020 après une brève expérience en tant que Premier ministre, l’opposition farouche à Vladimir Poutine et la promesse d’un avenir européen sont les principaux arguments de campagne. « Ce référendum n’était pas légalement nécessaire. C’est une astuce pour augmenter vos chances de réélection”observe Denis Cenusa, membre associé du groupe de réflexion Moldave Expert-Grup, cité par Libération.
Problème : comme dans le cas du pays de Volodymyr Zelensky, dont l’intégration représenterait une catastrophe pour les agriculteurs français (déjà en colère depuis des mois contre cette concurrence déloyale), cet élargissement pourrait avoir des conséquences directes sur la France.
Dumping social
Si les ardents défenseurs de l’adhésion de la Moldavie à l’UE, comme l’eurodéputé socialiste Raphaël Glucksmann, considèrent, non sans utopisme européen, que celle-ci permettrait d’atteindre « la réunification du continent », en réalité, cela risque de peser en premier lieu sur les travailleurs des États membres.
Et pour cause : dans le pays de quelque 2,6 millions d’habitants, le salaire moyen, l’un des plus bas d’Europe, ne dépasse pas 270 euros par mois, soit près de trois fois moins que chez son voisin. Roumain (environ 750 euros) et presque six fois moins qu’en France.
Le reste après cette annonce
Ainsi, son intégration européenne pourrait encourager les délocalisations d’usines – pour une main d’œuvre moins coûteuse – et le recours à des travailleurs détachés dans d’autres pays de l’UE. Et, par conséquent, faire baisser de plus en plus les revenus des salariés, français inclus. Bref… du bon gros dumping social, dénoncé – à juste titre – par le député RN Julien Odoulmais aussi par le porte-parole du Parti communiste Léon Deffontaines.
Attiser les tensions avec la Russie
Après une rencontre avec son homologue moldave en mars dernier, Emmanuel Macron n’a pas manqué de soutenir la candidature de l’ancien pays de l’Est. “ Malgré les menaces, les pressions et les intimidations, la République de Moldavie a choisi la liberté, l’indépendance et l’Europe. La France soutient ce choix en apportant tout son soutien aux réformes lancées pour préparer l’adhésion de l’État moldave à l’Union européenne.a alors assuré les deux chefs d’État en un communiqué de presse conjoint.
Mais dans un contexte de guerre en Ukraine, voir un nouvel Etat ex-soviétique rejoindre l’Union européenne risque d’enflammer les relations diplomatiques entre Paris et Moscou, déjà fortement fragilisées depuis que le chef de l’Etat a évoqué il y a quelques mois l’hypothèse d’un envoi de troupes françaises en Ukraine. front pour soutenir l’armée ukrainienne – ce qui avait provoqué l’ire de Vladimir Poutine.
Compte tenu des tentatives d’ingérence plus ou moins officielles de chaque camp, ce vote crucial, qui sera scruté dans toute l’Europe, s’annonce électrique : alors que la patronne de la Commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé une aide européenne record de 1,8 milliard d’euros à la Moldavie. moins d’une semaine avant le vote, la Russie a payé quelque 130 000 personnes pour glisser un bulletin « non » dans l’urne et a déployé mille autres stratagèmes pour influencer le résultat de ce référendum – comme le rapporte Le Figaro. Une partie d’échec géopolitique où, pour une fois, les « citoyens européens » servent de pions.
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