La ministre de la Culture Rachida Dati souhaite moduler le montant proposé aux jeunes avec le Pass Culture pour privilégier les plus modestes et les classes moyennes, s’éloignant du modèle imaginé par le président Macron et dont les effets sont contestés. La ministre a également annoncé vendredi, dans une tribune du site Le Monde, qu’elle souhaitait réserver une partie de la subvention, qui s’élève à 300 euros par jeune de 18 ans, aux réservations de spectacles vivants, largement boudés par les allocataires qui ne font que y consacrer 1% de leurs dépenses.
« Il faut en outre partir du principe que le Pass Culture a pour vocation de corriger les inégalités de destin »
Jusqu’à présent, les jeunes choisissaient librement comment dépenser l’argent du Pass Culture, ce que déplorent de nombreux acteurs culturels. En effet, ils privilégient les achats de livres, dont une forte proportion de mangas, et de cinéma, pour les trois quarts des dépenses. La rue de Valois, qui s’estime relativement épargnée par l’effort budgétaire demandé en 2025 avec 4,45 milliards d’euros (reconduction stricte du montant alloué par la loi de finances initiale l’an dernier), cherche également à faire des économies sur le Pass Culture, mesure phare. de politique culturelle initiée par Emmanuel Macron, pour financer ses priorités.
De nombreux acteurs culturels reprochent au Pass, très gourmand en argent public puisque les chèques délivrés aux jeunes coûtent quelque 210 millions d’euros par an, de manquer son objectif, en touchant toute une tranche d’âge, même ceux qui en ont déjà les moyens. ou l’habitude de consommer de la culture, sans inciter les jeunes à aller voir des spectacles ou des œuvres vers lesquels ils ne se seraient pas tournés autrement.
Pour y remédier, de premières réformes ont déjà été menées, l’État créant une « part collective » dépensée via les enseignants pour les achats et sorties culturelles dans le cadre scolaire. Mais « la part individuelle reste encore, trop souvent, un instrument de consommation culturelle et de reproduction sociale », note la ministre dans sa chronique, s’appuyant sur deux rapports gouvernementaux qui ont pointé les limites du Pass Culture.
« Sans renoncer à l’universalité du système, il faut en outre partir du principe que le Pass Culture est destiné à corriger des inégalités de destin », poursuit-elle, en donnant « davantage aux jeunes de moyens modestes, sans négliger les classes moyennes ». Elle souhaite également réduire la part individuelle, versée directement aux jeunes, au profit de sommes qui permettent d’améliorer « la diversification des publics et des pratiques ». Lancé en 2019-2020, le Pass Culture a bénéficié à plus de 3,4 millions de personnes depuis sa généralisation en 2021, touchant une large majorité de chaque tranche d’âge.