qui est l’acteur Abou Sangaré, l’acteur sans-papiers primé à Cannes ?

qui est l’acteur Abou Sangaré, l’acteur sans-papiers primé à Cannes ?
qui est l’acteur Abou Sangaré, l’acteur sans-papiers primé à Cannes ?

Son histoire semble liée à celle du film. Ce mercredi 9 octobre, le jeune Guinéen Abou Sangaré est à l’affiche du film de Boris Lojkine, « L’Histoire de Souleymane ». Et malgré son visage sur les affiches de cinéma, il va déposer ce jeudi une quatrième demande de régularisation de sa situation à la préfecture.

Entre l’histoire de Souleymane et celle de Sangaré la frontière est fine. Dans le film, le personnage incarné par Sangaré est un livreur sans papiers méprisé des clients et des restaurateurs, mais motivé pour obtenir la nationalité française. Il doit alors gérer entre ses mensonges, vitaux pour survivre, et les troubles qui s’enchaînent.

« Je sais ce que c’est quand on n’a pas ses papiers ici en France et qu’on cherche des papiers. C’est compliqué” exprime le jeune comédien au micro de Bleu de France. Sa troisième demande lui a été refusée la veille de la projection du film au Festival de Cannes, où il a remporté le prix du meilleur acteur dans la section Un certain regard. Attribué, mais non régularisé. À ce moment précis, les 15 minutes d’ovation debout l’ont ému aux larmes. « Pour être tout à fait honnête avec vous, je ne m’attendais pas du tout à ce que ce projet ait un tel impact. Je me suis engagé dans quelque chose et puis voilà. Le prix supplémentaire à la fin m’a donné de la force, je pouvais être fier du travail accompli. » explique-t-il dans une interview accordée à Libérer.

Mais ce prix n’est pas seulement une reconnaissance pour le cinéma, il a poussé la préfecture de la Somme à reconsidérer sa demande en août dernier.

De la Guinée à la France : l’envie d’aider sa mère

Abou Sangaré est né à Sinko, dans le sud-est de la Guinée. Il n’est jamais allé à l’école et très jeune, il a commencé à travailler dans une petite ferme. Tandis qu’il s’occupe de sa mère malade avec sa sœur, « dès qu’elle s’est mariée, j’ai assumé toute la responsabilité de ma mère. C’était très compliqué de financer ces besoins médicaux” raconte le jeune comédien au micro de Sonia Devillers sur France Inter.

A 15 ans, n’en pouvant plus, Abou Sangaré décide de partir travailler en Algérie. Dans une interview avec Libérerle jeune acteur raconte que ce sont des amis qui l’ont encouragé à tenter sa chance là-bas : « ils cherchaient du travail et je pouvais gagner plus d’argent. »

La désillusion est grande. Après avoir tenté une première fois de traverser la Méditerranée, ne pouvant plus payer les passeurs, il a été emprisonné pendant deux semaines. Alors qu’il restait de la place sur un zodiac, un passeur l’emmena en Italie, lui faisant promettre de le rembourser le jour où il aurait de l’argent. «J’ai pu payer le monsieur. En travaillant sur ce projet, avec l’argent que j’ai reçu, j’ai remboursé toutes mes dettes. Le film m’a permis de payer mon voyage et d’arriver ici en France”, raconte-t-il sur France Inter.

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Il est arrivé en France en 2017 à l’âge de 16 ans. Bien qu’installé dans un premier temps à Paris, il a décidé de ne pas rester dans la capitale par crainte des contrôles. Il décide de suivre un groupe de personnes jusqu’à la Gare du Nord et arrive finalement à Amiens.

Beaucoup de mains tendues

A Amiens, de nombreuses personnes l’ont aidé. Grâce au travail des associations, il apprend à lire et à écrire. «Ils m’ont aidé à m’inscrire en deuxième année, en baccalauréat professionnel maintenance poids lourds, et j’ai obtenu mon baccalauréat dans ce domaine», raconte-t-il sur France Inter. Son rêve ? Devenez mécanicien. Une fois diplômé, il tente de poursuivre sa formation d’apprenti, mais est contraint d’abandonner faute de régularisation.

N’ayant pas d’acte de naissance, il peine à être reconnu comme enfant mineur. Lorsqu’il passe enfin un test osseux pour déterminer son âge, il a déjà 18 ans. Ses demandes de régularisation sont refusées les unes après les autres.

En 2023, alors qu’il travaille comme bénévole au sein de l’association d’aide aux migrants, il reçoit une information selon laquelle une équipe de tournage recherche un Guinéen. S’ensuit la rencontre avec Boris Lojkine, le tournage du film et le prix à Cannes. Pour le réalisateur Boris Lojkine, le film sera terminé quand Abou Sangaré aura ses papiers : « Quand on prend quelqu’un qui n’appartient pas au cinéma et qu’on l’intègre dans un projet de film, c’est une belle histoire mais c’est aussi une grande responsabilité, » rappelle Boris Lojkine sur le tournage de C’est à vous.

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Mettre en lumière des histoires normalement ignorées

« L’Histoire de Souleymane » et conjointement celle d’Abou Sangaré, mettent en lumière des histoires souvent ignorées. “Je trouve très dommage que certains exploitent un fait divers pour tenir un discours négatif sur l’immigration”, explique-t-il dans un entretien à parisien. Le film entend mettre des histoires, des visages et de l’humanité dans des discussions souvent trop abstraites.

Si ce film a été une opportunité unique pour le jeune Guinéen de 23 ans, il reste fidèle à lui-même. « Mon rêve, c’est de rendre à tous les Amiens au moins une partie de ce qu’ils m’ont donné, c’est-à-dire de pouvoir intégrer l’entreprise qui me propose du travail. » conclut-il par Libérer.

 
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