« Il m’a fallu presque un an avant de pouvoir m’asseoir devant un feu de camp »

La panique et l’anxiété provoquées par l’évacuation de Chapais en raison d’un incendie criminel de forêt en mai et juin 2023 ont laissé de profondes blessures chez plusieurs résidents de la petite municipalité du Nord-du-Québec.

• Lisez également : L’incendie de Chapais aurait coûté au moins 4 millions de dollars au Québec

• Lisez également : « J’ai peur qu’il se fasse tuer » : jele pyromane Brian Paré transféré de prison parce que sa vie était menacée

• Lisez également : «Je n’arrive pas à croire qu’il m’a menti» : la mère du pyromane de Chapais brise le silence

• Lisez également : Affaire Brian Paré : les dessous d’une folie incendiaire sans précédent

Plusieurs d’entre eux ont été appelés à témoigner au palais de justice de Chibougamau, mercredi, lors des observations de détermination de la peine dans le cas du pyromane Brian Paré, qui a reconnu en janvier dernier avoir allumé 14 incendies criminels.

Les procureures de la Couronne Marianne Girard et Marie-Philippe Charron ont voulu démontrer que les crimes de l’homme de 38 ans ont eu un impact important sur tous ceux qui ont vécu la crise de l’intérieur.

« Il m’a fallu presque un an avant de pouvoir m’asseoir devant un feu de camp. […] J’ai tellement peur que cela se reproduise que je dors chaque nuit avec un sac prêt à emporter en cas d’incendie à côté de mon lit”, a déclaré un habitant de Lake Cavan, la station balnéaire où l’incendie s’est déclaré. 213, qui a menacé la ville de Chapais pendant plusieurs jours. Son identité fait l’objet d’une ordonnance de confidentialité à la demande du parquet.

Des impacts énormes

M.e Girard a interrogé l’ancienne mairesse de Chapais, Isabelle Lessard, afin qu’elle témoigne des impacts des gestes commis par Brian Paré sur sa vie.

« On m’a diagnostiqué un trouble de stress post-traumatique. Je ne sortais plus, je m’isolais et je me méfiais de tout le monde. J’ai perdu 10 kilos parce que je ne dormais plus et je ne mangeais plus», a confié avec douleur celle qui a dû quitter son poste après avoir dû gérer cette crise sans précédent, ajoutant même qu’elle avait des pensées suicidaires.

Photo LinkedIn

Des employés municipaux de Chapais et de la Sûreté du Québec (SQ) affirment avoir été touchés par cette affaire, qui a duré jusqu’à l’extinction de l’incendie, 28 jours plus tard. Ils soulignent que ce n’est pourtant rien comparé aux conséquences qu’auraient pu entraîner les gestes de Paré.

« En l’espace de quatre jours, M. Paré a déclenché sept incendies qui ont menacé des routes importantes et l’aéroport. Toute la région aurait été isolée si les choses avaient dû dégénérer», a soutenu devant le tribunal la sergent-enquêteur Caroline Godin de la SQ.

Changement d’avis

Détenu depuis son arrestation le 7 septembre 2023, Brian Paré a écouté les témoignages des témoins appelés à la barre par la Couronne, avant d’être lui-même interrogé plus tard dans l’après-midi.

Le 31 octobre 2023, il a écrit une lettre au tribunal dans laquelle il reconnaissait son acte répréhensible et exprimait ses remords. Paré s’est également dit soulagé que ses crimes « n’aient fait aucune victime » et « que les incendies allumés n’aient pas causé plus de dégâts que cela ».

Ému aux larmes par la lecture de cette missive au tribunal, le trentenaire a reconnu que son avis avait changé par rapport aux impacts de ses actes.

“Avec ce que j’ai entendu ce matin, je dirais qu’il est certain qu’il y a eu des dégâts collatéraux et des dégâts réels sur la forêt”, a-t-il soufflé.


Photo prise de Facebook, Brian Paré

Les observations sur la peine se poursuivent dans le dossier. La Défense propose 44 mois, dont 20 déjà purgés en détention. Le parquet fera sa proposition jeudi.

Ce qu’ils ont dit :

« L’incendie faisait environ 300 à 400 pieds de hauteur. On pouvait sentir la chaleur de loin et cela ressemblait à un avion de chasse. C’était impressionnant et effrayant. »

  • Un résident de la région de Cavan Lake qui se trouvait sur un bateau avec sa femme lorsque l’incendie s’est déclaré

«Je n’ai pas pu me remettre de cet événement et je suis depuis sous suivi médical. Cela m’a coûté ma santé et ma carrière… »

  • L’ancienne mairesse de Chapais, Isabelle Lessard

« Je gère un budget de 5 millions de dollars et refaire une prise d’eau coûte au moins 3,7 millions de dollars. Cela aurait pu être très critique pour la Ville si l’incendie avait dû se propager aussi loin. »

  • La directrice générale de la Ville de Chapais, Nathalie Gagné, sur le risque causé par l’incendie du 213 pour l’accès à l’eau potable

« C’était une logistique complexe de demander l’évacuation des personnes. Il était impossible de leur garantir qu’ils retrouveraient leur maison intacte, donc il y avait beaucoup de stress. »

  • Le sergent responsable de l’unité de la SQ à Chibougamau, Louis Compartino

Avez-vous des informations à nous partager sur cette histoire ?

Écrivez-nous au ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV « Chacun doit s’équiper individuellement »
NEXT L’Eure-et-Loir en vigilance orange pluie-inondation, déjà une trentaine d’interventions des pompiers