L’arrivée sur le marché en 2024 d’un deuxième couvoir à Saint-Joseph a plongé ce mercredi 9 octobre dans la tourmente le petit monde des éleveurs de poussins de l’île. Une colère exprimée ce matin devant la préfecture par une distribution d’œufs excédentaires. Les producteurs attirent l’attention sur le risque de déréglementation du marché.
Daniel Bénard / Henry Claude Elma
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Publié le 9 octobre 2024 à 15h17,
mis à jour le 9 octobre 2024 à 15h31
Ce mercredi 9 octobre, devant la préfecture, une partie de la filière avicole a organisé une distribution gratuite d’œufs issus d’une surproduction des producteurs éleveurs.
Regardez le reportage de Réunion la 1ère ci-dessous :
Des éleveurs en colère distribuent des œufs sur le Barachois
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©Réunion 1ère
Jusqu’en 2023, le marché aux poussins de l’Île ressemblait à un long fleuve tranquille. La Couvée d’or, seul acteur du marché, a organisé la filière locale des poussins d’un jour destinés à être consommés à sa guise. Agriculteurs du sud, groupement créé en 2010, des producteurs de volailles ont décidé à leur tour de se lancer dans la production de poussins destinés aux élevages locaux.
Pour le groupe, le début de l’aventure passe par l’importation de poussins vivants depuis la France. Une initiative peu concluante en raison de leur taux de mortalité élevé. D’où l’idée d’importer des œufs et de les faire éclore localement.
Le couvoir Saint-Joseph importe jusqu’à 70 000 œufs par semaine. C’est autant de poussins que Couvée d’Or, couveuse historique, ne vend plus aux producteurs de poulets de chair. Les plannings de production en place ne correspondent plus aux besoins du marché.
Un nouvel acteur arrivant sur le marché réunionnais perturbe notre activité ; nous avons perdu environ 25 % depuis le lancement du nouvel outil.
Hervé Donnars, director of Couvée d’Or
Les contrats conclus entre Couvée d’Or et les éleveurs reproducteurs obligent le couvoir à vendre la production de ses partenaires. Depuis l’arrivée de sa concurrente, elle se retrouve avec des milliers d’œufs qu’elle ne peut mettre en couveuse. C’est ce qui explique l’opération de distribution gratuite d’œufs devant la préfecture ce mercredi.
Certains éleveurs redoutent une baisse des commandes de l’unique repreneur Couvée d’Or. Qui dit réduction des commandes, dit menaces directes sur l’existence même de ces professionnels.
Moins d’œufs vendus serait un désastre pour certains producteurs. Les prix imposés par le client historique Couvée d’Or ne leur permettent pas de vivre décemment du fruit de leur travail.
Je ne vis pas de mon activité, je m’interroge sur mon avenir.
Cent œufs à 3,40 euros, un prix qui n’a pas changé depuis des années. Il est compliqué pour ces fournisseurs de faire face à une inflation galopante. Le chapitre des dépenses a connu des augmentations vertigineuses : eau, électricité, nourriture, tout a augmenté, sauf les recettes. L’idée de faire jouer la concurrence fait son chemin chez les éleveurs. L’arrivée d’un concurrent n’a pas fini de chambouler les aviculteurs réunionnais.