la villa Empain fête les 100 ans du mouvement (photos)

la villa Empain fête les 100 ans du mouvement (photos)
la villa Empain fête les 100 ans du mouvement (photos)

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Dès l’entrée, notre regard se perd dans la majesté du décor qui nous accueille. Décor encore magnifié par les peintures de l’un des maîtres de l’art belge du XXe siècle : Pierre Alechinsky.

Actuellement, la villa Empain prête ses murs à des œuvres expressionnistes, voire surréalistes, pour certaines monumentales, du peintre, graveur et membre fondateur du groupe Cobra. Une exposition conçue comme une ode au voyage, qui révèle les inspirations japonaises et chinoises de l’artiste, et qui s’inscrit dans ce dialogue entre les cultures orientales et occidentales, si cher à la Fondation Boghossian. Ce même dialogue dans lequel s’est inspiré le mouvement Art Déco à sa naissance. « La découverte des civilisations non européennes, et particulièrement asiatiques, au début du XXe siècle aura une forte influence sur le développement du mouvement artistique. C’est pour cette raison que les œuvres de Pierre Alechinsky s’inscrivent parfaitement dans l’esprit de la Maison »remarque Caroline Schuermans.

Luxe et élégance

À la Villa Empain, on ne se concentre cependant guère uniquement sur les expositions qu’elle présente. Il est en soi conçu comme une œuvre à part entière qui se découvre pas à pas, au gré des pièces qui défilent. Ici, tout a été pensé Art Déco. C’est aussi l’une des caractéristiques de ce style qui s’épanouit dans l’entre-deux-guerres : du sol au plafond, de l’architecture à la décoration intérieure (et extérieure), l’art et l’artisanat se conjuguent pour répondre au concept d’œuvre d’art totale développé au cours de l’époque. XIXème siècle en Europe, et qui trouva son point culminant dans l’Art Nouveau de la fin du siècle, auquel succéda l’Art Déco.

Lignes géométriques et matériaux nobles – marbre, bois précieux, vitraux… – imposent leur présence avec élégance au fur et à mesure que l’on avance dans de grands espaces intelligemment conçus, qui laissent pénétrer la lumière naturelle. Ces ouvertures offrent une vue sur le jardin et son impressionnante piscine, également caractéristique du style. Le papier peint, les meubles, les escaliers, les objets…, tout semble figé dans le passé. Cependant, ce n’est pas le cas. L’ensemble de la Villa Empain a été restauré, reproduit à l’identique ou fortement inspiré, fruit d’une histoire plus que mouvementée.

« Ce que nous voyons aujourd’hui est le résultat d’un incroyable travail de restauration que nous devons à l’architecte belge Francis Metzger, qui s’est basé sur les plans originaux »explique notre hôte. Construite en 1930, la villa est née de la volonté du Baron Louis Empain qui souhaitait alors « Payez-vous l’architecte à la mode »Michel Polak, à qui l’on doit le Résidence Palace, situé rue de la Loi à Bruxelles, devenu depuis le bâtiment Europa.

Brièvement occupée par Louis Empain, la propriété fut d’abord léguée à l’État belge pour en faire un Musée des Décoratifs, dont le baron était friand. Mais cette nouvelle mission ne sera que de courte durée. La guerre éclate et le bâtiment est réquisitionné par les Allemands. Il y resta jusqu’en 1944, avant de devenir le siège de l’ambassade de l’URSS. Cela n’a pas plu à la famille Empain, qui a récupéré sa propriété pour en faire un espace d’exposition. Après une succession de propriétaires dont le dernier a causé de nombreux dégâts, la villa Empain était dans un état de délabrement avancé lorsque la Fondation Boghossian l’acquiert en 2006. Elle est classée l’année suivante.

« Cette restauration était un immense défi, car les matériaux utilisés à l’époque étaient extraordinaires. Il était donc difficile d’en trouver des identiques, d’une part, et d’autre part, il fallait trouver des artisans maîtrisant encore ces techniques d’époque, qui se font de plus en plus rares. Il a fallu quatre ans au total pour ce projet. Deux années de recherche scientifique puis deux années de travail concret. « Ce qui est d’ailleurs assez rapide quand on voit l’ampleur du travail qu’il a fallu accomplir »note Caroline Schuermans. Ultime récompense de cet immense travail, la villa Empain a reçu le prix Europa Nostra de l’Union européenne en 2011.

À l’intérieur d’un collectionneur

Au sous-sol de la villa, l’espace est dédié à l’exposition immersive : « Echos of Art Deco », conçue comme un voyage dans le temps, dans l’intérieur d’un collectionneur. « C’est un espace qui est à chaque fois retravaillé au gré des expositions. Ici, l’idée était de montrer le foisonnement de ces années 20 et 30, où les codes classiques étaient réinventés. De ces morceaux reconstitués s’échappent des notes de musique, des airs de jazz qui nous plongent dans cette ambiance des années folles. Affiches, collections de vases, meubles mis à disposition par Jean Boghossian, mannequins prêtés par le Musée Mode & Dentelle… Tout est réuni pour une véritable immersion dans cette époque.

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Une balade Art Déco dans les rues de Bruxelles

Dans son travail Art Déco bruxelloisCécile Dubois, historienne, présidente de la Société Art Déco Bruxelloise et auteur de Art Déco bruxellois (Racine, 2014) et Art Déco à Bruxelles. Des intérieurs intemporels (Racine, à paraître en 2025), propose six balades à faire dans Bruxelles à la découverte des édifices caractéristiques du style. Dans le cadre de ce dossier, elle a accepté de partager avec nous sa balade « préférée » : le quartier Coghen, d’Altitude Cent à l’hôtel Haerens. Un circuit qui relie l’église Saint-Augustin aux abords de l’avenue Brugmann en passant par l’avenue Coghen (voir plan). Sélection de quatre lieux phares de cet itinéraire.

Premier arrêt à l’église Saint-Augustin (1). En 1928, les architectes Léon Guianotte et André Watteyne conçoivent une église en béton, un matériau innovant et économique pour l’époque. Si la construction principale fut achevée au milieu des années 1930, les finitions, réalisées avec des matériaux de mauvaise qualité, ne furent achevées qu’en 1946. Mais ces matériaux inadéquats provoquèrent des dégâts, notamment l’écaillage des enduits et l’altération du béton. Menacée de démolition, l’église fut finalement sauvée grâce à son classement aux monuments historiques, suivi d’une restauration en 1996-1997.

Direction ensuite la maison Dotremont (7)dont nous devons la conception à Louis Herman De Koninck, considéré comme l’un des principaux protagonistes du mouvement moderne en Belgique. Première maison moderniste classée, en 1977, elle se caractérise par une architecture rationnelle et fonctionnelle. Sa façade sobre en béton apparent présente des ouvertures asymétriques et un demi-cylindre vitré à l’entrée, reflétant l’esthétique raffinée du mouvement moderniste.

Dans la même rue, quelques maisons plus loin, au numéro 16, une autre maison (8) vaut le détour, que l’on doit cette fois à l’architecte Raphaël Delville. Là encore, on peut observer les formes si caractéristiques de l’Art Déco.

Enfin, dernier arrêt à l’hôtel Haerens (10), « l’un des plus beaux témoins de l’Art Déco à Bruxelles », selon notre auteur. Cette élégante demeure a été conçue en 1928 par l’architecte Antoine Courtens pour Robert Haerens, ingénieur au sein du groupe Empain. Le bâtiment comprend deux appartements séparés, chacun avec son propre accès. L’appartement principal, situé au premier étage, se distingue par une entrée monumentale sur l’avenue Brugmann et une salle de réception centrale circulaire, surmontée d’une coupole de verre qui inonde l’espace de lumière naturelle.

L’Art Déco, ailleurs que dans la capitale

Si Bruxelles peut se targuer de receler des trésors architecturaux de l’Art Déco, elle est loin d’être la seule ville belge à abriter des chefs-d’œuvre de ce mouvement artistique.

On citera notamment Anvers, avec sa piscine de la Veldstraat dans le quartier de Stuyvenberg, ou encore la résidence Elsdonck ; Namur et son quartier Art Déco couvrant principalement les rues des Carmes et des Crosiers ; Charleroi et son hôtel de ville qui allie architecture classique ; Liège et son passage Lemonier entièrement transformé dans le style Art Déco par l’architecte Henri Snyers ; ou encore Nieuport et son Grand Hôtel…

Si vous décidez de franchir la frontière franco-belge, n’hésitez pas à vous rendre à la magnifique et emblématique Piscine de Roubaix, aujourd’hui transformée en musée d’art et d’industrie. Bonne(s) découverte(s) !

 
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