Petit mais fort. Avec à peine 15 000 habitants, Coulommiers a pu se glisser dans la liste des dix villes françaises sélectionnées pour participer au concours international d’architecture « Quartiers de demain ». La commune côtoie des géants comme Marseille (870 000 habitants) et Le Mans (145 000 habitants) qui ont également été retenus. La Cité Briarde est la deuxième plus petite commune du lot.
Il s’agit de l’école maternelle Jean-de-la-Fontaine et de l’école primaire Jehan-de-Brie situées en plein centre du quartier des Templiers qui feront l’objet d’un réaménagement complet. L’ensemble représente 35 classes pour 650 élèves. Mais comment la commune de Coulommiers s’y est-elle prise ? La question mérite d’autant plus d’être posée que la mairesse Laurence Picard (Renaissance) a expliqué que la demande avait été déposée dans des conditions difficiles. « Nous n’avions que dix jours pour le faire. Une performance. »
Du côté de la mairie, nous avançons plusieurs raisons de ce succès. D’abord, la ville travaillait déjà depuis un moment sur ce quartier et sur l’école, « ce qui nous a permis de fournir un dossier de candidature précis et complet ». L’autre argument est que c’est tout le quartier qui bénéficiera de la réflexion des architectes même si, concrètement, seules les écoles seront transformées. « Il y a des défis pour améliorer la qualité de vie et renforcer la diversité sociale du quartier. » Enfin, l’aspect environnemental a également contribué au choix, « avec la ressource géothermique et la filière chanvre à proximité ». L’entreprise Planète Chanvre, qui fabrique des matériaux isolants à Aulnoy, n’est en effet qu’à 4 km.
«J’ai été ministre pendant six ans…»
Condition essentielle pour être sélectionnée, la ville devait accueillir un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV). Or, comme le rappellent les organisateurs de l’opération, « il existe 1 400 QPV en France, ce qui représente 5 millions d’habitants ». De nombreuses villes pourraient donc se targuer d’être impliquées. Finalement, trente-cinq communes ont été présélectionnées par les préfets de région dans toute la France de sorte qu’il n’en reste plus qu’une dizaine.
Le fait que le député local Franck Riester (Renaissance) ait été impliqué dans le projet, lui qui fut un temps ministre du Commerce extérieur, des Relations avec le Parlement mais aussi et surtout de la Culture de 2018 à 2020, a peut-être aussi contribué à obtenir le la balle roule. « J’ai été ministre pendant six ans ! rappelle l’intéressé. Le fait d’avoir été au gouvernement et d’être élu au niveau national rend les choses plus faciles. Dès que la situation se présente, j’essaie d’accompagner et de pousser les projets pour Coulommiers comme pour les autres communes de l’agglomération. »
Des architectes frappés par la taille des espaces
La première étape de ce marathon architectural, qui durera un an, a attiré 80 architectes venus tâter le terrain, examiner les lieux et prendre des photos. « Il y a beaucoup de potentiel même si les éléments sont disparates. Les espaces sont ouverts. Nous n’avons pas l’habitude de travailler sur des espaces aussi grands », constate Émilia Phanhsy, plus familière avec les très petites parcelles parisiennes.
L’un de ses collègues, Olivier Fraisse, apprécie également « les grands espaces du chantier » mais déplore de son côté « les routes qui sont un peu envahissantes, trop larges ». Il change aussitôt d’avis, preuve que le travail de réflexion a déjà commencé pour lui. « Ce sont des espaces avec lesquels on peut imaginer faire quelque chose… Je vois le projet mais… je ne vais pas trop vous en parler car j’aimerais être sélectionné ! (rires) »
-Car l’opération « Quartiers de demain », lancée en 2023 par Emmanuel Macron, est avant tout un concours d’architecture ouvert aux entreprises du monde entier. Pour attirer les noms les plus prestigieux, une compensation de 150 000 euros sera attribuée à chaque équipe, gagnante ou non, par l’Etat.
Une opération inédite dans un temps limité
A l’issue de la visite du quartier en cette journée ensoleillée de novembre, 80 candidatures d’architectes ont été enregistrées dans la ville briarde, pour un total de 492 candidatures au niveau national. « C’est le deuxième site qui a attiré le plus de candidatures en France, après celui de Corbeil-Essonnes ! De grandes agences françaises et internationales ont postulé», s’enthousiasme Julien Moulard, directeur général adjoint du groupement d’intérêt public Europe des projets architecturaux et urbains (GIP EPAU) qui organise le concours.
L’autre projet francilien retenu pour l’opération « Quartiers de demain » se situe à Corbeil-Essonnes (Essonne), aux Tarterêts, où l’objectif est de transformer une ancienne chaufferie aux allures de cathédrale moderne en un lieu culturel.
L’une des caractéristiques majeures de l’opération, qualifiée de « sans précédent », « est la durée limitée ». Dans un an, nous connaîtrons le gagnant et les travaux commenceront immédiatement. Le coût de ceux-ci sera en revanche pris en charge par la mairie de Coulommiers.
Quel que soit le projet ou la ville, pour Julien Moulard, la philosophie de ce concours d’architecture où trois agences par commune seront sélectionnées avant la finale, reste la même : « Penser les quartiers de demain. Demandez-vous à quoi ressemblera une école, un centre culturel ou commercial en 2050. » Coulommiers a rendez-vous avec l’avenir.