La cuisine est séparée de l’appartement mais ouverte. La géométrie des lignes privilégie également le rectangle, des pavés de pierre au plafonnier vintage style Louis Kalf des années 1960 en passant par le travail du laiton. Variation de Gaultier Rimbault Joffard.
Alice Mesguich
La rencontre des époques
Si le projet se lit comme une suite d’hôtel en hiver, il s’agit pour Le Cann d’intégrer une véritable cuisine fonctionnelle, entièrement équipée pour faire venir un chef et organiser un dîner en terrasse les jours d’été. « La terrasse a été pensée dès le départ dans le prolongement de l’appartement, c’est ce qui nous a guidé vers le matériau du sol : la pierre du Hainaut, qui rappelle le pavé parisien dans ce format carré, mais avec là encore un twist… » Travaillé brut, aux bords émoussés pour un rendu légèrement poudré et plus chaleureux, il agrandit l’espace. Aux murs et plafonds, dans le même esprit, l’ensemble des moulures qui ponctuent l’espace se déclinent dans un monochrome de peintures et de finitions dans un beige tendant vers le vert-de-gris quand, quant aux moulures et corniches, c’est le même ton mais avec une peinture très lisse et satinée, qui crée un contraste avec une seule et même teinte. Au plafond, une voûte presque imperceptible telle une coque de bateau renversée crée un volume dont l’effet est renforcé par l’éclairage et unifie l’ensemble. Parce que c’est le tour de force de l’espace principal d’inclure plusieurs fonctions : entrée, chambre, séjour, coin bureau, le tout dans un plan que le propriétaire a voulu ouvert mais dont les usages sont signifiés par le rythme des moulures et unis par le voûte délicatement incurvée.
Sur le bureau en acier inoxydable brossé sur mesure, une sculpture Yeux noirs en os et perles noires, une main de Chandigarh en bronze, et l’ouvrage Absence, à la gouache sur carton, par Olivier Thomé. Devant, une chaise en fer forgé. Plusieurs époques s’entrechoquent, tout comme les matériaux, les géométries et les styles créant un charme unique.
Alice Mesguich
Associations, mélanges et contrastes
Des touches de miroirs apportent des reflets comme autant de ponctuations, de la cuisine à la salle de bain en passant par les encadrements de fenêtres qui effacent la frontière intérieur-extérieur. Il y a aussi cet inox que le duo affectionne particulièrement sur les grilles de climatisation avec un motif de perforations carrées que l’on retrouve de place en place, des grilles de radiateurs aux bouches d’aération. « Un design carré rappelant le treillis extérieur, dans un esprit milanais, présent mais pas trop pour éviter le côté gimmick ». Dans la cuisine, un blanc pur ultra laqué met en valeur le beige poudré du reste de l’appartement. « Ce qui est intéressant, dans un intérieur qui n’est pas blanc, c’est de l’introduire en contraste pour donner un peu de vibration. » Un store bateau en lin ajoute une petite touche parisienne. Et c’est là que réside tout le charme de cet appartement qui joue habilement sur les associations entre Paris et Milan, courbes et carrés, classiques revisités et Art Déco twistés, beige et bleu, pierre, velours. et marqueterie de paille… Un charme plein de contrastes maîtrisés.
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