Pascal Plessis, maraîcher à Villerville le jour, photographe people la nuit

Pascal Plessis, maraîcher à Villerville le jour, photographe people la nuit
Pascal Plessis, maraîcher à Villerville le jour, photographe people la nuit

Par

Laura Bayoumy

Publié le

16 juin 2024 à 8h30

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“Goûtez ces petits pois, ce sont de vrais bonbons !” », s’exclame Pascal Plessis, le maraîcher des Roches Noires, lors de l’inauguration du « domaine écologique », jeudi 23 mai, à Villervilleprès de Deauville (Calvados).

Devant une pléiade d’invités venus des environs, cet artiste présente le fruit de son travail tel un véritable showman.

Avec un certain bavardage, le maraîcher partage ses astuces et ses anecdotes. Il aborde ses échecs non sans facétie. Les solutions sont livrées, sous le regard bienveillant de son mentor, Didier Delaporte, également maraîcher, à la ferme du château de Villerville.

Il dit avoir de la « pression », mais il capte pourtant l’attention d’un public attaché à sa cause. Un public qui se laisse volontiers entraîner dans les allées, cueillant ici une fraise, admirant là les fleurs jaunes de courgettes ou les fleurs d’artichauts violets…

Boutures pour le prince Harry

Il avoue, il est « très heureux de voir du monde » pour une fois qu’il n’est pas seul, pendant des heures, dans ce coin de verdure d’un hectare. « Avec la vue sur la mer » depuis son terrain, Pascal Plessis n’échangerait sa vie pour rien au monde. Elle marque cependant une véritable rupture avec un passé pas si lointain. C’est Didier Delaporte qui crache le morceau.

Vous savez, avant, il photographiait les étoiles !

Didier Delaporte

Quelques minutes plus tard, celui qui ne jure plus par le maraîchage en sol vivant partage des révélations toutes plus surprenantes les unes que les autres.

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Assez parlé de boutures, on parle ici du mariage du prince Harry et de Meghan Markle ou encore du polo coupé du joaillier Cartier. Des événements qu’il a photographiés comme tant d’autres…

Pourtant, de ces photos prises en noir et blanc – pour la French touch – rien ne filtre. Sous l’œil de son objectif, les plus grandes stars du cinéma, de la mode, de la musique et des personnalités politiques ont défilé… Entre soirées privées, en discothèques, presque tous les week-ends, anniversaires, mariages, Pascal Plessis avait de quoi faire la Une de la presse people.

Bavard sur sa nouvelle passion pour le maraîchage, il ne révèle rien des célébrités qu’il a rencontrées. Un homme de confiance le reste, même lorsque sa carrière est derrière lui.

Derrière, vraiment ? « Il y a des matins où il vient plus tôt travailler dans la serre avant de partir en Angleterre », raconte, amusée, Juliette Laniray, sa patronne, aux Roches Noirs.

Du cinéma au numérique

Car les petits contrats le ramènent toujours outre-Manche. Pas de détails donc, mais un pressbook atteste de ses photos : les mannequins Naomi Campbell et Kate Moss apparaissent en première page. Jeune, mince, riant aux éclats. Leur amitié n’est pas survendue. Quelques pages plus tard, on assiste à un concert privé de Stevie Wonder, ou encore d’Elton John.

Sa spécialité du noir et blanc sans flash marque son passé, alors que dans les années 1990 à 2000, tout le monde ne jure que par « la couleur avec flash ». Pour que ses photographies ne soient pas « salies » par l’environnement, il accessoirise les lieux de lumières chaudes et naturelles.

Son savoir-faire et son savoir-être sont payants. Les contrats se succèdent et, fort de son succès, Pascal Plessis se taille une place de choix dans ce secteur. Une première entreprise est créée, puis une deuxième et une troisième.

De fil en aiguille, j’ai investi dans un laboratoire, un studio photo, puis nous sommes passés à 26 salariés !

Il prend tous les virages, même le numérique, lui qui aime tant le cinéma. « Cela ne s’est pas fait sans douleur. »

Édition d’un magazine

Plutôt que de se lamenter, il réussit un nouveau tour de maître. Les photos d’événements privés demandées par les stars sont imprimées et mises en page le lendemain, et livrées à votre domicile sous forme de magazine. Il croit au pouvoir des beaux objets et du papier.

Même si les photos ont été prises le soir, mon client a retrouvé son magazine chez lui le lendemain.

La machinerie était bien huilée : un photographe, un livreur de cartes SD, l’imprimeur travaillaient sur la ligne.

Sa « bonne étoile » le regarde et il traverse toutes ces transitions, même celles des réseaux sociaux, ou du Brexit.

Paillettes et strass à la clé des champs

Mais avec l’arrivée du Covid-19, la fête est terminée. Le photographe habitué à « courir partout, sac sur le dos, travailler 16 heures par jour » a subi un arrêt violent de son activité.

Fini les verres à champagne, fini les paillettes, fini les strass et les paillettes. Pascal Plessis trouve son salut loin du faste et du luxe.

Dans mon laboratoire, pendant que je prenais mes photos, je regardais des vidéos de maraîchage et de maraîchage.

Formation plus tard, puis retour en France, après avoir vécu trente ans en Angleterre, l’homme se réjouit de n’être resté que « trois jours sans travail ». C’est d’abord Merville-Franceville qui reçoit ses nouvelles compétences de maraîcher… Il trouve sa satisfaction à « faire sa part de colibri », en nourrissant les enfants de la cantine scolaire, lui qui a déjà « tant profité de la vie ». « .

Des histoires à raconter

Celui dont la carrière dans la presse photo a décollé en 1993, au London News, “ne regarde jamais en arrière” et se targue d’avoir respecté une certaine éthique.

Il traque aussi l’émotion sur les visages des personnalités, est à l’affût de la moindre « histoire à raconter » dans ses photos, mais a refusé de céder aux sirènes des tabloïds.

Ses yeux le piquent lorsqu’il évoque la mort de la princesse Lady Diana en 1997, sous le pont de l’Alma à Paris.

A l’époque, j’avais déjà fait mon choix. Pendant que les paparazzi étaient dehors, j’étais à l’intérieur, avec les stars.

Pascal Plessis a choisi son camp. Depuis son retour en France, il tente de se frayer un chemin dans ce cercle très fermé, mais les portes semblent s’ouvrir plus facilement au niveau de sa nouvelle activité. Il filme notamment des interviews pour la chaîne Production de vers de terre…

La photographie, un héritage familial

Il faut dire que Pascal Plessis a quelqu’un à qui s’en prendre. Son arrière-grand-père n’était autre qu’Alcide Goupil. Photographe et journaliste à la notoriété locale depuis qu’il a fondé le journal Le Lexovien.
Il est également décédé à l’âge de 83 ans, dans ses bureaux après avoir supervisé son dernier aménagement. A l’époque, il immortalise le fruit de son travail sur des plaques de verre, « utilisées, avant la guerre, comme négatifs ».
Sa fille, Raymonde, en tirage photo, les avait elle aussi soigneusement conservées. Après les attentats, tout était scanné dans les archives départementales du Calvados… « Petite, quand j’allais chez elle, je passais ma vie à jouer avec les caméras », se souvient cette quinquagénaire de Lisieux, au teint hâlé de les journées en plein air.
Mais ce qui l’a lancé dans la photographie, ce sont bien les caméras de France 3 venues suivre un fait divers qui se passait près de chez lui.
La “nouvelle” a piqué le jeune garçon qui s’est ensuite tourné vers des études électrotechniques au lycée Paul-Cornu, à Lisieux, avec l’intention de devenir caméraman.

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