Nos coups de coeur au T3 Photo Fair Asia 2024

Nos coups de coeur au T3 Photo Fair Asia 2024
Nos coups de coeur au T3 Photo Fair Asia 2024

Le salon japonais T3 Photo Fair Asia a tenu sa première édition du vendredi 18 au lundi 21 octobre. Dans le vaste espace Midtown Yaesu, il a réuni des galeries japonaises et coréennes, avant de s’ouvrir l’année prochaine à d’autres scènes historiques émergentes du continent asiatique.

Se promener dans une foire reste un exercice subjectif. Que l’on soit collectionneur ou grand amateur, on passe de galerie en artiste, d’artiste en œuvre comme on sauterait dans un festival d’une scène à l’autre, les oreilles grandes ouvertes, l’esprit tendu vers l’horizon des découvertes. Y faire écho, c’est forcément frustrer les uns, louer les autres, tomber amoureux en somme, et rester aveugle aux autres.

Hiroshi Nomura à la galerie Poetic Scape (Tokyo)

La série « Doppelopment » de Hiroshi Nomura (Japon) doit son nom à la contraction de deux mots (Sosie qui désigne une hallucination de soi dans un autre et développement en anglais qui rappelle l’idée de croissance comme technique photographique). Option doublece mot inventé de toutes pièces est, à première vue, tout sauf érudit dans l’œuvre de Hiroshi Nomura.

La série exposée par la galerie tokyoïte Poetic Scape montre deux jumeaux dans des scènes du quotidien : tantôt jouant au sol, tantôt tous deux plongés dans l’exploration, une lampe de poche à la main. Dos à dos comme pour vous inviter à jouer au jeu des sept différences. Posant directement dans la rue. L’un jouant du piano concentré, l’autre espiègle, faisant une grimace. Bref, des scènes banales, captées par Nomura avec une grande simplicité, et que la double présence des jumelles rend légèrement étrange.

Ces jumelles, toute joie et simplicité, pleines d’amour, seraient aux antipodes du souvenir inquiétant des sœurs sanglantes de Brillant. Mais ce qui les relie peut-être à Kubrick, et plus encore au mensonge constant de la photographie, c’est qu’il y en a deux dans l’image, et un dans la réalité.

Par le jeu de la double exposition, dans un assemblage savant, absolument exquis à détecter (si on sait le faire, ce que je ne peux pas), Hiroshi Nomura s’est amusé avec sa fille Hana à composer ses scènes artificielles, jouant envers Diane Arbus ou encore Shigeo. Gocho. C’est une admirable œuvre de tendresse, exquise dans son mensonge.

John Yuyi, secteur Emergence : « Découvrez la Nouvelle Asie : Exploration de la découverte artistique avec quatre femmes »

John Yuyi, dont le nom est Chiang Yu-Yi (Taiwan), est l’une des stars de la photographie de mode actuelle. Son éclat a été révélé par sa série « Becoming Famous », avec ses visages de célébrités tatoués de stickers, puis dans sa suite avec la série « Face Post », avec cette fois des visages marqués de slogans et autres messages publicitaires à saturation.

Aucune saturation, aucune abondance dans les quatre gravures présentées dans la séquence courte mais réfléchie consacrée aux artistes asiatiques de la « nouvelle Asie ». Mais un grand ciel bleu sibyllin qui unit le tout et un corps nu au premier plan, divisé en trois morceaux ; tête, poitrine et fesses avec en arrière-plan des silhouettes floues, des corps nus qui suivent le corps au premier plan comme le feraient des promeneurs au flanc d’une colline. On ne sait pourquoi, tout donne cette impression de légèreté, de joie, d’érotisme sans conséquence, sans même désir, autre que le geste de libération.

Limb Eung Sik, « Sélection Masters » et à la Yeh Gallery (Séoul)

Né au Japon en 1912 et mort en Corée du Sud en 2001, Limb Eung Sik incarne l’histoire tourmentée entre ses deux pays à travers ses images et son approche photojournaliste. Il est aujourd’hui considéré comme une figure majeure de l’histoire de la photographie coréenne. A juste titre puisqu’il a contribué à amener l’exposition « The Family of Man » d’Edward Steichen au Musée National d’Art Moderne et Contemporain de Séoul en 1957 (l’exposition a rassemblé plus de 300 000 personnes !).

D’abord photographe de salon et portraitiste, il devient photographe de terrain pendant la guerre de Corée (1950-1953). Ses images adoptent une forme de réalisme qui combine les influences humanistes de Cartier-Bresson. Ses œuvres sont présentes à deux endroits de la foire : d’abord très largement par la galerie coréenne Yeh ainsi que dans une présentation conçue par la directrice de la foire, Jeong Eun Kim.

Kijuki Kawada, Galerie de photos internationale (PGI) (Tokyo)

Photo Gallery International est l’une des galeries emblématiques de ce salon. Aux côtés d’Emet Gowin, Edward Weston et Harry Calahan, elle défend les grands maîtres japonais comme Yasuhiro Ishimoto et Kijuki Kawada. Ce dernier, fondateur du collectif VIVO en 1959 avec Akira Sato, Akira Tanno, Shomei Tomatsu, Ikko Narahara et Eikoh Hosoe. Ses œuvres saturées, majoritairement sombres, contrastent avec une impression de grande lumière, un corps féminin remontant à la surface d’une piscine. Comme un salut dans un travail tourmenté de clairvoyant.

Hideka Tonomura, Galerie Zen Foto (Tokyo)

Le public arlésien a rencontré Hideka Tonomura (Japon) cet été lors de l’exposition « Transcendance », dans le labyrinthe de la maison de la Vague. Son installation est restée, à mon avis, l’œuvre éblouissante de cette myriade d’expositions, ses petites tirages couleurs une installation pleine de gravité, sans fard dans sa manière de montrer le corps, la sexualité marchandisée, les chagrins du quotidien, les errances propres à chacun. . Son style quelque peu insaisissable, fait de filtres, de couleurs fortes, de couleurs chair ou sang, sinon d’un bleu médical, et sa distance au sujet par le mouvement et le flou donnent à ses œuvres une impression générale de grand tourbillon. Les œuvres récentes présentées par la galerie Zen Foto s’inscrivent dans cette veine, toujours avec le même charme collant.

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