une sculpture en hommage aux victimes de l’amiante dans les Landes

une sculpture en hommage aux victimes de l’amiante dans les Landes
une sculpture en hommage aux victimes de l’amiante dans les Landes

Ufaire une œuvre d’art pour ne pas oublier. Sur le site de la réserve naturelle d’Arjuzanx, à Morcenx-la-Nouvelle, trois colonnes en cofalit (matériau inerte issu de la vitrification de l’amiante) sont mises en place pour rappeler le passé industriel des lieux. D’une hauteur de quatre, cinq et six mètres, « Les 3 flamboyantes » ont été conçues par l’artiste Valérie Rauchbach. Une sculpture qui sera inaugurée le 28 septembre 2024 pour rendre hommage aux personnes décédées suite à l’inhalation de fibres d’amiante.

De 1959 à 1992, l’implantation d’une centrale thermique EDF joue un rôle considérable dans le développement de cette zone du département. Au plus fort de son activité industrielle, plus de 600 personnes étaient employées sur place pour extraire le lignite de la mine. Cependant, après le conseil d’administration d’EDF du 27 mars 1987, la décision fut prise de fermer cette unité. Le 26 février 1992, elle est déconnectée du réseau électrique national après trente-trois ans d’activité.

Poison mortel

Jacques Ducout, aujourd’hui retraité, faisait partie de ces ouvriers. Membre du syndicat local de la CGT Haute Lande, il est à l’initiative de ce projet. Il a souhaité « laisser libre cours au regard artistique » pour rendre hommage aux 129 victimes, dont 41 reconnues par la Sécurité sociale comme « maladie professionnelle de l’amiante ». « Je ne voulais pas d’une simple stèle », confie cet ancien électricien.

L’ancien site minier de 2 500 hectares, devenu propriété du Département, a depuis été transformé en réserve naturelle et en lieu de nombreuses activités touristiques. Grâce à cette réalisation, c’est tout un pan de l’histoire du site qui sera mis en valeur. « Nous souhaitons montrer que l’être humain est capable de transformer ce poison mortel qui a fait et continue de faire des victimes en un produit inoffensif. »

C’est lors d’une rencontre à Uzeste (33) que Jacques Ducout rencontre l’artiste Valérie Rauchbach. Originaire de Paris, celui qui a l’habitude de travailler les sables volcaniques s’est laissé tenter par cette expérience. « J’étais sensible à l’histoire de ces hommes. » Pour créer cette œuvre d’art, elle a tenté de répondre à cette question : « Comment rendre hommage à ceux, les demi-vivants, hommes, femmes, dans la souffrance, qui dépérissent et s’éteignent peu à peu, douloureusement, de souffle ? »


Le procédé de vitrification de l’amiante, réalisé à l’aide d’une torche plasma de la société Inertam, basée à Morcenx-la-Nouvelle, rend le cofalit, le produit transformé, tantôt friable, tantôt solide.

Matthieu Sartre

Cofalit, ce matériau semblable au charbon de bois dans sa couleur noire, le sculpteur ne le connaissait pas. Elle avait besoin de l’apprivoiser. « J’ai effectué de nombreux tests dans mon atelier. J’ai finalement opté pour quelque chose d’assez brut, dans lequel on ne sent pas vraiment la main humaine. » En effet, ce sujet est plein de complexités. Le processus de vitrification de l’amiante – réalisé à l’aide d’une torche plasma de la société Inertam, basée à Morcenx-la-Nouvelle – rend le cofalit, le produit transformé, tantôt friable, tantôt solide.

Travail interactif

Enfin, ces trois colonnes symbolisent les cheminées de l’ancienne centrale EDF. Pour aller un peu plus loin dans le processus de création, l’artiste a choisi d’intégrer des LEDS à la matière pour « l’animer doucement, comme une respiration ». Elle s’est également associée à Jean-Marie Lavallée, inventeur d’un concept de musique interactive primé au concours Lépine, pour donner vie à cette œuvre et la rendre plus « interactive ».

En fonction de la position et de la distance du spectateur, des sons et des voix seront déclenchés. « Bruits de machines. Puis, à mesure qu’ils se rapprochent, les sons se transformeront en voix humaines. L’objectif est de s’immerger au milieu de ces sculptures et de faire prendre conscience aux gens de ce qui s’est passé ici », explique l’artiste.

Pour Valérie Rauchbach, l’opportunité de créer cette sculpture représente quelque chose d’important dans sa vie d’artiste. « Il y a de rares moments où son travail devient précis et pertinent. C’est exactement ce que je ressens ici : une conjonction parfaite entre histoire, lieu et création artistique. »

Programme

Samedi 28 septembre, à partir de 9h30, accueil à la Maison du Site de la Réserve Naturelle d’Arjuzanx ; 10h30, intervention de personnalités, dont Lionel Lasserre, secrétaire du syndicat local CGT ; 11h30, dévoilement de l’œuvre et intermède musical par Myriam Lafargue et trois musiciens de la compagnie Lubat ; 12h, accueil.

 
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