Depuis le 13 avril et jusqu’au 18 août, le Musée des Beaux-Arts (BAM) de Mons accueille l’exposition « Rodin. Une renaissance moderne », soit au total quelque 200 œuvres provenant de collections publiques et privées. Il bénéficie également de prêts exceptionnels des plus grands musées européens, parmi lesquels les Musées royaux de Bruxelles, d’Orsay, du Louvre, les Musées des Arts Décoratifs, le Petit Palais et le Musée Rodin de Paris ou encore le Victoria and Albert Museum de Londres.
Une prouesse, ou presque, pour une ville comme Mons, qui a certes été la capitale européenne de la culture mais qui ne compte malgré tout « que » 100 000 habitants. « Il y a beaucoup d’audace, une capacité à convaincre et à renforcer la stratégie culturelle menée à Mons ces dix dernières années. C’est un parti pris très puissant mais qui s’avère payant : de nombreuses grandes villes, parfois candidates au titre de Capitale européenne de la culture, nous envient et tentent d’en savoir plus. », souligne Natacha Vandenberghe, directrice du service tourisme et culture de la ville de Mons.
Trois semaines après son ouverture, l’exposition consacrée à Juan Miró au BAM de Mons fait un carton : 25 000 billets ont déjà été vendus ou réservés
Si la Cité du Doudou réussit aujourd’hui à accueillir de telles expositions, c’est notamment grâce aux relations construites au fil du temps par Xavier Rolland, directeur du BAM. “C’est l’homme derrière ces succès. La ville peut bénéficier de ses rencontres, de ses précieux contacts avec les commissaires, les musées, les galeries d’art, le BAM ayant acquis leur confiance et Xavier Rolland ayant cette capacité à mettre en valeur la ville et ce qui y a déjà été organisé.
Si la ville de Mons n’a pas de raison d’avoir honte de ses succès, l’organisation d’une telle exposition, montée de toutes pièces par les équipes du centre muséal, n’en reste pas moins un véritable défi. « Nous connaissons aussi des refus de prêts, nous sommes parfois envahis par le doute. Mais nous nous reprenons, nous relançons les demandes de prêts et nous essayons, autant que possible, de maintenir le fil conducteur et la cohérence nécessaires à une bonne compréhension de l’exposition en question.
Et Natacha Vandenberghe d’ajouter : « Je pense que la clé du succès réside aussi dans la promotion des œuvres d’artistes reconnus internationalement tout en les ancrant localement.» Pour Rodin par exemple, le fil conducteur est le traitement du corps par Rodin tout au long de sa carrière, sa vision de la Renaissance, cristallisée lors de son long séjour en Belgique, et l’invention d’une manière nouvelle, dans les œuvres d’ombre de l’Antiquité.
Alfredo Longo exposera ses œuvres monumentales en canettes sur la Grand-Place de Mons
En écho, les œuvres de Rodin sont mises en résonance à la collégiale Sainte-Waudru de Mons avec les sculptures de Jacques Du Broeucq, l’un des artistes majeurs de la Haute Renaissance des Pays-Bas méridionaux et dont les œuvres y sont conservées. L’exposition s’ouvre également à la sculpture contemporaine, représentée par l’une des plus importantes artistes belges actuelles, Berlinde de Bruyckere, et au regard qu’elle porte sur Rodin.
« Il faut généralement entre un an et trois ans d’échanges, de rencontres et de réflexion pour réussir à organiser ces expositions. Cela dépend du type d’exposition envisagé mais aussi des opportunités. Pour l’exposition Plensa par exemple, l’artiste est venu à Mons en décembre 2022 alors que l’exposition était prévue en juillet 2023. L’artiste est tombé sous le charme de la ville historique et a souhaité offrir une véritable exposition. Nous sommes donc passés d’une ou deux œuvres sur la place à quelque chose de beaucoup plus grand, de plus complet.
Un pari gagnant puisque l’exposition (organisée exclusivement en plein air, le BAM étant alors en pleine rénovation) avait largement contribué au record touristique « exceptionnel » de l’été 2023 : selon la ville, quelque 423 000 visiteurs sont passés par Mons, dont 281 000 dans les musées.
