La peintre et photographe Tania Mouraud brille sur la Seine

La peintre et photographe Tania Mouraud brille sur la Seine
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Tania Mouraud, devant l’œuvre « Vanitas », au domaine Pommery, à Reims (Marne), en 2018. ESMERALDA DA COSTA

On la retrouve à bord, espiègle et déterminée. Tania Mouraud, 82 ans, apprécie avec plaisir la double reconnaissance dont elle bénéficie actuellement : à bâbord, celle qui couronne une carrière dans l’art contemporain entamée il y a plus de cinquante ans, avec un titre et un statut nouveaux, celui d’académicien ; à tribord, celui du monde de l’art urbain, puisque cette péniche, sur laquelle nous l’avons rejoint, Fluctuart, amarrée aux Invalides, à Paris (7e), est un espace d’exposition d’art urbain.

Lire la sélection : Article réservé à nos abonnés Tania Mouraud à la galerie Ceysson & Bénétière

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L’accrochage à bord de la péniche contraste avec l’exposition XXL que l’artiste présente à la galerie Ceysson & Bénétière à Saint-Etienne. Sur les longues parois du bateau, elle a choisi d’exposer seulement une douzaine d’œuvres, aux dimensions du lieu, dont une fresque monumentale. “Je travaille toujours avec l’espace dans lequel j’expose, et il fallait une grande pièce pour ce long mur”, explique-t-elle devant ce qui semble être les silhouettes noires d’une foule stylisée sur fond blanc. Il s’agit en fait d’une phrase en yiddish, la langue qu’elle apprend. Pourquoi cette passion récente ? “Pour reprendre les mots du prix Nobel de littérature 1978, Isaac Bashevis Singer, c’est une langue qui n’appartient à aucun État, qui a le statut de langue de femmes, et qui a très peu de mots sur la guerre”, elle explique. Elle y trouve une littérature qui correspond à sa façon de ressentir les choses : “très mélancolique”malgré les apparences.

« « Dans l’immensité salée des larmes humaines s’ouvre un abîme terrifiant » elle déchiffre. C’est une phrase de l’écrivain Anski, dont deux poèmes étaient des chants révolutionnaires du Bund, ce mouvement yiddish, socialiste et laïc au sein de l’Empire russe. Cette phrase m’a choqué lorsque je suis tombé dessus. » Même pour un lecteur de yiddish, l’écriture étirée est presque illisible. « Il y a une part de secret que nous partageons face à face. On travaille sur l’esthétique, et j’aime ça, et, si on veut savoir, la clé est donnée par le cartel. Je ne cherche pas à démontrer quoi que ce soit. Ce que je recherche, c’est travailler avec l’émotion, et partager mon émotion. »

Pionnier de l’art urbain

En face et en écho, elle a sélectionné onze compositions de sa série J’ai un rêvede 1992. On retrouve ses longues lettres anguleuses, labyrinthiques, en noir sur blanc, qui sont sa signature. “Nous vivons quelque chose de si atroce, à tous les niveaux, entre l’Ukraine, Gaza et Israël, que j’ai eu envie de répéter la phrase de Martin Luther King en onze langues”, elle montre. Les onze langues entrent ainsi en résonance avec l’actualité, de l’arabe à l’hébreu, en passant par l’arménien ou l’iranien, et se terminant par le gujarati : « Parce que c’est le langage de Gandhi, et Martin Luther King est allé voir Gandhi avant qu’il ne fasse cette déclaration. Cela se termine avec les deux personnes qui voulaient la paix et la justice. »souligne-t-elle.

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