« La maison la plus isolée du monde cache un terrible secret », peut-on lire sur certaines publications en ligne. Comme (très) souvent, les vidéos présentant la maison sont accompagnées de théories fantaisistes, à commencer par celle selon laquelle la chanteuse islandaise Björk y aurait vécu, après l’avoir reçue en cadeau de l’État islandais, remerciant ainsi sa participation à la diffusion de la culture du pays. Une histoire « inventé de toutes pièces », selon Paris Match, qui confirme que le chanteur n’a jamais mis les pieds sur le sol d’Elliðaey. Une autre rumeur prétend que la maison servirait de bunker à un milliardaire survivant en cas d’attaque de zombies. D’autres encore affirmaient que la maison n’existait pas et qu’elle était le résultat de photos retouchées.
En réalité, l’île a abrité des familles d’éleveurs de moutons jusque dans les années 1930, avant d’être désertée en raison des rudes conditions climatiques. Dans les années 1950, la célèbre maison blanche a été construite comme pavillon de chasse pour les chasseurs de macareux. Cette tradition viking, qui semble hors de propos dans le contexte actuel de protection des animaux sauvages, risque de disparaître de facto, et le bâtiment avec elle.
L’île d’Ellidaey sur laquelle se trouve « la maison la plus isolée du monde ».Bruce Yuanyue Bi
Pour l’heure, le pavillon de chasse est toujours utilisé et les quelques visites vidéo trouvées sur Internet montrent un intérieur rudimentaire, sans eau courante ni électricité… mais toujours équipé d’un sauna – la tradition scandinave avant tout – alimenté par l’eau de pluie récupérée. L’ensemble semble cependant assez confortable, entièrement lambrissé, meublé, chauffé par un poêle et équipé de dortoirs dans les combles (sans doute pour accueillir des chasseurs). Une terrasse en bois permet de profiter d’un barbecue avec une vue imprenable sur le paysage extérieur, verdoyant et entouré par l’océan.
Un château aux mains des escrocs
“Le propriétaire de ce château abandonné est mort dans le Titanic”, peut-on lire sur plusieurs vidéos Urbex publiées sur les réseaux sociaux (voir en fin d’article), affirmant que ce châtelain a abandonné sa demeure nivernaise, La Chasseigne, en 1912 après sa mort sur le célèbre paquebot. Les images sont effectivement impressionnantes : un superbe édifice du 19ème sièclee siècle, doté de tours et d’escaliers d’apparat, entièrement meublé… Mais à y regarder de plus près, le mobilier semble étrangement récent et particulièrement bien conservé, ayant survécu plus de 110 ans. «C’est complètement faux.confirme Nathan Guigand, passionné de patrimoine et auteur de plusieurs ouvrages sur le château de la Chasseigne. Je ne sais pas d’où vient cette information, je suis personnellement proche des descendants des précédents propriétaires, qui ne sont absolument pas morts dans le Titanic. » Intéressé par l’histoire de ce château, le jeune homme a mené des recherches approfondies et retracé la généalogie des habitants depuis sa construction. Nous l’avons rencontré pour démêler la vérité de la fiction.
Située dans la forêt de Saint-Parize-le-Châtel, commune nivernaise de l’est de la Bourgogne, la propriété est entourée d’un parc de plusieurs hectares et tient son nom de la famille de la Chasseigne qui la fit construire au XVème siècle. .e siècle au coeur d’une enceinte fortifiée. De cette époque ne subsiste aujourd’hui que le porche, le reste n’ayant pas survécu à la rénovation du château par le comte Armand de Montrichard qui en hérita dans les années 1860. Le bâtiment tel que nous le connaissons, construit dans un style néo-Renaissance, date du 19èmee siècle. « L’intérieur fut remanié une dernière fois en 1902 par le petit-fils du comte, notamment le grand salon. » explique Nathan Guigand. C’est alors que les propriétaires l’ont remeublé avec des pièces anciennes, mélangeant les époques et ajoutant de la modernité au mobilier d’origine, datant de 1860 — “où nous avons trouvé des dessins d’enfants du 19èmee siècle “, relate Nathan Guigand. Le château a été vendu en 2002, pour des raisons financières, à un couple italien souhaitant le transformer en luxueuses chambres d’hôtes pour accueillir les spectateurs du circuit automobile de Nevers Magny-Cours.
