Empêtré dans une bataille judiciaire, le projet d’unité de méthanisation de La Roche-Clermault, près de Chinon, verra-t-il le jour ? Le porteur du projet (1) vient de voir un frein se lever avec le revers des opposants devant la cour d’appel de Versailles.
Comme en première instance, le 28 novembre 2024, les juges administratifs ont débouté un collectif de riverains et l’association environnementale Les Familles Richlaises qui contestaient le permis de construire ainsi que l’installation classée protection de l’environnement (ICPE). Les riverains se sont pourvus en cassation, suivis par l’association Familles Richelaises qui a également saisi le Conseil d’Etat pour tenter de faire valoir une erreur de droit.
Cette victoire judiciaire n’ouvre pas une voie royale au paysan clérimaldien confronté à un autre aspect juridique. Soulevé par le maire de La Roche-Clermault. Jérôme Field, favorable au déplacement du projet dans la zone d’activité en périphérie de la ville, avait refusé de délivrer des autorisations de travaux à GRDF pour construire le gazoduc destiné à relier le méthaniseur au réseau de gaz de ville de Chinon.
Le tribunal administratif a donné raison au bourgmestre en première instance en février 2024, l’énergéticien et le porteur du projet ont fait appel de la décision.
Cette longue histoire judiciaire, qui est loin de voir son point final écrit, aurait découragé bon nombre d’entrepreneurs. C’est peut-être là l’enjeu.
«Son projet a visiblement échoué à La Roche-Clermault»
En juillet, l’agriculteur a déposé une demande de permis de construire pour une unité de méthanisation à Ceaux-en-Loudun, dans la Vienne. Un projet qui a cette fois reçu le feu vert de la municipalité, ainsi que des services de l’Etat de Vienne (2). “Son projet a visiblement échoué à La Roche-Clermault”, explique Régis Savaton, maire de Ceaux-en-Loudun qui a reçu le porteur du projet.
Accueilli favorablement à Vienne, le projet ne fait pas que des heureux. « Deux voisins grincent un peu des dents. Après, on ne peut pas s’opposer à tous les projets, il faut des énergies renouvelables, trouver des solutions”indique le maire qui précise que la commune avait désigné ce terrain (3,8 ha) comme zone d’accélération des énergies renouvelables.
Si le permis est purgé de recours, l’agriculteur Chinonais aura les mains libres pour (enfin) lancer une unité de méthanisation et vendre la production via le réseau gazier du Pays du Loudunais, auquel le méthaniseur en cours de construction à Marçay, situé à 5 km de Ceaux-en-Loudun.
L’option d’une deuxième unité ?
Ce projet à Vienne s’apparente donc à un déménagement par rapport au projet prévu à La Roche-Clermault. Surtout compte tenu du niveau des investissements (en 2019, le coût du projet était estimé à 6,5 millions d’euros). Mais rien ne peut exclure un deuxième chantier réalisé en même temps. Seul le porteur du projet – resté silencieux depuis le début de la bataille judiciaire – pouvait le dire.
Contacté par le NRJérôme Field, sans confirmation du porteur du projet, ne se prononce pas sur un éventuel déménagement à Vienne. Le maire de La Roche-Clermault « désolé que nous ne soyons pas capables aujourd’hui de produire du biogaz sur notre territoire. Si le porteur du projet avait choisi de délocaliser son projet, celui-ci serait en production depuis plusieurs années. »
(1) Contacté par le NR à plusieurs reprises, le porteur du projet n’avait pas répondu au moment de la rédaction de ces lignes.
(2) Il est demandé au porteur de projet de réaliser des travaux d’aménagement des accès au site et la circulation des engins de plus de 7,5 t est interdite.