Le 24 février 2025, à moins qu’un accord de paix ne soit signé d’ici là, cela fera trois ans que Vladimir Poutine a lancé son « opération spéciale » en Ukraine et presque aussi longtemps que la Russie sera exclue de toutes les compétitions officielles de Football. Quelques jours après l’invasion de l’Ukraine, la Fédération internationale de football (FIFA) et l’Union des associations européennes de football (UEFA) ont suspendu toutes les équipes russes.
La Sbornaya (surnom de la sélection nationale) a ainsi été privée de qualifications pour l’Euro 2024, de la Ligue des nations 2022-2023 et 2024-2025 et de qualifications pour la Coupe du monde 2026. Et les clubs du pays ne peuvent plus participer aux compétitions européennes. Mais ces sanctions n’empêchent pas la Russie de disputer des matchs amicaux… à condition de trouver des adversaires. « Ce n’est pas facile, avec des calendriers chargés, mais aussi parce que certains pays préfèrent éviter d’affronter un Etat dont l’image n’est pas bonne »résume un agent spécialisé dans l’organisation de matchs amicaux.
Depuis sa sanction, la Russie a disputé quatorze matches amicaux, les deux derniers à domicile en novembre contre Brunei et la Syrie – alors encore sous la férule de Bachar Al-Assad –, après avoir affronté la Serbie en 2024, la Biélorussie et le Vietnam. Les deux années précédentes, ses adversaires étaient asiatiques (Irak, Iran, Qatar, Ouzbékistan, Tadjikistan, Kirghizstan), latino-américains (Cuba) ou africains. En octobre 2023, la Russie bat le Cameroun à Moscou, avant de défier le Kenya à Antalya (Turquie). La sélection A’ s’est rendue en Egypte en septembre 2023 pour y affronter les Pharaons U23.
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«La liste est très révélatrice : il y a des anciennes républiques soviétiques très proches de Moscou, des pays comme l’Iran ou l’Irak, qui entretiennent de bonnes relations avec Vladimir Poutine. C’est également le cas du Cameroun et du Kenya, que la Russie a rencontrés en Turquie, avec Recep Tayyip Erdogan, avec qui le président russe s’entend plutôt bien.analyse Jean-Baptiste Guégan, enseignant à Sciences Po et auteur de plusieurs ouvrages consacrés à la géopolitique du sport.
« Tous frais payés »
En 2025, la Fédération de Russie a déjà trouvé un accord pour accueillir le Nigeria en juin. Elle a également sondé le Sénégal et la Guinée pour la deuxième date disponible lors de la trêve internationale de fin de saison. « La Russie avait ramené le Cameroun tous frais payés, avec une taxe importante ajoutée. Elle en a les moyens, et c’est le cas de tous ses adversaires. S’il veut continuer à exister sur la scène internationale en disputant au moins des matches amicaux, il n’a pas le choix. »observe un agent qui souhaite rester anonyme.
Le Nigeria n’est pas la seule sélection à avoir accepté une invitation à jouer sur le territoire russe en 2025 ; L’Iran a donné son accord de principe pour octobre et l’Inde devrait voyager le 21 mars.
L’aspect financier n’est évidemment pas anecdotique pour les fédérations africaines invitées par leur homologue russe. Mais la guerre en Ukraine et les sanctions imposées par la FIFA et l’UEFA impliquent une décision politique avant les matches. « Dans le cas du Cameroun, cela se réglait au niveau des ministères des affaires étrangères des deux pays, c’était ensuite aux fédérations de se mettre d’accord sur les modalités sportives.précise l’agent précédemment cité. Si le Nigeria a accepté d’aller en Russie en juin, c’est parce que le gouvernement a accepté. Et cela vaut pour tous les adversaires passés et futurs de la Russie. »
La conclusion du match Russie-Nigéria est intervenue après une rencontre à Moscou entre le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov et son homologue nigérian Yusuf Tugar. Ces derniers mois, le Kremlin a été indiscret à Dakar et l’invitation lancée par la Fédération russe à son homologue sénégalaise était prévisible. « La Russie a une forte présence militaire dans de nombreux pays africains, où Poutine cherche à rivaliser avec les États-Unis et la France.continues Jean-Baptiste Guégan. Pour lui, le sport est un outil de diplomatie comme un autre, notamment avec des pays qui ne se sont jamais vraiment positionnés sur le conflit en Ukraine et qui ont même tendance à accepter de plus en plus l’influence russe. »
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La levée de la double suspension imposée par la FIFA et l’UEFA à la Russie dépendra uniquement de la fin de la guerre en Ukraine. Exclue des qualifications pour le Mondial 2026, sa sélection peut espérer, au mieux, disputer la Ligue des nations de l’UEFA à partir de septembre 2026. Elle aura l’occasion dans les années à venir d’élargir la liste de ses adversaires africains.