l’essentiel
Dans la famille Ivanchenko, qui réside à Encausse-les-Thermes (Haute-Garonne), on trouve Ohla, Hanna, Roman et Ivan. Arrivés en France suite à la guerre en Ukraine, ils trouvent refuge dans le Comminges.
« Début 2022, je venais de fêter mon 52e anniversaire », se souvient Ohla. « À l’époque, je vivais dans la banlieue de Kiev. Avec mon mari Volodimir, nous dirigeions une agence de voyages. Ma fille Hanna était professeur d’anglais. Nous vivions ensemble : mon mari, ma fille, ses deux fils Roman et Ivan, et moi. » Et tant pis si, à l’époque, Hanna a divorcé, la famille était heureuse.
Le 24 février 2022, les premiers bombardements de la capitale ukrainienne par l’armée russe ont été entendus. Au sein de la famille, la décision est vite prise. Comme des centaines de milliers de leurs pairs, Ohla, Hanna et leurs deux enfants fuiront la guerre. “Mon mari Volodimir ne voulait pas quitter l’Ukraine, il a été appelé pour servir à défendre notre pays”, raconte Ohla, émue. Les deux femmes et leurs enfants rejoindront rapidement la Pologne, première étape de leur voyage en Europe. « J’avais une amie qui habitait à Beauchalot, en France, je l’appelais. C’est elle qui est alors entrée en contact avec Jean-Luc Picard, le maire de son village», poursuit la grand-mère. Un appel qui porte ses fruits, car Jean-Luc Picard va à son tour contacter Marie-Laure Pellan, maire d’Encausse-les-Thermes, qui trouvera un logement pour accueillir la petite famille.
Deux ans plus tard
Deux ans et six mois se sont écoulés. Ohla est maintenant responsable et cantinière à l’école du village. Hanna est d’abord pâtissière, puis elle a travaillé dans l’hôtellerie. Aujourd’hui, elle fabrique des poupées Motanka, véritables œuvres d’art ukrainiennes, en tissu, utilisées comme amulettes ou talismans protecteurs pour la famille. Sa collection a déjà été exposée à Toulouse, puis au Japon et en République Tchèque.
Quant aux deux garçons, ils ont bien grandi depuis leur arrivée à Encausse-les-Thermes. Roman est au CP, Ivan dans la section médiane. Les deux frères se sont adaptés au mode de vie commingois, ils parlent un français sans le moindre accent.
La famille s’est intégrée à la vie française et compte de nombreux amis, pour la plupart parmi les autres parents d’élèves de l’école. Ohla reste digne, discrète, barrière de la langue oblige. Même si elle s’épanouit auprès des enfants de l’école qu’elle adore et vice versa, elle retrouve une certaine mélancolie en sortant. « Depuis que nous avons quitté Kiev, je n’ai vu mon mari qu’une fois tous les trente mois. C’était pour Noël l’année dernière. On s’appelle tous les jours, mais ce n’est pas pareil. » Le manque est perceptible.
« Nous sommes à Encausse, reconnaît Hanna. Les gens sont gentils. Je ne sais pas ce que je ferai une fois la guerre terminée. Nous verrons. Je préfère vivre au jour le jour, sans penser au lendemain. Roman pose à nouveau des questions sur notre vie en Ukraine. Ivan est trop petit, il a toujours vécu ici. En France, la culture est la même qu’ici, il n’y a pas beaucoup de différences, sauf une chose : ici, on sait se reposer. En Ukraine, nous n’avons guère le - pour cela. »
La proximité du village avec l’Espagne donne à Hanna l’opportunité de visiter ce pays voisin. Aventurier dans l’âme, le trentenaire explore la France et ses paysages. Noël oblige, Hanna et Ohla ont décoré leur maison pour la fin de l’année. Quant aux enfants, ils font leurs devoirs et jouent.