Tout schuss. La saison des sports d’hiver est ouverte. Chaque année, les touristes affluent dans les 250 stations de ski françaises. Des vacances conviviales – entre ski, raquettes et dégustation de plats montagnards – mais réservé à une poignée de privilégiés. Selon le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CREDOC), moins d’un Français sur dix part à la montagne en hiver. « Le profil des amateurs de sports d’hiver est plutôt aisé, jeune, urbain. Très friands de nature et de grands espaces, ils se disent sensibles à l’environnement sans toujours être très conscients des impacts de leur pratique sur la planète » précise-t-il.
Pourtant, les vacances à la montagne sont loin d’être neutres en carbone. Selon une étude du cabinet Utopies, publiée par l’Ademe, l’agence de la transition écologique, une journée de ski émet en moyenne 48,9 kg équivalent CO2. Plus que la moitié de ces émissions sont dues aux transports : avion ou voiture privée. L’étude précise qu’un Londonien qui va au ski en avion et en taxi émet 61,7 kg de CO2, contre seulement 5 s’il vient en train et en bus. Autre exemple : un habitant d’Annecy émet 22,1 kg de CO2 lorsqu’il s’y rend seul en voiture, contre 5,5 s’il emmène trois passagers.
Après les transports viennent l’habitat et les infrastructures collectives (21% des émissions), le matériel de ski (16%), l’alimentation (8%) et enfin le domaine skiable, qui ne représente que 3% des émissions de CO2.
Impacts sur les sols, l’eau et la biodiversité
Mais l’impact des stations de ski sur l’environnement va au-delà des seules émissions de CO2. L’autre problème généré par cette activité est l’artificialisation des sols, qui perturbe la faune et la flore en réduisant leur habitat. Lucas Benard-Chenu, post-doctorant à l’INRAE et au CEN de Météo-France, explique à France TV que 79% des stations sont construites sur des zones protégées. Un constat partagé par Thomas Wagner, fondateur du média Bon Pote. « Les espèces animales et végétales doivent toutes deux faire face à l’artificialisation des sols et au changement climatique. Lorsqu’ils ont le choix, ils migrent et/ou s’adaptent. Mais l’adaptation a des limites », écrit-il dans un article.
La neige artificielle pose également question. Face au réchauffement climatique, les stations recourent de plus en plus à ce procédé pour maintenir, voire prolonger, la saison de ski. Selon une note de France Nature Environnement (FNE), la neige artificielle couvre actuellement 35 % des pistes de ski françaises. Cela représente 20 à 25 millions de m3 d’eau par anl’équivalent de la consommation d’une ville comme Grenoble.
Pour limiter l’impact environnemental des vacances au ski, plusieurs solutions sont possibles. Tout d’abord, privilégier des modes de transport plus économiques comme le train ou le covoiturage plutôt que l’avion ou la voiture particulière. Louer le matériel ou l’acheter d’occasion est également une option intéressante. Et selon l’étude Utopies, manger végétarien peut réduire l’impact de l’alimentation de 75 %, passant de 4 kg d’équivalent CO2 par jour à seulement 1 kg.
Enfin, certaines stations s’engagent à réduire leur impact. Sur les 250 stations françaises, près d’une trentaine sont labellisées « Flocon Vert ». Ce label, développé par l’association Mountain Riders, s’appuie sur 20 critères comme le traitement des déchets, la gestion de l’eau, le développement des énergies renouvelables ou encore l’urbanisation et l’habitat. Pour Yann Lamaison, responsable de la communication de Mountain Riders, interrogé par Ouest-France, ce label permet « de maintenir une activité de ski de manière plus écologique ».