l’essentiel
Marine Le Pen a déploré le déclin de la « ferme de l’Europe » à l’international, arguant que les exportations françaises sont tombées « de la 2e à la 6e place ». Le président du groupe Rassemblement national à l’Assemblée nationale a-t-il raison ? Éléments de réponse.
Lors d’un meeting dans l’Eure, Marine Le Pen s’est exprimée sur le sort de l’agriculture française. “La France, terre agricole historique, qui fut la ferme de l’Europe jusqu’au début des années 2000, est passée de la deuxième à la sixième place des exportateurs mondiaux, derrière l’Allemagne et les Pays-Bas”, a-t-il déclaré. écrit-elle ensuite à propos de X. Le patron des députés RN dit-il la vérité ?
La France, terre agricole historique, qui fut la ferme de l’Europe jusqu’au début des années 2000, est passée de la deuxième à la sixième place des exportateurs mondiaux, derrière l’Allemagne et les Pays-Bas. pic.twitter.com/Pme7IkdxER
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) https://twitter.com/MLP_officiel/status/1868352378866487752?ref_src=twsrc%5Etfw
« Pittoresquement, on pourrait dire que nos assiettes sont en déficit et nos verres en surplus », c’est ainsi que le Haut-Commissariat au Plan décrivait l’agriculture française, dans son étude « L’agriculture, un enjeu de reconquête », publiée en 2021. La formule illustre l’illusion d’une agriculture française prospère grâce à l’exportation de vins et de spiritueux. Mais la réalité est que du côté de l’élevage et du maraîchage, Marine Le Pen a raison, la puissance exportatrice de la France a décliné.
« La France reste le premier exportateur mondial de toute une série de produits : le vin, les pommes de terre, les graines, le malt et, au niveau européen, le blé. Mais elle est passée de la deuxième à la sixième place du classement mondial des exportateurs de produits agricoles et agroalimentaires. La France a en effet vu sa part de marché mondiale passer de près de 8 % en 2000 à 4,7 % en 2019, concurrençant en Europe les nouveaux produits agricoles. et les puissances agricoles. industries agroalimentaires, Allemagne, Pays-Bas, Espagne et Italie.”, détaille le Haut-Commissariat au Plan.
France AgriMer confirme ce recul, expliquant que la France a conservé « son 6e rang d’exportateur mondial de produits agricoles et agroalimentaires, avec un niveau stable depuis 2020 », malgré des difficultés majeures liées au « contexte géopolitique mondial ». La balance commerciale française reste positive malgré une baisse de 10 milliards d’euros en 20 ans, selon CMR qui cite l’Ania, l’association nationale des industries agroalimentaires.
« Déclin de la production française »
Cela peut s’expliquer par plusieurs facteurs, selon l’économiste Bruno Parmentier, interrogé par CMR. En résumé, le modèle agricole français ne serait plus adapté, ni compétitif, par rapport aux pays où la main d’œuvre est moins chère et les normes plus basses. Trop d’obstacles aux exportations subsistent en France. L’Ania révèle également que si 8 entreprises agroalimentaires allemandes sur 10 exportent, il n’y a que 2 entreprises sur 10 en France. Les sénateurs, dans leur rapport sur la « compétitivité de l’agriculture française », étaient arrivés au même constat en 2022.
Pour eux, cette « baisse » serait due à une certaine « baisse de la production agricole française en volume depuis 1997 », qui pourrait s’expliquer par le cumul de différents facteurs. Une « tendance à la baisse de la surface agricole utile », tout d’abord, mais aussi une « réduction du nombre d’agriculteurs actifs », couplée à un « plafonnement général des rendements ».
A l’inverse, la France importe massivement (70 % des fruits, 40 % des poulets et 30 % des légumes consommés dans notre pays), selon CMR. Des chiffres qui irritent les agriculteurs français en pleine lutte contre la signature du traité de libre-échange du Mercosur. Pour eux, comme pour les sénateurs, « ce qui est inquiétant, ce n’est pas tant que la France ne soit plus une puissance agricole ; c’est qu’il l’est de moins en moins, et qu’il s’engage dans une pente brutale dont on ne voit pas la fin.