Entre « la comète du siècle », les aurores boréales récurrentes et la conquête spatiale d’Elon Musk, le début de l’automne 2024 tourne notre regard vers le ciel. L’occasion de rappeler le délicieux épisode de la météorite de L’Aigle qui, en 1803, modifia notre rapport à l’espace jusqu’à la naissance du système solaire.
C’est une histoire tombée du ciel avec « perle et fracas ». Pearl, car il s’agit d’une météorite vieille de 4,5 milliards d’années, détachée de sa ceinture orbitale entre Mars et Jupiter. Un accident, tant ce 26 avril 1803 dit du 6 floréal, cet événement fit grand bruit : vers 13 heures, une « boule de feu » perça le ciel serein autour de L’Aigle, se propageant sur une vingtaine de hameaux de ce zone de l’Orne une averse de 2 000 à 3 000 corps célestes vers le nord.
D’Avranches à Pont-Audemer, en passant par Caen, Falaise et Verneuil, de nombreux témoins l’ont vu ou entendu jusqu’à 30 lieues (120 km) de distance. Entre émerveillement, étonnement et peur, ce phénomène a été décrit comme ” spectaculaire “ et “terrible”. “Autant d’échantillons, ça reste unique en France, et dans le top 10, voire le top 5 mondial, souligne Matthieu Gounelle, conservateur de la collection météorites au Muséum d’histoire naturelle de Paris. 2 000 à 3 000 pierres, c’est tout à fait exceptionnel. »
Le curé de Saint-Nicolas, à l’époque : “On entendait les pierres siffler dans l’air comme une balle qui passe” raconte son contemporain Jean-Baptiste Biot, physicien et astronome, dans un reportage de 47 pages sur cet épisode. Avec le recul, on sait aujourd’hui que ce « globe enflammé » a fendu le ciel à 1 500°C et « 15-20 km/seconde »perdu « 90 % » de sa masse contre la résistance de l’atmosphère, avant d’exploser en morceaux « 20-30km » de la Terre, provoquant la chute libre de milliers de fragments de « 7-8 grammes » a « 8,5 kg ».
Pièces à croûte noire lisse, intérieur brun foncé, composées à 90% de silice et de fer oxydé, et d’un peu de magnésie, de nickel et de soufre. Friable à chaud, très odorant à cause du soufre, redevenant solide au bout de quelques heures seulement.
Une répercussion, un tournant
Ces détails proviennent de la célèbre enquête de Biot. L’émotion suscitée par ce phénomène s’est rapidement répandue à Paris. Un minéralogiste éclairé s’empressa d’en apporter une pièce aux académiciens. Le contexte est important, rappelle Matthieu Gounelle : « Le physicien allemand Ernst Chladni soutenait depuis 1794 que les météorites étaient originales étranger. Cette thèse fut débattue et Bonaparte s’intéressa beaucoup à la science. Tout cela explique l’ordre de Chaptal, son ministre de l’Intérieur et président de l’Académie des sciences, d’envoyer Biot mener son enquête. »
Deux mois après les faits, le rapport de ce dernier marque un tournant dans la communauté scientifique. Reparti avec une boussole, une carte de Cassini et un échantillon météorique de la pierre de Barbotan, cet érudit a rapporté de son petit voyage plusieurs échantillons et preuves irréfutables de la provenance extraterrestre du phénomène. Car si les paroles des paysans ont laissé les académiciens perplexes, celles des notables et des prêtres ont fini par les convaincre. Une version revisitée de « Notre pierre qui es au ciel ».
Ainsi est né “la science des météorites”. Ce que nous enseigne cet épisode, c’est que ces fragments datent mathématiquement « depuis la naissance de notre système solaire ». Reste à l’origine d’un vertige de 4,5 milliards d’années.
Un musée saisonnier
In truth, L’Aigle was not touched. The thousands of stones fell a little further north, towards Ferté-Fresnel (Ferté-en-Ouche), on Saint-Antonin, Gloss, Couvain, Gauville, Saint-Michel-de-Sommaire. Two places are “spots”: the Château du Fontenil, in Saint-Sulpice-sur-Risle, where a stele recalls the episode, and that of Corboyer. “C’est là que le plus est tombé”» écrit Biot.
A L’Aigle, un petit musée saisonnier a récemment été dédié à cet événement spectaculaire, sachant que des échantillons sont distribués dans une centaine de musées à travers le monde. Pour quiconque s’intéresse au sujet, le Muséum d’Histoire Naturelle est un incontournable. Entre 2017 et 2019, ne manquez pas la grande exposition « Météorites, entre ciel et terre », dont la météorite de L’Aigle était l’une des pièces phares.
Comme dirait Spielberg, cette histoire est une rencontre du troisième type. Une connexion, une collision en trois dimensions. L’espace avec la Terre, le milieu scientifique avec le monde populaire, le passé très lointain avec le présent.
Quatre sites normands comptent parmi les sites officiellement recensés dans le monde pour avoir accueilli une chute de météorite : Nicorps (Manche) en 1750, L’Aigle (Orne) en 1803, Le Teilleul (Manche) en 1845, Saint-Pierre-le-Viger. (Seine-Maritime) en 2023. Les recherches à Sées en 2022 étant restées vaines, cet épisode n’est pas répertorié.