pourquoi la justice cherche toujours la vérité, 40 ans après la mort du garçon

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ÉRIC FEFERBERG / AFP Christine et Jean-Marie Villemin, les parents du petit Grégory (ici en novembre 1984) espèrent que la vérité sur l’assassinat de leur fils sera un jour connue.

ÉRIC FEFERBERG / AFP

Christine et Jean-Marie Villemin, les parents du petit Grégory (ici en novembre 1984) espèrent que la vérité sur l’assassinat de leur fils sera un jour connue.

JUSTICE – « Nous ne devons pas abandonner. » Alors que la mort de Grégory Villemin, le 16 octobre 1984 dans les Vosges, reste l’une des plus anciennes affaires pénales françaises non résolues, le procureur général de Dijon, Philippe Astruc, a réaffirmé son intention de “Continuez à chercher la vérité” lors d’un entretien accordé à Bleu Bourgogne il y a quelques jours.

Depuis quatre décennies, le mystère lié à la mort du petit Grégory, retrouvé pieds et poings liés dans la Vologne à quelques kilomètres de son domicile de Lépanges (Vosges), fait régulièrement la une des journaux. Mais pourquoi la justice continue-t-elle d’enquêter sur ce drame survenu, sur fond de rivalités internes aux familles, il y a près d’un demi-siècle ? HuffPost fait le point.

· Aucune prescription à l’horizon

D’un point de vue purement judiciaire, l’enquête se poursuit car l’assassinat de Grégory est (très) loin d’être prescrit. En effet, chaque acte d’instruction allonge le délai de prescription, actuellement fixé à 30 ans pour l’infanticide. Si les juges d’instruction en charge du dossier le classaient aujourd’hui, il pourrait être rouvert… jusqu’en 2054.

Dans l’affaire Grégory, l’affaire s’est soldée par un premier non-lieu en 1993, avant d’être rouverte en 2001 puis en 2008, à la demande de Christine et Jean-Marie Villemin, pour procéder à des analyses ADN (qui n’ont toutefois pas permis de dissiper le mystère). Depuis, les enquêteurs ont continué leurs investigations. « Aujourd’hui, la justice travaille toujours sur la réouverture de 2008, il n’y a donc pas de prescription »explique à HuffPost Me Marie-Christine Chastant-Morand, une des avocates du couple Villemin.

· La technologie pour découvrir la vérité

Au-delà de l’aspect purement juridique, la justice et les parents de Grégory restent convaincus que le crime peut encore être résolu. Peu importe si les membres du clan Jacob (la famille de la mère de Jean-Marie Villemin) ont maintenu une forme de secret face aux enquêteurs. Qu’importe si, depuis 40 ans, les auditions de centaines de témoins, les reconstitutions, l’analyse minutieuse des lettres et enregistrements des corbeaux ou encore les gardes à vue n’ont pas permis de lever le voile sur l’enlèvement et le meurtre de l’enfant.

« 40 ans, c’est très long et les parents de Grégory ont été très patients. Mais le passage du temps est aussi un avantage, car il nous permet d’utiliser les avancées technologiques. »souligne leur avocat. Depuis deux décennies, de nombreuses analyses ADN ont été réalisées, souvent à la demande des époux Villemin, pour tenter de profiter des avancées scientifiques dans ce domaine. Et en mars 2024, la justice a fait droit à leur demande de nouvelles comparaisons ADN et ordonné une étude de faisabilité en vue d’une expertise vocale sur les enregistrements du corbeau.

« Les empreintes vocales, on n’en parlait pas il y a quelques années comme on en parle aujourd’hui, explains Marie-Christine Chastant-Morand. Certaines grandes banques s’appuient sur la reconnaissance vocale pour l’identification des clients. Il faudrait donc savoir si l’on peut isoler la voix du corbeau pour la comparer aux nombreux enregistrements de l’époque. » Le résultat de ces nouvelles expertises « devrait être connu assez rapidement maintenant »assure l’avocat.

Un apport technologique avec lequel le procureur général de Dijon semble en phase. « À chaque fois, nous interrogeons les experts pour savoir si on peut utiliser telle ou telle nouvelle méthode et, si oui, si elle est suffisamment aboutie scientifiquement. On avance comme ça ! “, a-t-il expliqué sur France Bleu Bourogne. “Par exemple, c’est la technologie qui nous a permis d’identifier neuf ADN” dans les documents placés sous scellés en 1984, a-t-il souligné. Et de préciser qu’il ne faut pas non plus négliger les enquêtes traditionnelles.

· Apporter une réponse aux époux Villemin

Dernier enjeu, et non des moindres : apporter enfin une réponse à Jean-Marie et Christine Villemin. Dans la préface de la BD parue début octobre à laquelle il a participé, le père de Grégory confie qu’il n’est plus animé par une envie de vengeance, lui qui, par colère et désespoir, a tué d’un coup de feu son cousin Bernard Laroche. en 1985 : « Je pense très fort, chaque jour, à notre petit homme, Grégory, qui nous donne la force de vivre sans lui, de vivre hors de la haine, sans ressentiment, de vivre heureux et de vivre pour sa mémoire. »

« C’est une quête de vérité qui anime Christine et Jean-Marie Villemin. Ils n’ont jamais abandonné, comments Me Marie Christine Chastant-Morand to the HuffPost. « Ce qui leur importe, c’est de savoir comment cela s’est passé, quels ont été les derniers instants de leur petit garçon. C’est leur moteur et nous pouvons les comprendre. »

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