Éternel débat en période de Noël, l’autorisation des crèches dans les établissements publics, et notamment les mairies, suscite chaque année son lot de réactions, de provocations et de condamnations de la part des tribunaux administratifs locaux.
Certains maires ont transformé cet événement en bagarre, et refusent à tout prix de supprimer les crèches des bâtiments publics. La mairie du Rassemblement national de Beaucaire, dans le Gard, fait partie de ces irréductibles, refusant l’application du principe de laïcité dans l’espace public.
Chaque année depuis sa prise de fonction en 2014, Julien Sanchez fait de l’installation de la crèche à la mairie de Beaucaire son combat. Quiconque considère Jean-Marie Le Pen comme « un modèle » a dû laisser sa place de maire à son adjoint lorsqu’il est devenu député européen en 2024.
Son remplaçant Nelson Chaudon a décidé de poursuivre cette tradition cette année, mais a reçu une ordonnance du tribunal administratif de Nîmes, lui demandant de retirer cette crèche sous 48 heures. Cependant, la Ligue des droits de l’Homme affirme que le maire a fait pression sur le tribunal en affrétant « aux frais du contribuable » deux bus de sympathisants afin de « perturber » l’audience en question. Sans succès puisque la crèche a été interdite.
En réponse, un référendum a été organisé, invitant les Beaucairois à répondre à la question suivante : « Etes-vous favorable à l’exposition d’une crèche provençale à la mairie comme cela se fait depuis dix ans ? »
Un vote avec un score sans appel, puisque 98,56 % des 1 680 Beaucairois qui se sont exprimés ont voté pour le maintien de cette crèche « provençale », pour un taux d’abstention d’environ 90 %. Le maire s’est félicité de ce score sans que ce vote ne prenne en rien préséance sur l’arrêt du tribunal administratif de Nîmes.
La justice maintient son interdiction
Mais le combat ne s’arrête pas là, puisque la justice n’a logiquement pas retiré son interdiction. Une fois passé le délai de 48 heures, le maire a publié une vidéo sur ses réseaux sociaux pour dénoncer l’amende de 1 000 euros par jour, annonçant qu’il allait se pourvoir en cassation.
En attendant, il entretient la crèche « provençale », et en profite même pour lancer un appel aux dons. Mais comme il est illégal de payer ainsi des frais de justice, le maire assume de contourner la loi, et utilisera cet argent pour « financer la crèche de l’année 2025 ».
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Que dit la loi ?
Si la question fait tant débat, c’est parce que l’encadrement des crèches religieuses au sein de l’espace public n’est pas le même selon les territoires français. Puisqu’il n’existe pas de loi sur cet exemple précis, il faut se référer à l’article 28 de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État, qui stipule qu’il est « interdit à l’avenir d’ériger ou d’apposer tout signe ou emblème religieux sur les monuments ou monuments publics ». dans tout lieu public quel qu’il soit, à l’exception […] musées ou expositions. »
Il existe cependant des exceptions, qui permettent à ces maires récalcitrants de contourner la loi. Lorsque ces symboles religieux apparaissent dans le cadre d’une exposition culturelle, artistique ou festive, les tribunaux peuvent décider de les autoriser. C’est alors aux tribunaux administratifs locaux de juger au fond, n’ayant pas tous la même interprétation du principe de neutralité. C’est d’ailleurs derrière ces exceptions que se cache l’édile pour justifier le maintien de cette crèche.
Ici, celle de Nîmes s’est prononcée en faveur de l’interdiction des crèches, comme elle l’avait fait à plusieurs reprises les années précédentes.
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Dommage, le maire de Beaucaire a décidé d’ignorer la décision de justice, se posant en « défenseur de nos traditions et de notre identité ». Il en a profité pour remercier chaleureusement les messages de soutien venus « des quatre coins de la France ». Indépendamment de l’amende, le nouveau maire continue sur les traces de son prédécesseur, privilégiant les coups de publicité plutôt que l’application de la loi.
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