(Washington) La menace d’une longue paralysie budgétaire aux Etats-Unis s’est nettement éloignée vendredi après l’adoption à la chambre basse du Congrès d’un texte bénéficiant d’un large soutien des élus démocrates comme républicains.
Robin LEGRAND
Agence -
Le Sénat doit désormais le valider, sans assurance qu’un vote aura lieu avant minuit (0 heure du matin). [heure de l’Est] Samedi), moment où les Etats-Unis se retrouveront dans une situation de « shutdown ».
Le large consensus entre les deux partis à la Chambre des représentants laissait toutefois espérer qu’une éventuelle paralysie serait rapidement résolue.
“Nous espérons l’adopter le plus tôt possible”, a déclaré dans un communiqué le leader démocrate au Sénat, Chuck Schumer, sans préciser quand un vote pourrait avoir lieu.
La Maison Blanche a déclaré que Joe Biden soutenait également le texte, “même s’il n’inclut pas tout ce que nous voulions”.
Un «shutdown» prolongé signifierait le chômage technique de centaines de milliers de fonctionnaires, le gel des aides sociales ou encore la fermeture de certaines crèches. Une situation extrêmement impopulaire, d’autant plus à l’approche de Noël.
Le texte adopté à la Chambre des représentants assurerait le financement du gouvernement fédéral jusqu’à la mi-mars et comprend notamment plus de 100 milliards de dollars d’aide aux régions américaines récemment dévastées par des catastrophes naturelles.
Une somme déjà présente dans un premier texte annoncé mardi par le président républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, à l’issue de négociations avec les démocrates.
L’accord aurait permis de repousser toute menace de « shutdown », mais a été spectaculairement torpillé le lendemain par Elon Musk puis Donald Trump.
Négociations
L’homme le plus riche du monde, devenu allié du milliardaire républicain, a lancé une virulente salve de posts sur son réseau social X, exhortant les élus à “tuer le texte”.
Le président désigné lui a emboîté le pas dans la soirée et a dénoncé un texte « ridicule et extraordinairement onéreux ».
Cette tournure a surpris le Congrès et contraint les responsables des négociations à repartir de zéro. Il a également laissé entrevoir une présidence Trump 2.0 avant même l’entrée en fonction du républicain le 20 janvier. Avec un style – similaire à son premier mandat – qui ne s’embarrasse pas des conventions, quitte à provoquer un certain chaos.
L’opposition retentissante d’Elon Musk a aussi illustré l’influence croissante du patron de SpaceX et de Tesla sur les grandes décisions politiques.
Au point que certains élus démocrates ironisent sur un « président Musk », dont Donald Trump serait réduit au rôle de vassal.
Principal responsable des discussions, le «speaker» Mike Johnson a été pressé d’une part par les démocrates de revenir au texte négocié, et de l’autre par certains élus conservateurs qui ont refusé en bloc tout texte n’incluant pas de coupe budgétaire. pour compenser la nouvelle aide.
Face aux divisions à droite, l’influent élu républicain James Comer a prévenu jeudi que pour que le Congrès adopte un texte, il faudrait « évidemment avoir un soutien du côté démocrate ».
“Bon travail”
Le nouveau plan voté vendredi ne prévoit pas de relever le plafond de la dette américaine, même si Donald Trump s’est opposé au premier texte principalement pour cette raison.
Le président élu en avait même fait une condition sine qua non à tout nouvel accord budgétaire, sous peine de se battre « jusqu’au bout » contre celui-ci.
Il n’avait toujours pas réagi vendredi soir sur ce nouveau plan. Mike Johnson a assuré après le vote qu’il avait été en « contact constant » avec le président élu et qu’il était « satisfait du résultat ». Le média Semafor a cependant rapporté que Donald Trump était mécontent de l’absence de dispositions concernant le plafond de la dette.
Mike Johnson a également indiqué s’être entretenu avec Elon Musk, qui a salué sur X le “bon travail” du “speaker” dans la renégociation à la baisse du texte budgétaire.
Chaque partie avait auparavant pointé du doigt l’autre pour imputer la responsabilité d’une éventuelle paralysie.
«C’est un problème que Biden doit résoudre», a écrit vendredi matin Donald Trump sur sa plateforme Truth Social.
La porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, a déclaré plus tôt vendredi qu’il appartenait au contraire aux républicains “de résoudre le désordre qu’ils ont créé”.
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