(Paris) La France devrait avoir un nouveau Premier ministre jeudi, une semaine après un vote de censure historique contre l’Assemblée nationale qui a renversé le gouvernement de centre-droit et plongé le pays dans l’incertitude.
Francesco FONTEMAGGI
Agence France-Presse
La nomination du nouveau chef du gouvernement est attendue jeudi, a indiqué à l’AFP une Source au sein de l’exécutif. Le président Emmanuel Macron se rend en Pologne, et la nomination aura lieu “plutôt à son retour” en fin de journée, précise cette Source.
Mardi, en marge d’une réunion à l’Élysée avec les chefs de parti, le président s’est engagé à nommer un nouveau chef du gouvernement « dans les 48 heures », selon son entourage.
Le nouveau Premier ministre devrait être chargé de négocier au moins un accord pour éviter une nouvelle censure et adopter un budget pour 2025.
Avec un déficit cette année qui devrait dépasser 6% du PIB, la France affiche la pire performance des Vingt-Sept à l’exception de la Roumanie, très loin du plafond de 3% autorisé par l’UE.
“La dette financière est une réalité qui s’imposera à tout gouvernement, quel qu’il soit”, a prévenu mercredi le Premier ministre démissionnaire Michel Barnier en Conseil des ministres, selon les participants.
M. Macron, à la surprise générale, a dissous l’Assemblée en juin, après la défaite de son camp aux élections européennes face à l’extrême droite. Mais les élections législatives anticipées ont abouti à une Assemblée fragmentée en trois blocs (alliance de la gauche, des macronistes et de la droite, extrême droite) sans majorité absolue.
« Non-censure »
Si le leader centriste et allié de longue date du chef de l’Etat, François Bayrou, fait toujours partie des favoris, il ne fait pas l’unanimité, contesté notamment par une partie de la droite.
S’il ne s’agit pas de François Bayrou, les noms des ministres démissionnaires de la Santé, Catherine Vautrin, et des Armées, Sébastien Lecornu circulent toujours dans le camp présidentiel.
Une fois nommé, le nouveau chef du gouvernement devra négocier avec les partis leur participation au gouvernement, ou leur soutien à certains textes dont le budget, voire, à minima, un accord de « non-censure ». Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il constituera son équipe.
Mercredi, en Conseil des ministres, où a été présenté un projet de « loi spéciale » sur le budget pour éviter la paralysie, Emmanuel Macron a cependant noté que la « base » des partis qui soutenaient le Premier ministre démissionnaire Michel Barnier – regroupant le camp présidentiel et la droite – ne pourrait pas être élargie « en l’état ».
La veille, il avait souligné « sa volonté de ne pas dissoudre à nouveau » l’Assemblée nationale d’ici 2027. Et avait constaté « une unanimité des forces politiques pour ne plus dépendre du Rassemblement national (extrême droite) ».
La gauche réclame toujours qu’un des siens soit nommé à Matignon et s’est engagée à ne pas utiliser l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter des lois sans vote si, en échange, les opposants s’engagent à ne pas censurer.
“Un engagement sidérant, un contournement de la Constitution”, a réagi la chef de file de l’extrême droite Marine Le Pen, “pas mécontente” d’être mise à l’écart. A ce stade, les Français ne semblent pas lui en vouloir : un sondage Ifop-Fiducial la crédite de plus de 35% des intentions de vote au premier tour de l’élection présidentielle.
« Inquiet », « en colère », « fatigué »
Mercredi, François Bayrou, président du MoDem (centre droit), semblait conserver sa place parmi les favoris pour le poste de premier ministre. « Hier, à la sortie de la réunion à l’Élysée, François Bayrou était d’un optimisme délirant, il était survolté », constate un participant.
Il n’en reste pas moins qu’une partie de la droite éprouve une certaine hostilité à son égard, l’ancien président Nicolas Sarkozy en tête.
Le socialiste Olivier Faure est également réticent, estimant que le maire de Pau (Sud-Ouest) incarnerait une « continuité » du macronisme. Il est toutefois resté évasif sur l’attitude de son parti si M. Macron nommait le centriste.
De son côté, le leader de la gauche radicale a déjà lancé un procès pour trahison : « Pas d’accord de coalition ! Pas de « non-censure ». Revenez à vos sens et à votre foyer ! », a lancé mardi soir le leader des Insoumis.
“Plus Jean-Luc Mélenchon crie, moins on l’entend”, a répondu Olivier Faure, accusant les Insoumis de “fragiliser le collectif” par sa “politique de la chaise vide”.
Cette attente, une semaine après la censure, laisse les Français inquiets (32 %), « en colère » (30 %) et fatigués (24 %), selon une enquête Elabe pour BFMTV publiée mercredi. Une grande majorité d’entre eux se disent favorables (69%) à un accord de non-censure, mais presque autant (67%) ne croient pas à la capacité des parties à s’entendre.
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