C’est une enquête édifiante pour ceux qui n’ont jamais vécu à l’étranger. Mais pour ceux qui y vivent, l’article de Libération dépeint une réalité qu’ils vivent au quotidien. L’auteur de l’article sur les « profits suspects » du groupe Bernard Hayot aux Antilles, Emmanuel Fansten, était l’invité du journal radio guadeloupéen La 1ère.
Il s’agit de l’enquête d’Emmanuel Fansten, journaliste au quotidien national « Libération », sur le «bénéfices suspects» du Groupe Bernard Hayot (GBH). Depuis sa publication, le groupe a publié un communiqué pour se défendre et dénoncer les attaques. »infondé et approximatif« .
L’auteur de l’article intitulé «Vie chère aux Antilles : les profits suspects du groupe Bernard Hayot à l’étranger», en date du 9 janvier, était en direct au journal télévisé de 13h00 de Guadeloupe La 1.èrece lundi. Il était interrogé par Peggy Robert.
Emmanuel Fansten a expliqué pourquoi, selon les informations qu’il a obtenues auprès d’informateurs (salariés du groupe), GBH est si puissant aux Antilles et omniprésent dans la grande distribution, l’automobile, l’industrie ou encore l’agriculture. . Il détaille également comment ce groupe parvient à contrôler toute la chaîne de production, malgré le contrôle de l’Autorité de la concurrence.
Pour une fois, les soupçons de pratiques douteuses et de marges exorbitantes chez GBH sont documentés avec précision, grâce à des fichiers internes jamais divulgués auparavant.
Ce sont des chiffres absolument ahurissants puisque les concessions GBH réalisent une marge nette comprise entre 18 et 28 %. C’est 3 à 4 fois ceux pratiqués en France métropolitaine. Je donne, à titre d’exemple, qu’un véhicule neuf vendu environ 20 000 euros, une concession peut gagner plus de 5 000 euros net, même après d’éventuelles promotions et efforts commerciaux. C’est donc absolument énorme.
Emmanuel Fansten, journaliste à “Libération”
Ce problème peut être étendu à la grande distribution.
Et, à travers un ensemble de filiales (Emmanuel Fansten parle d’une myriade de sociétés écrans), traitant avec la maison mère, les chiffres disponibles ne reflètent peut-être qu’une partie de la vérité. Les marges sont ainsi éclatées et le système mis en place cache les bénéfices réels enregistrés.
L’une des autres caractéristiques du groupe Hayot est justement son opacité. Je te rappelle qu’il [NDLR : Bernard Hayot] a été récemment convoqué devant le tribunal de commerce de Fort-de-France, pour l’obliger à publier ses comptes. Il l’a fait juste avant Noël, mais uniquement pour les comptes sociaux et non pour les comptes consolidés qui seraient les seuls capables de mesurer l’ampleur du système Hayot.
Emmanuel Fansten, journaliste à “Libération”
Depuis ces révélations, les dirigeants de la holding mènent une chasse au sein de ses rangs, afin d’identifier qui a divulgué les documents compromettants. Les salariés sont sous surveillance et soumis à un «pression importante», selon Emmanuel Fansten.
Le journaliste reconnaît le mérite de ces personnes qui ont pris des risques pour «faire avancer un débat trop sclérosé», dans un contexte où le «les consommateurs portent un toast« .
Les initiatives des parlementaires et des services préfectoraux n’ont pas réussi à changer la donne.
Proche du pouvoir (il est venu 8 fois en un an s’entretenir avec le président de la République), élevé au rang de Grand Officier de l’Ordre national de la Légion d’honneur en juillet dernier, Bernard Hayot semble intouchable.
J’ai entendu, sur votre antenne, le préfet dire qu’il allait prendre contact avec la tutelle de l’Etat et voir si cela justifiait des investigations complémentaires. Je suis curieux de voir ce qui se passera à cet égard.
Emmanuel Fansten, journaliste à “Libération”
Sur le plan politique, un projet de loi visant à lutter contre la concentration économique pourrait initier le changement nécessaire, pour que les consommateurs antillais ne souffrent plus du coût de la vie élevé.
Peut-être sommes-nous à un point critique. Peut-être que les choses pourraient enfin changer. En tout cas, je pense que, dans le contexte social actuel, les pratiques de GBH apparaissent d’autant plus scandaleuses.
Emmanuel Fansten, journaliste à “Libération”
Emmanuel Fansten le dit : lui-même a été choqué par ce système tentaculaire que GBH a pu déployer pour s’enrichir au détriment des Ultramarines, qui réclament plus de justice économique.
POUR (RÉ)ÉCOUTER : L’intégralité de l’entretien avec Emmanuel Fansten, journaliste à Libération
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