Les vœux sont-ils toujours populaires ?
“Les vœux sont une belle tradition, ce serait dommage qu’elle se perde.” Au milieu d’une assemblée d’environ 200 personnes, réunies vendredi soir à la salle des fêtes de Montmoreau, Dominique Robert, 54 ans, écoute attentivement le discours de son maire, Jean-Michel Bolvin.
Le quinquagénaire vient chaque année assister à cette cérémonie de rentrée. « On entend beaucoup parler de travaux ici et là, mais quand ça sort de la bouche du maire, on est sûr de ce qui va être fait et puis ça permet de rassembler les gens. Quelques chaises plus loin, Véronique Augendre, 44 ans, caissière au Super U, sortait de sa débauche, avec son mari et ses deux enfants. « J’aime voir les gens qui sont félicités pour ce qu’ils ont fait de bien dans la ville. Et puis c’est seulement par vœux que nous nous retrouvons tous ainsi, parmi les habitants de la commune.» Jean-Pierre Maignan et Gilberte Pregniard, 80 et 82 ans, viennent également chaque année. “Ça permet d’avoir des contacts avec les gens de la commune, d’apprendre des choses, c’est important.”
“C’est toujours attendu !”, confirme Gwenhaël François, le maire de Montbron. “Il y a toujours du monde là-bas, les gens aiment ça.” A Saint-Séverin, Patrick Gallès attend « entre 250 et 300 personnes » contre une cinquantaine pour la réunion d’information de juin. A Aigre également, Renaud Combeau était complet pour sa cérémonie début janvier. «C’est une rencontre fondamentale», affirme Dominique Breuil à Lignières Ambleville. « Une tradition, même, et un des rares moments où les gens viennent facilement. Les habitants attendent cette réunion.
Le ministère a annulé ses vœux
Comme plusieurs collectivités en France, le département de la Charente a choisi de ne pas organiser de vœux cette année pour des raisons budgétaires. Cette cérémonie rassemble habituellement les autorités et de nombreux maires et élus. Dans les petites villes charentaises, la question ne s’est pas vraiment posée. « Un morceau de crêpe et du jus de pomme ne gâchent pas la ville », affirme Gwenhaël François à Montbron. « A Montmoreau, Jean-Michel Bolvin n’y a même pas pensé. « Nous sommes encore une nouvelle commune donc cette cérémonie est un point de rencontre important entre les habitants des cinq anciennes communes. Nous voulons cette pause festive. » « On s’en sort avec quelques centaines d’euros », estime Patrick Gallès, le maire de Saint-Séverin. “Cela n’alourdit pas le budget.” « Et nous faisons travailler des artisans locaux », ajoute Renaud Combeau à Aigre. « Les toasts viennent du restaurant, le gâteau de la boulangerie et le vin de Roland Vilneau ».
A quoi ça sert ?
“Quand on aime les gens, ça aide de les voir !”, résume Isabelle Moufflet, maire de Vindelle. “Il est temps de discuter de tout et de rien, de régler les griefs.” «On leur explique ce qu’on a fait au cours de l’année et on dit ce qu’on compte faire dans le budget 2025», indique Gwenhaël François qui a présenté ses vœux aux Montbronnais jeudi soir. “C’est un bon moyen de communiquer.” “Un moment de rencontre”, ajoute Fabrice Point, à Chasseneuil. Avec le fameux exercice imposé du discours du maire. Entre rétrospective et projection sur l’année à venir. Classique.
On essaie de ne pas être trop planplan
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Comment dépoussiérer l’exercice ?
«On essaie de ne pas être trop plan-plan», précise Isabelle Moufflet. Elle opte pour « un discours court ». «Et j’essaie de combiner cela avec des cérémonies de remise de médailles, pour qu’il y ait du rythme», raconte Patrick Gallès à Saint-Séverin, où seront honorés le capitaine des pompiers et l’ancien maire. A Aigre, Renaud Combeau est le seul à prendre la parole. Slide à l’appui, le poids des mots le choc des photos. Focus cette année sur le thème des bâtiments abandonnés pour lesquels la municipalité est obligée de prendre des arrêtés de danger. “Je montre l’état réel de ces maisons et ça provoque une réaction !”
“La formule a perdu un peu de son intérêt”, analyse Pierre-Yves Briand, maire de Châteaubernard. « On voit que les gens se sentent obligés de venir, voire ne viennent pas du tout. Alors depuis deux ou trois ans, nous proposons quelque chose de différent : on commence par une cérémonie classique, où l’on présente l’année en revue pendant une vingtaine de minutes, puis on enchaîne avec un spectacle. Et ça marche ! Cela motive les gens à venir. Le spectacle est gratuit mais sur réservation, et certains viennent même de l’extérieur de la ville. Cela n’a plus grand chose à voir avec une cérémonie de salutation classique mais nous gardons ce moment convivial. Egalement à Lignières Ambleville où un groupe a animé la soirée et où les gens ont pu déguster des huîtres et une soupe au champagne ! A Angoulême, le discours de Xavier Bonnefont s’est conclu par un spectacle son et lumière.
A Montmoreau, la ville a fait un effort supplémentaire sur la décoration et a fait appel à l’orchestre philharmonique de Blanzac pour animer la soirée. Des images et vidéos des réalisations et des projets apparaissent sur deux écrans. « Et nous avons ajouté de nouvelles fonctionnalités pour rendre l’événement plus interactif », note Jean-Michel Bolvin. « Il y a une boîte à idées pour recueillir ce que les habitants souhaitent nous proposer. Un cadre de souhaits, qui sera ensuite affiché en mairie, et un questionnaire sur nos réseaux sociaux pour ensuite les améliorer. »
Est-il temps de déclarer votre candidature ?
A 15 mois des élections municipales, la question se pose. Ces cérémonies de vœux sont-elles le moment idéal pour annoncer votre candidature ? Parmi les maires sortants, les avis divergent.
« Pour être honnête, je ne pensais pas parler des élections municipales », confie Gwenhaël François, la maire de Montbron. « Et puis j’ai fait cinq, six cérémonies de vœux, j’ai vu mes collègues se déclarer… » Il a donc choisi de se lancer jeudi soir dernier devant les Montbronnais.
« Avec le conseil municipal, on veut continuer, si vous le souhaitez. Je pensais ne vous l’annoncer qu’en janvier 2026 mais puisque le bal est ouvert, je vais continuer”, a-t-il indiqué sous les applaudissements de la salle. A Soyaux, François Nebout a choisi de tergiverser. “Il est encore trop tôt, je déciderai en avril.” Même son de cloche pour Isabelle Moufflet : « Beaucoup de choses peuvent encore arriver ! » « Pour moi, ce n’est pas le lieu », corrobore Fabrice Point, maire sortant de Chasseneuil. Ni le lieu « ni le moment », dit encore Patrick Gallès.