(Paris) Premier procès pour un géant du cinéma : Gérard Depardieu, visé par de nombreuses accusations de violences sexuelles, est attendu lundi au tribunal de Paris pour être jugé pour des agressions sexuelles sur deux femmes lors d’un tournage en 2021.
Publié hier à 23h26
Céline BRUNEAU
Agence France-Presse
Lancé en 2017 pour dénoncer le comportement du producteur américain Harvey Weinstein, le mouvement #metoo ne commence à déferler sur le cinéma français que ces dernières années, plusieurs grands noms étant accusés de violences sexuelles comme les réalisateurs Jacques Doillon ou Benoît Jacquot.
L’audience de lundi, à laquelle l’acteur français de 75 ans « compte » assister selon son avocat Me Jérémie Assous, doit débuter à 13h30.
Gérard Depardieu a été convoqué fin avril, à l’issue d’une garde à vue, “pour des agressions sexuelles susceptibles d’avoir été commises en septembre 2021 au préjudice de deux victimes, sur le tournage du film “Les volets verts”” de Jean Becker, a indiqué l’accusation.
L’une des deux femmes, décoratrice de cinéma, a porté plainte en février 2024 contre l’acteur – accusé de viol dans une autre affaire – pour agressions sexuelles, harcèlement sexuel et outrages sexistes lors du tournage de ce film, conduisant à l’ouverture d’une enquête. .
“J’attends que la justice soit la même pour tout le monde et que M. Depardieu ne bénéficie pas d’un traitement de faveur parce qu’il est artiste”, a déclaré son avocat, M.e Carine Durrieu-Diébolt.
“Les témoins et les preuves qu’il produira démontreront qu’il n’est que la cible de fausses accusations”, a promis M.e Assous, pour qui « le but poursuivi vient d’être dévoilé à travers les demandes d’indemnisation : s’enrichir de 30 000 euros ».
Selon la plaignante de 55 ans, les faits reprochés ont eu lieu en septembre 2021, dans un hôtel particulier à Paris.
« Pris brutalement »
Dans sa story au site d’investigation Mediapart, ce dernier a expliqué que Gérard Depardieu aurait soudain crié lors d’une conversation qu’il voulait un “fan”, car il ne pouvait “même pas bander” dans cette chaleur, alors il aurait assuré pouvoir pour « faire jouir les femmes sans les toucher ».
Une heure plus tard, il l’aurait “attrapée brutalement” alors qu’elle quittait le plateau.
M. Depardieu l’a alors “bloqué en fermant les jambes sur [elle] comme un crabe », puis lui aurait « malaxé la taille, le ventre, remontant jusqu’à [ses] seins », a-t-elle assuré.
Il lui aurait également tenu des « propos obscènes » du type « Viens toucher mon gros parasol, je vais te l’enfoncer dans la chatte ».
“Mon client attend que la justice établisse que Gérard Depardieu est un agresseur sexuel en série”, a ajouté M.e Carine Durrieu-Diébolt.
L’acteur sera également jugé pour des violences sexuelles dénoncées dans une plainte déposée par une autre femme, assistante réalisatrice sur le même film.
Lors de ce tournage, “du matin au soir, nous avons eu droit à nos commentaires salaces”, a témoigné la comédienne Anouk Grinberg, dans un entretien à l’AFP. “Lorsque les producteurs engagent Depardieu sur un film, ils savent qu’ils engagent un agresseur”, a-t-elle accusé.
Menacé d’un autre procès
Grande figure du cinéma français connue dans le monde entier, avec plus de 200 films, Gérard Depardieu a été accusé ces six dernières années de violences sexuelles par plusieurs femmes.
Les plaintes pour agression sexuelle contre l’acteur ont été classées sans suite pour prescription.
Mais Gérard Depardieu est sous la menace d’un nouveau procès : en août, le parquet de Paris a demandé son renvoi devant le tribunal correctionnel afin qu’il soit jugé pour viols et agressions sexuelles sur l’actrice Charlotte Arnould.
Elle a été la première à porter plainte contre le célèbre acteur en 2018.
“Jamais, au grand jamais, je n’ai abusé d’une femme”, se défend Gérard Depardieu dans une lettre ouverte publiée le 1er janvier dans le quotidien Le Figaro.est Octobre 2023.
Quelques semaines plus tard, en décembre 2023, le président Emmanuel Macron choquait les associations féministes en saluant un « immense acteur » qui « fait la fierté de la France », dénonçant « une chasse à l’homme » après la diffusion d’un reportage du « Complément d’Enquête » sur France 2. , au cours de laquelle l’acteur a tenu de nombreuses remarques misogynes et insultantes envers les femmes.