Frankie Wallach, accompagné de Bernard Campan et Clémentine Célarié, incarne un éboueur de la ville de Paris dans ce téléfilm sensible qui tire la sonnette d’alarme sur la précarité des mères célibataires dans le contexte d’une soirée continue.
Ambre, 22 ans, un petit garçon qu’elle a eu «à l’âge où l’on croit qu’avoir des enfants n’arrive qu’aux autres“, vit chez ses parents, aux revenus modestes. Lorsqu’elle rate sa deuxième année de droit et décide d’arrêter ses études contre la volonté de sa famille, c’est la rupture.
La voilà, seule, prête à se battre pour éviter de finir à la rue ou, surtout, de perdre la garde de son fils. Face à la difficulté de trouver un emploi, elle tente sa chance au concours et devient éboueuse pour la ville de Paris. Embauchée par une responsable prônant la discrimination positive (Clémentine Célarié, avec sa grande énergie), Ambre est vite confrontée au sexisme ordinaire de son chef d’équipe (Bernard Campan) qui s’amuse à la provoquer – « Je ne suis pas une femme, je suis …ici personne n’a de règles, les sautes d’humeur ne sont pas tolérées« … -, et le tabou qui entoure son nouveau métier.
« Le GIGN de la propreté »
” Le scénario m’a fait peur au débutconfie volontiers son interprète Frankie Wallach (vu dans Le livre des solutions de Michel Gondry, la jeune femme est la réalisatrice et interprète du redoutable Trop d’amour , une autofiction dédiée à sa grand-mère, survivante des camps de la mort). J’ai trouvé que le personnage était confronté à trop d’obstacles. La mère dépossède Ambre de son rôle de mère, elle lui prend littéralement l’enfant des bras. Ambre n’a pas sa place de mère dans la famille. Puis avoir ses parents et l’assistante sociale sur le dos, se retrouver dans le monde difficile des éboueurs… Mais grâce à la mise en scène et aux autres acteurs, une humanité se dégage de tout cela. Même si on adopte le point de vue d’Ambre, on comprend aussi très bien celui des autres protagonistes. »
© Nathalie Guyon – FTV /
Ressort narratif classique mais toujours efficace, on découvre, sur les traces du néophyte, un univers méconnu : les services de nettoyage de la capitale, leur centre de formation, avec l’apprentissage des postures recommandées pour soulever des objets lourds ; leur cellule de situation d’urgence, « la fonctionnelle » ou «le GIGN de la propreté« , plaisante un collègue, celui qui intervient après l’accident d’un camion d’équarrissage, les débordements de vomi post-fête, un événement sportif, des manifestations… Mais aussi des accidents beaucoup plus graves, comme des suicides ou des attentats. » Le fonctionnel est un travail dur, qui requiert une condition physique mais aussi émotionnelle, insiste l’actrice. Comment se remettre d’un nouveau-né jeté par la fenêtre ? Heureusement, il y a la solidarité, c’est un peu comme l’esprit d’une équipe de foot.»
Deux prix à La Rochelle
Ce téléfilm sensible sur le monde de l’invisible réalisé par Akim Isker (L’enfant de personne ), à la dimension sociétale un peu trop édifiante, a reçu le prix du meilleur unitaire au festival de La Rochelle, mi-septembre, par le jury présidé par Thierry Godard, mais aussi le prix Unifrance de la presse étrangère. Je tiens à souligner la résilience d’Ambre,conclut Frankie Wallach.Elle ne sombre pas dans le misérabilisme, la victimisation. Je ne voudrais pas que la morale de l’histoire soit qu’on apprend à travers les obstacles. Les spectateurs du festival ont heureusement conservé sa force de vie, sa joie, elle ne se laisse pas abattre par son destin. Elle ne se laisse pas abattre, elle continue sans cesse d’avancer.. » Petite soldate courageuse qui tente tout juste de devenir adulte, Ambre finira bel et bien par trouver sa voie et sa fierté. La fiction sera suivie d’un débat « Mères célibataires, le piège de la précarité ».
