« Mauvais joueurs » ? Mauvaise télé-réalité, mauvais jeu, mauvais présentateur et mauvais choix pour Netflix

« Mauvais joueurs » ? Mauvaise télé-réalité, mauvais jeu, mauvais présentateur et mauvais choix pour Netflix
« Mauvais joueurs » ? Mauvaise télé-réalité, mauvais jeu, mauvais présentateur et mauvais choix pour Netflix

Imaginez… Imaginez une plage paradisiaque, quelque part au Mexique. Depuis des millénaires, l’eau y lèche les galets, et la nature luxuriante a été préservée du tourisme de masse. La faune est abondante, le ciel est bleu, la mer aussi.

Et puis un jour, loin de là, une société de production décide de lancer une nouvelle émission de télé-réalité. Difficile de penser à trouver un concept original mais, eurêka !, quelqu’un chez Adventure Line Productions, touché par la grâce (ou par autre chose, un objet contondant ayant laissé des séquelles, peut-être), lance cantonade : “Et si on emmenait une quinzaine d’hommes et de femmes dans un endroit magnifique et qu’on leur faisait croire qu’ils allaient loger dans une grande villa alors qu’en réalité on les faisait dormir dans un camp pourri ?” Oui, on imagine que le génie frappé par cet éclair devrait parler à peu près ainsi.

Dans les bureaux, on sent la bonne veine. D’accord, le programme est très similaire à un autre, appelé Survivre au paradis, déjà diffusé sur Netflix. Mais si on devait s’arrêter pour si peu, franchement, où irait-on ?

Bref, donc. Le casting est ouvert et les candidats affluent. Leur motivation ? L’argent, bien sûr. Le flouze, l’argent, l’oseille, les picaillons, la maille. Cela peut rapporter gros d’aller bien paraître à l’autre bout du monde. 150 000 euros sont promis au vainqueur. Mais gagnant de quoi, ça…

Animateur, ça ne s’improvise pas

Pour relier le tout, il ne reste plus qu’à trouver un animateur. Denis Brogniart est déjà occupé à autre chose et Jonathan Cohen (La flamme) n’est (étrangement) pas contacté. Qu’à cela ne tienne : pour donner confiance au public et lui apporter un label de qualité, il a été décidé de faire appel à Claude Dartois, favori des internautes à chaque fois qu’il a participé à Ko-Lanta. Même quand il a triché. Il n’est pas animateur ? Et alors ? Il apprendra. Qui sait, peut-être que dans la dixième saison, il paraîtra presque naturel et dira ses répliques aussi bien qu’un élève de la classe de diction de sixième.

Du côté des candidats – sept filles et six garçons – il y a aussi du lourd à faire. En découvrant tour à tour Anthony, Jordan, Leslie, Olivanie et les autres, impossible de ne pas penser qu’on a ressorti les dossiers de ceux qui avaient échoué dans la sélection des anges. Botox, faux cils, faux ongles : chez les bimbos de Mauvais joueurs, la gamme est complète. Chez les mecs, ça sent la testostérone même derrière l’écran. Et vous n’êtes pas au bout des clichés.

Mais voici Claude, fringant, qui vient faire connaissance et expliquer le jeu (il était temps). En gros, si vous souhaitez dormir dans un lit et manger à votre faim, réussissez à entrer dans la villa. Sinon, tant pis, vous resterez dans le camp pourri. “Vous vivrez une expérience sociale basée sur la quête du pouvoir”, il a dit. Il en a perdu la moitié en chemin, qui n’ont pas compris. Comment entrer dans la villa ? “Deux possibilités : se dépasser pour gagner des épreuves ou être choisi lors des assemblées de vote pour rejoindre la villa ». Et au final, il n’en restera qu’un. Claude n’a (presque) pas dit ça, il ne faut pas exagérer, on se rendrait peut-être compte qu’ALP a un peu recyclé sa production phare, Ko-LantaDONC.

Sociologiquement fascinant

Inutile de vous attarder sur les subtilités du jeu – puisqu’il n’y en a pas –, inutile de vous décrire les « épreuves » dignes des anniversaires de vos enfants de six ans, l’essentiel, en Mauvais joueurs, c’est être un stratège. Prétendre qu’on est super-cool-super-gentil alors qu’on n’est qu’un rat prêt à tout pour chipoter l’argent : voilà ce qui occupe les esprits brillants rassemblés dans ce qui fut, voilà des millénaires, un coin de paradis.

Sociologiquement, c’est fascinant. Grammaticalement aussi. “J’ai donné ma voix à Anthony, parce que c’est une personne très droite, très directe et je pense qu’il a les épaules assez lourdes pour cela ». Ou “Jordan, les activités, il va être merguez”. Promis, nous n’avons rien inventé.

Après cette apnée plongée dans cette triste réalité de la télé-réalité, et même si on s’est beaucoup déformé, il reste en bouche comme un goût de bile. Mais aussi le désarroi. Nous commençons à rêver que la bonne nouvelle est que nous ne pourrons pas tomber plus bas. Enfin, pas avant le prochain brainstorming dans une société de production, jusqu’au prochain casting, jusqu’à la prochaine humiliation de candidats qui, nous l’espérons pour eux, n’ont toujours rien réalisé.

 
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