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pourquoi la corrélation négative avec les taux réels ne fonctionne-t-elle plus ? – 23/01/2025

L’or bat des records ces derniers mois, malgré la hausse des taux d’intérêt réels, qui a historiquement désavantagé le métal jaune. Entre incertitude géopolitique et achats des banques centrales, l’objectif de 3 000 dollars l’once est dans le collimateur.

La valeur refuge ultime qui fait mieux que le S&P500. Ce fut l’une des belles histoires de 2024. L’or a augmenté de 27 % en 2024 contre un modeste 23 % pour l’indice phare de la Bourse de New York. L’or n’est donc pas tout à fait là où on l’attend et son évolution déjoue la corrélation historique avec les taux d’intérêt réels.

Relation historiquement négative

Historiquement, il existe une relation négative entre les taux d’intérêt réels (taux nominaux moins inflation) et l’or. En effet, l’or étant un actif non productif, plus les taux sont bas (et donc moins il y a de rendement sur les obligations), plus il est intéressant de détenir de l’or. A l’inverse, plus les taux sont élevés, moins il est intéressant de détenir de l’or.

Depuis 2022 et le début du cycle de resserrement monétaire (qui nous semble être dans une autre vie tant les débats sur les baisses de taux animent nos journées), cette corrélation ne fonctionne plus. Dans le sillage de la Fed, qui a commencé à relever ses taux directeurs en juillet 2022, les taux longs ont augmenté. Mais l’or a augmenté de concert. Ainsi, l’or a continué de battre ses records tandis que les taux longs (l’obligation américaine à 10 ans étant la référence en la matière) ont atteint des niveaux jamais vus depuis la période précédant la crise de 2008.

Incertitudes

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Plusieurs éléments peuvent expliquer pourquoi cette relation ne fonctionne plus. Premièrement, l’or est la valeur refuge par excellence. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’incertitude est montée d’un cran ces dernières années. Sur le plan géopolitique, entre le retour de la guerre en Europe et un Moyen-Orient sens dessus dessous, les tensions sont vives. Sans oublier le détroit de Taiwan où la pression chinoise s’accroît chaque année. Ensuite, les déficits sont élevés dans de nombreux pays du monde. De la et son déficit que personne ne sait estimer, aux Etats-Unis où personne ne semble vraiment s’en soucier (faites exploser ce plafond de la dette), l’or peut apparaître comme une sorte de refuge contre cette dévaluation des monnaies qui ne pas dire leur nom.

Les banques centrales remplissent leurs caisses

La principale raison de la hausse de l’or vient sans doute d’un mécanisme bien plus simple. Le prix de l’or dépend, comme tout autre actif, de l’équilibre offre/demande. Sur ce marché, les banques centrales sont des acheteurs importants (environ un quart de la demande) et elles ont significativement augmenté leurs réserves depuis près de trois ans. L’essor des achats des banques centrales correspond à peu près au déclenchement de la guerre en Ukraine. Les sanctions occidentales qui ont suivi et ont gelé des milliards de dollars d’actifs ont poussé de nombreuses banques centrales à se désensibiliser au dollar, et donc à réduire le poids du dollar dans leurs réserves. Ainsi, la Chine et la Russie ont été les principaux acheteurs sur le marché de l’or.

À cela s’ajoute la forte demande des particuliers en Asie. Depuis 2024, les ménages chinois et indiens ont significativement augmenté leurs investissements en or hors bijoux (respectivement +68% et +19%, entre le premier trimestre 2024 et le premier trimestre 2023, selon le World Gold Council), pour diversifier leurs actifs. En Inde, parce que la capacité d’épargne a augmenté. En Chine, parce que les marchés immobiliers et boursiers ont connu des baisses importantes.

Pour les mois à venir, le consensus sur l’or est clairement haussier. De nombreux stratèges visent l’objectif de 3 000 $. Pour toutes les raisons évoquées précédemment et parce que c’est toujours bien de poster un gros chiffre.

 
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