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Il a caché des armes, dynamité un train, sauvé des gens des griffes de la Gestapo… Jean Mazet, 101 ans, ce héros

l’essentiel
Figure historique de la Seconde Guerre mondiale dans le Lot, Jean Mazet, l’un des derniers résistants en , observe cette époque avec le regard d’un homme de 101 ans fier de son action. Il « cachait » et protégeait, dans le maquis lotois, des hommes et des femmes recherchés par la Gestapo. Il a dynamité un train et une voie ferrée, caché des armes et fait exploser les réseaux de communication le jour J de la Libération. Témoignage d’un homme aussi humble qu’héroïque.

Dans la résistance, le nom de code de Jean était Paul ou Jeannot pour brouiller les traces lorsqu’il menait des actions dans le maquis, autour de Gourdon, où il vit toujours.

Jean Mazet a 101 ans. Il vit seul, en parfaite autonomie, dans une maison au fond des bois et garde au fond de lui une myriade de souvenirs de la période 39-45 qu’il a vécue intensément et douloureusement.

Intensément, car c’était la guerre et ses chefs de la résistance dans laquelle il s’était engagé lui ordonnaient de punir les Allemands, puis de cacher dans le maquis ses frères de combat, ainsi que de simples citoyens destinés au peloton d’exécution.

Péniblement, car il a vu son père abattu par les Allemands, son corps abandonné dans une brouette. Il le fallait et il savait vaincre la douleur, puis serrer les poings pour porter, lui aussi, des coups fatals à l’ennemi venant d’outre-Rhin.

Armes, munitions et explosifs enterrés dans une ferme familiale

« Nous étions une dizaine de résistants à intervenir dans le maquis lotois. Ce n’est pas beaucoup, mais à chaque fois nous avons réussi à obéir aux ordres de notre commandant. Je n’étais pas armé. Les armes étaient difficiles à obtenir dans les rangs de la Résistance. Mais j’en avais enterré dans la ferme familiale, avec des munitions et des explosifs pour nos combattants et en cas de grand besoin », souligne-t-il.

La cachette d’armes, la préparation d’explosifs et leur stockage faisaient en effet partie des spécialités de Jean Mazet. Un savoir-faire auquel il faut ajouter une vraie qualité pour la discrétion. Il savait se faire oublier.

Jean Mazet n’a rien oublié. Il est très précis.
Photo MS

Héros de la résistance et homme ordinaire à la ferme

« Personne à Gourdon et dans les environs n’a jamais su qui j’étais et ce que je faisais. Quand je ne répondais pas aux ordres du commandant de mon réseau de résistance, je ne restais pas au maquis avec les autres. J’ai continué mon travail agricole à la maison », a-t-il déclaré le plus simplement possible. Le héros de la Résistance redevient un homme ordinaire à la ferme. Mais lorsqu’il fallait agir, Jean était en première ligne et ne manquait jamais son tir.

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Johan Durand, auteur et ami de Jean Mazet.
Photo JD

«J’étais considéré comme un agent de liaison»

« Avec mes camarades, nous avons fait sauter une voie ferrée et un convoi transportant du ravitaillement destiné aux Allemands. Bien sûr, nous avons risqué nos vies, mais c’était la guerre. J’ai rencontré de grands résistants comme Jean-Jacques Chapou. Nous avons agi en pleine nuit, sans lumière. J’étais considéré comme un agent de liaison. Il fallait que je sorte les gens de leur torpeur, de la fatalité du nazisme et du régime de Vichy. ajoute-t-il.

Un curé est revenu à Montauban avec une valise pleine d’explosifs

Jean Mazet se souvient toujours de cette curieuse journée où il reçut la visite d’un habitant de Montauban vêtu d’un costume beige. « C’était un prêtre de la Résistance. Il est intervenu dans le Tarn-et-Garonne. Cet homme de foi est parti en train avec une valise remplie d’explosifs » explique l’expert hautement formé à ce mode opératoire.

Jean Mazet révèle un message du débarquement.
Photo MS

« Roses sans épines » : le message secret reçu trois mois avant le débarquement

Puis vint le jour J de la Libération. L’agent de liaison Mazet est de nouveau intervenu à cette date explosive de l’histoire de France.

« Nous avions été alertés du jour de l’atterrissage par un message secret diffusé à la radio. Les mots Roses sans épines si le code confidentiel signifiait que l’atterrissage aurait lieu dans trois mois. Le code, mais aussi le feu vert pour agir à nouveau, une dernière fois dans le Lot.

Des livres qui lui rendent hommage et la Légion d’honneur en récompense

« Le jour du débarquement sur les plages de Normandie, dans le Lot, nous avons reçu l’ordre de faire sauter les liaisons téléphoniques et de couper tous les réseaux de communication souterrains utilisés par les Allemands. » Une dernière mission parfaitement remplie par Jean Mazet.

La Légion d’honneur vient de lui être décernée.
Photo MS

Deux livres intitulés « Témoignages de Résistance » écrits et richement documentés par son ami Johan Durand citent quelques exploits de Jean Mazet, ainsi que d’autres faits marquants de la Résistance en Quercy-Périgord.

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Ses actes de bravoure lui ont également valu la plus haute distinction nationale : la Légion d’honneur, décernée mercredi 15 janvier dernier. Le jour de son anniversaire. Jean Mazet est un homme heureux qui a soufflé une bougie de plus, un autre souvenir. La flamme vivante de ses 101 ans.

 
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