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Les festivaliers de Ramdam replongent dans l’affaire Dutroux à travers le nouveau film de Fabrice du Welz, Maldoror

Connu pour Adoration ou même InexorableLe réalisateur Fabrice du Welz a largement documenté l’affaire Dutroux afin de s’en inspirer pour sa nouvelle fiction. « Il est évident qu’aborder un tel cas est impossible sans un gros travail de documentation exhaustif. Je voulais être le plus précis possible. Avec mon scénariste, nous avons travaillé en deux temps. D’abord du point de vue du gendarme zélé, impulsif, idéaliste, Paul Chartier. Ce fut une porte d’entrée sur l’affaire. Ensuite, on lit les 12 000 pages du dossier Dutroux afin de développer le personnage du policier. Est la petite histoire qui infiltre la grande histoire et la grande histoire qui fait grandir la petite histoire pour la simplifier »a-t-il expliqué à la fin du film projeté au Ramdam lors de la journée consacrée au cinéma belge.

Et Maldoror est présentée comme une fiction, il est parfois difficile pour le public de l’interpréter comme telle tant cette histoire a marqué l’expérience de chaque spectateur de plus de trente ans. « Où s’arrête votre fiction ? C’est la question que je me pose, car il y a beaucoup d’éléments qui sont liés à la réalité. La documentation est certaine”intervient un des festivaliers.

Fabrice du Welz: « Votre question est également revenue lors des précédentes avant-premières, car je crois que les gens voient le film avec les yeux de ce qu’ils ont vécu lors de l’affaire. Ils cherchent à établir des liens avec les faits réels. Certains m’ont permis de créer Paul Chartier. Si on prend du recul, on voit la fiction. De la même manière, nous avons choisi de ne pas contacter les vrais parents des victimes afin de préserver la liberté. ce n’était pas le sujet, puisque les parents et les petites filles ne sont montrés à aucun moment. Cela dit, lors de la présentation à Liège, on m’a annoncé à la fin du débat que Gino et Carine Russo, les parents de Mélissa, étaient dans la salle. sans le dire à personne. J’ai longuement discuté avec eux et ils ont compris le film. Ils m’ont dit que de toutes les fictions sur cette histoire, nous étions probablement celles qui se rapprochaient le plus de leur réalité. Cela m’a quand même libéré. d’un poids ».

Opposer les ténèbres à la lumière

Le réalisateur avait le choix entre deux thèses : celle du pédophile isolé ou celle du réseau. Il se dirigea vers le deuxième. «Pourquoi a-t-on ouvert la porte à cette pseudo-théorie du complot, d’un réseau avec complicité politique ? Cela ravive quelque chose que nous avons essayé de fermer. C’est une sorte de fantasme historique »demande un autre spectateur. La réponse de Fabrice du Welz est claire. S’il avait suivi la thèse officielle, « Cela aurait été un long métrage désastreux car il y a tellement de défauts. Penser que Dutroux est l’alpha ou l’oméga est illusoire. ». Il est conscient que la justice a tranché, mais il y a de facto plusieurs personnes qui ont interagi les unes avec les autres. « Il y a Marc Dutroux, Michèle Martin (épouse), Michel Lelièvre (co-auteur) ou encore Michel Nihoul (trafiquant de drogue). Bien sûr, je vais du côté des réseaux, car avec mon œil de cinéaste et les éléments du thriller, ça fait un meilleur film. ».

Le réalisateur a également voulu opposer l’obscurité à la lumière en mettant en scène (parfois longuement) la communauté italienne, la belle-famille du gendarme. Un contraste troublant pour certains compte tenu du sujet. « Durant la préparation, j’ai beaucoup traîné à Charleroi. Je suis tombé sur cette mission catholique italienne à Marchienne-au-Pont. J’ai été accueilli comme un fils par Angelo. Je me suis dit qu’on pouvait tourner ici et les membres se sont lancés dans l’aventure et le mariage entre Paul Chartier et sa femme a été conçu..

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Un rôle qui a freiné les acteurs belges

La responsabilité était telle d’endosser le rôle de l’agresseur d’enfants que plusieurs acteurs belges ont refusé de l’incarner ou simplement d’apparaître dans ce lourd projet. Dans un premier temps, c’est Benoît Poelvoorde qui était annoncé, mais il y a eu un retour en arrière pour des raisons de planning. Sergi Lopez a finalement reçu le prix des mains de Marcel Dedieu. “Comme il est catalan, il était assez loin de l’affaire”. Au casting, on retrouve encore les locaux, David Murgia (drogué) et Sarah Grosjean (journaliste).

Les visages français sont plutôt nombreux, notamment Mélanie Doutey (juge), Béatrice Dalle (mère de Paul Chartier), Jackie Berroyer (Jacky Dolman) et évidemment l’acteur principal, Anthony Bajon, repéré par le réalisateur dans Prière. « J’avais une idée préconçue un peu stupide. J’ai trouvé fou que Fabrice me propose le rôle alors que j’étais français, tout en sachant que l’affaire touchait toute une nation. Comme je suis né en 1994, je n’en savais pas grand-chose, par exemple sur la guerre policière, mais les noms résonnaient dans ma tête. Plusieurs années se sont écoulées entre l’appel du cinéaste et le moment du tournage. . Nous sommes allés voir la maison de Dutroux avant qu’elle ne soit démolie en 2023. ».

En salles ce mercredi, la fiction se veut une sorte d’apaisement, de catharsis et non un film « merdique ». C’est pourquoi Fabrice du Welz a réinventé la fin. « Je pense que nous avons encore beaucoup perdu en tant que nation. Le peuple belge l’a vécu comme une forme d’indignation. J’ai voulu redonner de l’intégrité à mes compatriotes à travers le personnage du policier”.

 
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