L’histoire de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) en Guadeloupe est très différente de celle de la France métropolitaine. Aujourd’hui encore, comparer les chiffres sans tenir compte du contexte pourrait perturber la compréhension. Mais si le nombre d’avortements pratiqués est important, l’avortement ne se substitue en aucun cas à la contraception pour les femmes qui y ont recours. Même si les organismes en charge de la question souhaitent généraliser l’éducation sexuelle aux plus jeunes afin que le choix d’un tel acte soit toujours fait en connaissance de cause.
FJO. avec B. Pansiot-Villon
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Publié le 17 janvier 2025 à 3h00
Alors qu’elle présentait en 1974 le projet de loi qui accordait aux femmes le droit à l’interruption volontaire de grossesse, Simone Veil soulignait devant les parlementaires que :
« Aucune femme n’a recours volontairement à l’avortement. »
Simone Veil, ministre de la Santé, novembre 1974
La loi a été promulguée le 17 janvier 1975. Bien avant ce vote, des voix s’étaient élevées en Guadeloupe pour que les femmes obtiennent ce droit et puissent en user, si elles le souhaitent. Parmi ces voix, celles du Parti communiste et surtout, celle de l’Union des femmes guadeloupéennes.
-Fils d’un des fondateurs du Planning familial, Jacques Bangou a vécu ces temps d’activisme qui ont précédé l’adoption de la loi. Gynécologue, il n’oublie pas non plus le rôle joué par les praticiens de sa discipline, particulièrement conscients des nombreux risques vitaux encourus lors d’actes clandestins. Dans l’ensemble, le corps médical était déjà objectivement compréhensif.
©Guadeloupe
50 ans après l’adoption de la loi, le nombre d’avortements en Guadeloupe atteint des niveaux records : 32,80 ont été pratiqués en 2023, soit 80 de plus qu’en 2022. Un chiffre qui place la Guadeloupe, après la Guyane, en tête des régions de France où le la plupart des avortements sont pratiqués : 40,6 pour mille contre 16,3 en France métropolitaine. (Voir l’étude de Data.drees.solidarités) Les femmes que le Planning Familial reçoit pour les accompagner et les conseiller.
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A noter également que, sur les 3 283 avortements recensés en Guadeloupe en 2023, 87 concernaient des femmes de moins de 18 ans, 175 pour des femmes de moins de 20 ans. Il faut dire qu’actuellement, 18% des jeunes femmes guadeloupéennes de 18 à 24 ans n’utilisent aucun moyen de contraception. En 2020, 21 % des femmes de moins de 45 ans n’utilisaient pas de contraception, soit 3 fois moins qu’en France).
Une raison suffisante pour le Planning Familial pour justifier la généralisation d’une information systématique sur la sexualité auprès des adolescents et jeunes adultes.
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