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A Paris, les adieux politiques à Jean-Marie Le Pen

Un portrait géant, en noir et blanc, de Jean-Marie Le Pen, large sourire, cheveux toujours blonds, pull marin, a été érigé dans la cour de l’église Notre-Dame du Val-de-Grâce, au 5e quartier de Paris. Cette photo, la famille du fondateur du FN, décédé le 7 janvier, l’apprécie particulièrement. Sans aucun doute, la figure la plus contestée et la plus vilipendée de notre histoire politique récente semble chaleureuse et de bonne humeur. Et elle était l’image de ses affiches en 2002, lors de cette campagne présidentielle qui fut un tournant pour l’extrême droite : son champion avait atteint le second tour, contre toute attente.

Un froid mordant accueille les invités qui s’approchent de l’église. Une messe est organisée ce jeudi à 11 heures, à l’initiative de ses trois filles, Marie-Caroline, Yann et Marine Le Pen. Après une cérémonie privée, samedi dans le fief breton de la Trinité-sur-Mer, ils ont souhaité cet adieu public, plus politique.

Plusieurs se sont détournés

Le bâtiment peut accueillir 480 places. Impossible d’y accéder sans une invitation validée par le Rassemblement national. La place est ouverte à la foule, admise toutefois après une fouille et un contrôle rigoureux. Officiellement pour neutraliser d’éventuels « antifas », éviter les excès. Mais il s’agit avant tout d’éviter certaines rencontres embarrassantes avec le « Menhir ». Le négationniste Thomas Joly, Henry de Lesquen, notoirement antisémite (il avait notamment dénoncé « la religion de la Shoah »), Jérôme Bourbon, patron de l’hebdomadaire Rivarol, et le multiple bagnard Dieudonné, dont la fille est la filleule, ont ainsi été rejeté. de Jean-Marie Le Pen.

Dieudonné n’a pas été autorisé à accéder à la cérémonie.

BERTRAND GUAY / AFP

A l’intérieur de l’église se mêlent plusieurs générations d’extrême droite. Personnages du canal historique du FN, compagnons de route des années 1980 : Bruno Mégret et son épouse, Jean-Claude Martinez, Carl Lang, Bruno Gollnisch…

Les députés marinistes, nouvelle vague du « camp national », sont également venus nombreux, souvent pour exprimer leur soutien au patron du RN. « Je suis ici par solidarité et affection avec Marine », commente Hélène Laporte, députée du Lot-et-Garonne. Je connaissais peu Jean-Marie Le Pen. Je l’avais vue quand j’étais petite, quand j’accompagnais mon grand-père aux soirées militantes Bleu-Blanc-Rouge. Jordan Bardella, Éric Zemmour, Éric Ciotti prennent également place dans l’église, avant que toute la famille Le Pen n’y entre.

11 heures. La cérémonie commence. Sur la place, quelques centaines de personnes écoutent et réfléchissent. Une grande majorité d’hommes. Durant l’Eucharistie, une partie du public s’agenouille. Des camarades de « Jean-Marie », d’un certain âge, ont épinglé une flamme tricolore, emblème du FN, au revers de leur veste. Certains se souviennent même de la campagne pour Tixier-Vignancour en 1965.

« Patriote indomptable »

De jeunes militants, souvent proches de Reconquête, ont également tenu à saluer celui qu’ils qualifient de « grand-père », selon les mots de Louis de Cacqueray, 32 ans, et d’Enguerrand, 31 ans. « Jusqu’au bout, il a assumé ses idées, dit quoi. pensa-t-il. Le RN a abandonné trop de dossiers pour tenter de plaire à la gauche et aux médias, ce qui ne sert à rien car on nous traite toujours de fascistes. Trump l’a bien compris ! » disent Louis Zenner, 19 ans, et Robin van de Kerkhove, 21 ans, tous deux en costume-cravate.

“Jusqu’au bout, il a assumé ses idées, a dit ce qu’il pensait”

Dans l’église, les hommages de Louis Aliot et de Marie-Caroline Le Pen, soulignent les origines modestes, la condition de pupille de la Nation, le « courage » de Jean-Marie Le Pen, son « amour de la ». Un « patriote indomptable », selon Marie-Christine Arnautu. Pas un mot de ses condamnations, de ses excès et de ses sorties verbales.

Son passé militaire dans la Légion étrangère est un autre fil conducteur des discours. L’ancien candidat à la présidentielle a combattu en Indochine puis en Algérie, un ultime engagement qui lui a valu d’être accusé d’avoir participé à des actes de torture.

Marion Maréchal Le Pen devant l’église

BERTRAND GUAY / AFP

Si Marine Le Pen, au premier rang, a choisi de ne pas prendre la parole, Marion Maréchal a prononcé un discours très politique. « Nous ne pouvons pas arrêter un peuple en mouvement, nous ne pouvons pas arrêter une idée vraie, nous ne pouvons pas arrêter un exemple juste ! » dit, avec passion, comme portée par le souvenir de son grand-père, la petite-fille de Jean-Marie Le Pen. « Une vie sans combat était pour vous une vie de mort-vivant. »

13 heures. La cérémonie se termine. Dans la foule, Frigide Barjot, ancienne égérie de la Manif pour tous, se prête à quelques selfies. Avant la dispersion, les partisans de Jean-Marie Le Pen entonnent la « para prière ». « Donnez-moi de la souffrance, puis de la gloire au combat. »

 
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