Ce n’est pas le début de la fin, mais c’est peut-être la fin du début. Après quatre jours de combat acharné, les pompiers de Los Angeles ont commencé vendredi à contenir les multiples incendies qui menacent la mégalopole californienne, grâce à une météo favorable et à l’apport de secours venus de toute l’Amérique du Nord, notamment du Québec.
Les cinq principaux incendies sont toujours actifs, mais les pompiers ont obtenu vendredi leurs premiers succès.
Selon le Département des forêts et de la protection contre les incendies de Californie, l’incendie de Palisades, qui a brûlé plus de 8 500 hectares de terrain et ravagé des centaines de bâtiments dans le quartier côtier de Pacific Palisades, est désormais maîtrisé à 8 %. C’est le premier progrès enregistré contre cet incendie qui brûle depuis maintenant trois jours. Plus de 3 000 pompiers et 23 hélicoptères sont mobilisés pour lutter seul contre cet incendie.
L’incendie d’Eaton, qui brûle au nord de la ville, près de Pasadena, n’est contenu qu’à 3 %. Elle a déjà ravagé 5 500 hectares. L’incendie de Sunset, qui a un temps menacé le célèbre quartier d’Hollywood et ses collines, est totalement maîtrisé.
Ces gains sont notamment imputables à l’affaiblissement des vents qui, depuis le déclenchement des incendies mardi, ont considérablement propagé les flammes, en plus de nuire au travail des pompiers. Selon les météorologues, ce calme ne serait que temporaire : les violentes rafales, aussi appelées vents de Santa Ana, pourraient reprendre avec violence samedi soir et dimanche matin.
Le bilan est désormais fixé à 10 morts, mais ce chiffre pourrait augmenter rapidement à mesure que les décombres seront fouillés, ont prévenu les autorités locales.
« Je pense que nous essayons encore de comprendre à quel point la situation est tragique. Nous ne connaissons pas encore la moitié de la vérité”, a déclaré le shérif du comté de Los Angeles, Robert Luna, lors d’une conférence de presse.
On estime qu’au moins 9 000 maisons et bâtiments ont été détruits jusqu’à présent par les flammes. Autant de restes qui devront être inspectés à la recherche de restes humains, a déclaré le chef des pompiers du comté, Anthony Marrone.
Plus de 153 000 habitants de la région font toujours l’objet d’ordres d’évacuation.
“Il aurait pu y avoir des morts”
Près de 7 500 pompiers sont actuellement déployés pour lutter contre ces incendies. Parmi eux, on retrouve une douzaine de Québécois, qui exploitent deux avions ravitailleurs Canadair CL-415 fournis par le gouvernement du Québec au comté de Los Angeles.
Les deux avions ont effectué une cinquantaine de largages sur les incendies de Palisades et de Kenneth depuis leur entrée en action mardi. Leur mission a toutefois été perturbée lorsqu’un avion a percuté un drone civil en plein vol jeudi.
Aucun blessé n’a été signalé, mais la collision a perforé l’aile gauche du Canadair, qui est depuis immobilisé jusqu’à nouvel ordre.
“Il aurait pu y avoir des morts”, a expliqué Pascal Duclos, chef pilote au Service aérien du gouvernement, lors d’un point de presse virtuel.
« Vous pouvez imaginer les conséquences si le drone heurtait un moteur ou même le cockpit, ou le réservoir de carburant. Le pilote aurait pu être tué ou grièvement blessé. »
Ce n’est que lors de l’inspection de l’avion après l’atterrissage que les dégâts ont été constatés. Selon M. Duclos, l’impact aurait pu se produire alors que l’avion-citerne remplissait ses réservoirs dans l’océan, à proximité de zones habitées.
Le ministre québécois de la Sécurité publique, François Bonnardel, a également annoncé que Québec enverrait la semaine prochaine deux avions-citernes supplémentaires et leur équipage pour lutter contre les incendies. Ces renforts seront opérationnels en début de semaine prochaine.
“La sécheresse est toujours critique et il n’y a pas encore eu de pluie, mais les vents permettent à tous les pompiers d’avancer bien sur tous les incendies”, a évalué Pascal Duclos.
« Les travaux commencent à porter leurs fruits. Nous sommes sur la bonne voie, il ne reste plus qu’à espérer que Dame Nature sera aussi de notre côté et nous épargnera des vents comme ceux du début de semaine. »
Ambiance apocalyptique
La qualité de l’air est toujours considérée comme mauvaise dans plusieurs quartiers de Los Angeles en raison de la fumée dense dégagée par les incendies.
« Nous ne pouvons pas rester dehors longtemps. Vite, on se met à tousser, on a le nez qui coule”, raconte-t-il. Devoir Marcelle Gravel, une Québécoise habitant le quartier Silver Lake.
Alors qu’elle craignait de devoir évacuer la résidence qu’elle occupe avec son conjoint depuis 27 ans, Mme.moi Gravel a finalement pu rester chez elle après le retrait du Sunset Fire, qui brûlait à proximité. Par mesure de sécurité, elle a quand même scellé les portes et les fenêtres avec du ruban adhésif pour empêcher l’air vicié de pénétrer dans sa maison.
« On traverse des montagnes russes, c’est très stressant. Nous ne savons pas si les lumières reviendront », a déclaré celle qui travaille comme décoratrice dans l’industrie du cinéma et de la télévision.
« Nous sommes tous très inquiets. Beaucoup de nos amis ont perdu leur maison et d’autres sont partis. »
Pour Sergine Dumais, qui vit dans le quartier de Hancock Park, non loin d’Hollywood, l’atmosphère de Los Angeles n’est pas sans rappeler l’une des plus grandes catastrophes de l’histoire américaine.
«J’habitais à New York le 11 septembre 2001, c’était la même chose», raconte le Québécois, qui enseigne au campus californien de l’American Musical and Dramatic Academy.
« L’air est épouvantable, les yeux piquent. Il y a des cendres dans l’air, on ne peut pas respirer sans masque. »
Les deux femmes affirment gérer la situation un jour à la fois, voire une heure à la fois.
«On est dans l’incertitude», reconnaît Marcelle Gravelle. On se dit qu’au final, ce qui compte c’est notre vie et celle de nos amis. Le reste n’a pas d’importance, il peut être remplacé. Mais quand même, Los Angeles est une très belle ville, c’est triste de la voir s’effondrer sans qu’on puisse rien faire. »
A voir en vidéo
Related News :