Preuve, s’il en était besoin, que l’esprit de Noël existe toujours. Pour le trouver, il faut se rendre à l’hôtel Première Classe de Chambray-lès-Tours. C’est ici que Johan Depraetere, sans abri et sans ressources, est hébergé, grâce à un fort élan de solidarité des Tourangeaux. “C’est un miracle”» reconnaît Fleming, 56 ans, ému à l’idée de passer les vacances au chaud.
“Eric a frappé à ma porte, il m’a dit : “J’ai une surprise pour toi””
Depuis fin novembre, des dizaines de bienfaiteurs ont contacté l’hôtel pour prolonger leur séjour. « Un effet boule de neige »selon Éric, le directeur de l’établissement. « Du jamais vu » pour Fanny, bénévole à Main dans la main 37. Connue pour son action auprès des sans-abri, l’association avait initialement financé trois nuits d’hôtel à Johan.
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C’était avant que Hand in Hand ne publie sur sa page Facebook un appel à la solidarité, invitant les internautes à réserver des nuits supplémentaires. « Le lendemain de mon arrivée, Eric a frappé à ma porte, il m’a dit : “J’ai une surprise pour toi.” Les gens continuent d’appeler tous les jours et apportent même des plats préparés à la réception de l’hôtel. Une fois, j’ai mangé une boîte de foie gras”sourit Johan.
Il a un toit au-dessus de sa tête jusqu’au 21 janvier au moins. Depuis deux ans et demi, l’homme dormait sous le porche de la cathédrale de Tours. « À la longue, dormir dehors devient très dur moralement et physiquement, il explique. Un lit, un micro-onde et surtout une douche, ça me suffit. »
Johan souffre de la maladie de Lyme, une pathologie invalidante au quotidien. Il a souvent besoin “de ses amis” porter son sac à dos et ne voyage jamais sans sa coquille de pèlerin et son passeport Saint-Jacques-de-Compostelle.
« Trois fois le tour du monde »
Avant de devenir populaire à Tours, l’ex-scout, randonneur invétéré, a d’abord été populaire dans toute la Flandre, la France et ses pays voisins. Il a parcouru tous les chemins de Compostelle depuis 1993. C’était après avoir quitté son métier de pêcheur en mer du Nord, à la suite d’un naufrage, puis d’une grave dépression.
Un parcours semé d’embûches comme en témoignent les dizaines d’articles de presse qu’il a soigneusement consignés dans un classeur. Parfois décrit comme « vagabond de Dieu »de « Pèlerin des temps modernes »souvent sans abri “pas comme les autres”. « Rien ne m’arrête. Au total, j’ai parcouru 135 000 km, soit trois fois le tour du monde. »
Une solution temporaire
La maladie de Lyme l’empêche désormais de marcher “comme avant”. Il choisit de s’installer à Tours, la ville de Saint Martin. L’hôtel est une solution temporaire puisqu’il reste sans ressources et est attentif au fait que l’Etat ne veut pas lui verser d’aide. Pas même l’allocation aux adultes handicapés, pourtant reconnue comme telle.
Un Noël chaleureux est toujours un succès. Le fervent catholique envisageait de regarder la messe à la télévision. Et c’est tout. “Je déteste cette période, sauf la religion, les fêtes, il explique. Pour le reste, je suis content d’être seul. Des jouets utilisés deux ou trois fois avant d’être mis au grenier, des frigos remplis de nourriture qui finissent à la poubelle… Tout cela me choque. »
Pour réserver une chambre (39 € la nuit), apporter des repas ou faire un don pour permettre à Johan d’acheter des tickets de bus, vous devez appeler l’hôtel Première Classe au 02.47.71.95.99. Mehdi, un autre SDF accompagné par Main dans la main 37, y est également hébergé.
“Je ne fête pas Noël”
Distribution de colis de Noël, réveillon solidaire… De nombreuses associations œuvrent en faveur des plus démunis pendant la période des fêtes. « Je ne fête pas Noël d’habitude, je compte participer au Secours catholique avec un ami et mon chien cette année »confie Julien, un SDF habitué à mendier rue Nationale. Un peu plus loin, Gilles, connu pour jouer aux échecs avec les passants, envisage de fêter Noël en famille. Pour Christophe, le réveillon du 24 décembre était un jour comme les autres. Il ne participe plus aux événements de solidarité à cause des « bagarres » avec d’autres sans-abri. « Je ne fais rien d’autre que prier pour me réveiller le lendemain. »
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