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Affaire Pelicot, l’ex-mari coupable de viol condamné à 20 ans de prison

Dominique Pelicot a été condamné à vingt ans de prisonou la peine maximale demandée par le parquet. L’homme de 72 ans, qui a admis avoira drogué sa femme pendant près d’une décennie et a invité des dizaines d’étrangers rencontrés sur Internet à la maltraiter alors qu’elle était inconscientea été reconnu coupable jeudi 19 décembre 2024 de viol aggravé, pour avoir réalisé et diffusé des photographies et images explicites de son ex-épouse Gisèle Pelicot sans son consentement, et pour avoir réalisé et diffusé des images à connotation sexuelle de sa fille Caroline et des épouses de ses enfants. Le verdict, attendu dans le monde entier, a clôturé un procès qui a choqué la , déclenché de profondes discussions sur la culture du viol et la masculinité toxique et transformé Gisèle Pélicotqui a choisi de renoncer à l’anonymat au nom de la conviction que « la honte doit changer de camp : souvent, lorsqu’on est victime de violence, on a honte, mais Ce n’est pas nous qui devrions avoir honte, c’est eux», chez une héroïne féministe. Avec Pelicot, les 51 coaccusés du procès ont été condamnés, c’est-à-dire tous ceux que la police a pu identifier grâce aux vidéos des violences.

Gisèle Pélicot elle est arrivée dans la salle d’audience d’Avignon escortée par des agents, parmi la foule qui l’applaudissait. La femme qui a eu 72 ans il y a quelques jours a écouté en silence la lecture du verdict, la tête haute, comme elle l’a toujours fait depuis le 2 septembre, date du début du premier grand procès qui parle ouvertement de soumission chimique. Peu connue du grand public, cette asservissement chimique est un phénomène grandissant, suivi en France par l’association M’endors pas, fondée par Caroline Darian, fille de Gisèle Pelicot, qui a également écrit un livre sur l’histoire de sa mère intitulé Et j’ai arrêté de t’appeler papa : quand la soumission chimique devient l’arme du viol (Harper Collins éd.). Depuis la parution du livre et le lancement de M’edors pas, Darian ne compte plus les demandes d’aide reçues : rien qu’en 2022 en France plus de 2 000 plaintes ont été déposées sur ce sujet, soit une augmentation de 69 % par rapport à l’année précédente, mais on estime qu’ils ne représentent que 10 % du total.

CLÉMENT MAHOUDEAU//Getty Images

En effet, pendant dix ans, Dominique Pelicot donnait régulièrement à sa femme, à l’heure du dîner et les émiettait dans son repas, plusieurs comprimés de Temesta, le médicament vendu en Italie sous le nom de Tavor, une benzodiazépine utilisée pour traiter l’anxiété et l’insomnie. Une fois que le médicament avait fait effet, l’homme laissait entrer dans la maison les hommes du chat appelés. « Un fils insu », « À son insu », avec qui il avait préalablement conclu un accord leur permettant de violer sa femme inconsciente. Dans cette conversation, les hommes ont parlé de ce qu’ils définissaient eux-mêmes comme des relations sexuelles, mais qui en réalité étaient des viols : des rapports sexuels avec leurs partenaires à leur insu. En 2024, après 18 mois d’enquête menée à travers toute l’Europe, le site est fermé et son propriétaire arrêté. Pélicot, désormais condamné à vingt ans de prison après un procès qui a duré trois mois et demi, a tout filmé. Sur une clé USB, les enquêteurs ont trouvé un dossier intitulé « ABUS ». Il contenait des centaines de vidéos cataloguées par date, nom du violeur tel qu’il apparaissait dans le chat et numéro de viol. Les dossiers présents dans ce dossier étaient au nombre de 128 et les viols qui semblent avoir été commis sur la femme étaient au nombre de 92. La liste contenait les noms de 83 violeurs. La police, au cours des deux années d’enquête qui a suivi, a identifié 51 d’entre eux, qui ont ensuite été arrêtés. Même si vous pouvez demander à rester anonyme et à avoir un procès à huis clos, comme le permet la loi française en cas de violences sexuelles, Gisèle Pelicot a décidé d’en faire une publique pour que son histoire et ses propos puissent toucher le plus grand nombre. « J’ai voulu en faire un événement médiatique parce que je veux que la société change »dit-il.

NurPhoto//Getty Images

Il n’y avait aucun suspense quant à sa condamnation, puisque Pelicot était un délinquant avoué, mais la nouvelle est que les juges l’ont également reconnu coupable des images tournées de sa fille Caroline, convaincue qu’elle aussi avait été droguée et victime de violences. Caroline est au premier rang, avec ses deux frères, David et Florian, qui ont qualifié leur père de « Démon ». Pelicot a également été reconnu coupable du viol d’une autre femme, abusée avec la complicité de son mari. En revanche, la sentence éventuelle à l’encontre des complices de Pélicot était plus incertaine. Les vidéos des violences sexuelles ont été projetées dans la salle d’audience dans toute leur crudité. Incapables de nier les faits, la plupart des prévenus ont soutenu qu’ils ignoraient que Gisèle avait été droguée. D’autres étaient persuadés de participer à un « jeu libertin » entre mari et femme. Les avocats de la défense ont tous tenté de faire valoir ces arguments, mais au final, les condamnations ont été prononcées contre tous. « Merci Gisèle », est aussi écrit sur une banderole accrochée la nuit dans les anciens murs d’Avignon, et ce merci est une pensée et une étreinte partagée dans le monde entier par quiconque déteste la violence, l’oppression, l’injustice.

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