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La justice française doit ouvrir une enquête

Paris, le 17 décembre 2024. La Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) et ses organisations palestinienne et française Al-Haq, Al Mezan, le Centre Palestinien des Droits de l’Homme (PCHR) et la LDH (Ligue des Droits de l’Homme) ont déposé aujourd’hui une plainte appelant à la création d’un une partie civile au sein de l’Unité des Crimes contre l’Humanité du Tribunal Judiciaire de Paris contre Yoel O., un soldat franco-israélien qui a servi à Gaza dans le cadre de la campagne génocidaire menée par Israël contre les Palestiniens. Ce dernier est accusé de crimes de guerre, crimes contre l’humanité, génocide, torture et complicité de ces crimes commis contre des Palestiniens détenus en Israël.

La saisine du juge d’instruction s’appuie sur une vidéo multi-séquence publiée sur les réseaux sociaux. Il identifie des détenus palestiniens vêtus de combinaisons blanches, les mains liées et les yeux bandés, soumis à des insultes en français. Au moins un des détenus présente des signes visibles de torture. Yoel O. serait l’auteur de cette vidéo.

Issam Younis, directeur d’Al Mezances: ” Nous avons fourni aux autorités judiciaires françaises des témoignages de victimes palestiniennes qui ont subi de graves formes de torture alors qu’elles étaient détenues par Israël. Ces récits correspondent fortement aux méthodes employées dans la vidéo, illustrant la nature systématique de ces actions et reflétant la politique sanctionnée par l’État. Ces éléments de preuve soulignent la nécessité urgente de lutter contre ces crimes et de poursuivre ces crimes à tous les niveaux, y compris au sein des juridictions nationales. ».

Shawan Jabarin, directeur général d’Al-Haqces: ” Les Palestiniens de Gaza ont subi des disparitions forcées aux points de contrôle, ont été transférés dans des camps de détention contrôlés par Israël et ont été soumis aux méthodes de torture les plus extrêmes et les plus brutales. Ces actes odieux sont catégoriquement interdits par le droit international. Il est urgent que la enquête, poursuit et punisse ses citoyens impliqués dans des crimes internationaux, notamment le génocide à Gaza. ».

A ce jour, aucune information judiciaire n’a été ouverte en France

Depuis le 7 octobre 2023, la campagne génocidaire menée par Israël à Gaza a tué au moins 44 000 Palestiniens et en a blessé 105 000 autres. De nombreux éléments établissent que des crimes internationaux ont été commis par plusieurs des quelque 4 000 citoyens français mobilisés dans l’armée israélienne. Toutefois, à ce jour, les autorités françaises n’ont ouvert aucune enquête judiciaire sur ces crimes.

Raji Sourani, directeur général du PCHRces: ” Un État qui prétend être démocratique et respecter le droit international doit immédiatement enquêter et demander des comptes à ses citoyens impliqués dans la commission de crimes internationaux, tels que la torture. Des centaines de citoyens français seraient impliqués dans des crimes contre des Palestiniens dans le cadre du génocide en cours contre les Palestiniens dans la bande de Gaza, et les autorités françaises ont l’obligation morale et légale de traduire en justice les personnes impliquées. La France ne doit pas être un refuge pour les criminels ni permettre l’impunité ».

Depuis le 7 octobre 2023, dans le cadre de son invasion terrestre de Gaza, l’armée israélienne a arrêté des milliers de civils palestiniens, dont des enfants, des personnes âgées, des journalistes et du personnel soignant. Bien que les Palestiniens de Gaza soient des personnes protégées en vertu de la Quatrième Convention de Genève, Israël les détient en vertu de la Loi sur les combattants illégaux. Cette loi a été modifiée à plusieurs reprises par les autorités israéliennes au cours de l’année écoulée et, depuis sa dernière modification, permet aux personnes d’être détenues sans inculpation pendant 30 jours et de se voir refuser l’accès à un avocat pendant au moins 45 jours.

Lors de leur détention et de leurs transferts, les Palestiniens sont soumis à diverses formes de violence physique et psychologique, de torture, d’autres peines et traitements cruels, inhumains ou dégradants, ainsi que de disparitions forcées, qui constituent des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et un génocide.

« Enquêter sur les crimes commis par des binationaux servant dans l’armée israélienne est l’un des éléments essentiels de la réponse judiciaire aux atrocités massives commises par Israël à Gaza. », a-t-il déclaré Alexis Deswaef, avocat des requérants et vice-président de la FIDHet Clémence Bectarte, avocate et coordinatrice du Groupe d’action judiciaire de la FIDH. « Compte tenu de l’ampleur des crimes commis, l’enquête menée par la CPI n’est pas suffisante. Chaque État susceptible d’exercer sa compétence doit ouvrir des informations judiciaires ».

« Il est - que la justice française se penche sur les crimes internationaux commis par des citoyens français combattant dans l’armée israélienne. » déclare-t-il Nathalie Tehio, présidente de la LDH. « L’État français doit prendre ses responsabilités. Elle ne peut tolérer que les abus commis par ses citoyens restent impunis. ».

Une première plainte a été déposée contre Yoel O. en avril 2024. Elle a cependant été rejetée car, selon l’accusation, le délit n’était pas suffisamment qualifié. Nos organisations se transforment en parties civiles pour lutter contre l’inertie du parquet.

 
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