(Bruxelles) Moins de deux mois avant le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, l’Ukraine a fait pression mardi sur les pays de l’Otan pour qu’ils soient invités à les rejoindre, mais les ministres des Affaires étrangères de l’Alliance, réunis à Bruxelles, devraient tergiverser.
Olivier BAUBE
Agence France-Presse
La « seule véritable » garantie de sécurité pour l’Ukraine est une adhésion « à part entière » à l’Otan, a rappelé mardi la diplomatie ukrainienne. Cette adhésion constituerait une menace « inacceptable » pour la Russie, a rétorqué le Kremlin.
Très prudemment, le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, a simplement réitéré la position de principe de l’Alliance. Le processus menant à l’adhésion de l’Ukraine est « irréversible », a-t-il rappelé à la presse, sans toutefois évoquer de calendrier.
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andriï Sybiga entend cependant réitérer ce message lors d’un dîner de travail à Bruxelles avec ses 32 collègues de l’Otan, sans se faire d’illusions sur ses chances d’être entendu cette semaine.
L’Ukraine souhaite aborder d’éventuelles négociations de paix avec la Russie en position de force et avec des garanties de sécurité suffisantes. Et pour elle, une invitation à rejoindre l’OTAN est de loin la meilleure garantie contre la Russie.
Plusieurs pays de l’Alliance, Etats-Unis en tête, sont toutefois réticents à prendre cette « décision monumentale », comme l’a qualifiée un diplomate à Bruxelles.
Les responsables américains reconnaissent en privé qu’il est peu probable qu’une telle invitation soit lancée quelques semaines seulement avant le début de la nouvelle présidence Trump.
« Un tel geste avant l’arrivée de la nouvelle administration rendrait Trump furieux et il prendrait immédiatement le point de vue contraire », reconnaît un diplomate européen de l’Otan.
Cette décision prendra du - et le sujet ne sera véritablement évoqué que l’année prochaine, avant le sommet de l’Alliance prévu fin juin à La Haye, estime un autre.
Mais d’ici là, il est essentiel de réfléchir aux garanties que l’OTAN, ou du moins certains de ses membres, pourraient donner à l’Ukraine, surtout à l’heure où la perspective de négociations de paix semble plus proche, selon cette Source. .
Donald Trump a promis de faire la paix en Ukraine « en 24 heures », mais sans vraiment dire comment il compte le faire.
Les pays européens de l’OTAN craignent d’être exclus d’une éventuelle négociation et plusieurs d’entre eux cherchent des moyens de s’assurer une place à la table, ont déclaré des diplomates de l’OTAN.
« Le front se déplace d’est en ouest »
Et certains de ces pays n’excluent pas d’envoyer des troupes sur le sol ukrainien, par exemple pour surveiller l’instauration d’un éventuel cessez-le-feu, ont indiqué ces diplomates. Or, soulignent-ils d’emblée, cette discussion n’a pas lieu au sein de l’OTAN, mais entre alliés européens. Le sujet ne sera donc pas à l’ordre du jour mardi, ni mercredi, deuxième jour de cette réunion ministérielle au siège de l’Otan.
“La réunion se concentrera sur la manière de garantir que l’Ukraine, lorsqu’elle décidera d’entamer des négociations, le fera en position de force”, a assuré Rutte mardi.
Car, a-t-il souligné, « le front se déplace d’est en ouest, et non d’ouest en est ». L’armée russe a de nouveau revendiqué mardi la conquête de deux villages des régions ukrainiennes de Donetsk (Est) et Zaporizhia (Sud), où ses troupes, plus nombreuses que celles de Kiev, sont à l’offensive et gagnent du terrain sur l’ensemble du front à un rythme soutenu. une vitesse jamais vue depuis mars 2022.
« La Russie ne fait pas de cadeaux. Et nous ne pouvons garantir la paix que par la force : la force de nos armes, de notre diplomatie et de notre coopération», a exhorté lundi M. Zelensky à Kiev, aux côtés du chancelier allemand Olaf Scholz.
Washington a annoncé lundi une aide militaire supplémentaire à l’Ukraine, évaluée à 725 millions de dollars et comprenant des missiles et des mines antipersonnel, selon le secrétaire d’État américain Antony Blinken.
Lors d’une réunion de l’OTAN la semaine dernière à Bruxelles, l’Ukraine a réclamé des systèmes de défense aérienne capables de la protéger du nouveau missile balistique russe Orechnik lancé par Moscou.
Ces systèmes incluent le système américain THAAD ou le système Arrow développé par les États-Unis et Israël.
Related News :