Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (d) et le chancelier allemand Olaf Scholz devant le mémorial improvisé en hommage aux combattants ukrainiens et étrangers, place de l’Indépendance à Kiev, le 2 décembre 2024 (AFP / Roman PILIPEY)
Le chancelier Olaf Scholz effectue lundi une visite surprise à Kiev, réaffirmant son soutien et proposant une nouvelle aide à l’Ukraine, qui voit avec méfiance sa reprise de contact avec Vladimir Poutine et son idée de pousser les belligérants à la négociation.
Ce déplacement inattendu d’une journée intervient au moment où les forces ukrainiennes se replient sur le front et où l’arrivée en janvier de Donald Trump à la Maison Blanche fait craindre un arrêt de l’aide américaine à Kiev.
Elle intervient aussi un peu plus de deux semaines après un entretien téléphonique entre la chancelière et le président russe – le premier depuis décembre 2022 –, critiqué par l’Ukrainien Volodymyr Zelensky.
MM. Scholz et Zelensky devraient se rencontrer et s’adresser à la presse lundi après-midi.
Sa visite vise à « exprimer » sa « solidarité avec l’Ukraine », selon la chancellerie.
La nuit précédant son arrivée, la Russie a lancé une nouvelle attaque aérienne de grande ampleur contre l’Ukraine, utilisant une centaine de drones et faisant un mort et trois blessés dans la ville de Ternopil, dans l’ouest de l’Ukraine. Ukraine.
La dernière visite de Scholz remonte à juin 2022, notamment en compagnie du président français Emmanuel Macron, quelques mois après le début de l’invasion russe en février 2022.
Olaf Scholz a annoncé lundi à son arrivée à Kiev une aide militaire supplémentaire de 650 millions d’euros, qui sera livrée en décembre.
L’Ukraine, manquant d’hommes et d’armes, a cruellement besoin de soutien, alors que l’armée russe accélère sa progression, notamment à l’Est.
Depuis l’invasion russe, l’Allemagne est le deuxième fournisseur d’aide militaire à Kiev, après les Etats-Unis, et entend « rester le principal soutien de l’Ukraine en Europe », selon le dirigeant allemand.
– « Survie » de l’Ukraine –
Mais malgré les demandes répétées de Kiev, la chancelière a inlassablement refusé de fournir à Kiev des missiles Taurus à plus longue portée afin d’éviter, dit-il, une escalade avec Moscou.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (d) et le chancelier allemand Olaf Scholz se familiarisent avec les derniers modèles de drones à Kiev, le 2 décembre 2024 (AFP / Tetiana DZHAFAROVA)
Une position qui ne devrait pas changer, maintenant que Vladimir Poutine menace de frapper les pays occidentaux autorisant l’usage de tels missiles, à savoir les États-Unis et le Royaume-Uni.
Un autre point de désaccord entre Kyiv et Berlin est l’OTAN.
Alors que le président ukrainien a encore réclamé ce week-end une invitation à adhérer à l’Otan « nécessaire à la survie » de l’Ukraine, l’Allemagne fait partie des alliés qui jugent cette démarche prématurée.
Volodymyr Zelensky a assuré dimanche que son pays avait besoin de davantage d’armes et de garanties de sécurité de la part de l’Otan avant d’éventuelles négociations avec la Russie.
Le Kremlin a déclaré qu’il n’avait pas d’« attentes » particulières concernant la visite de Scholz à Kiev, mais, à l’inverse, s’est une nouvelle fois félicité de la reprise du dialogue entre la chancelière et M. Poutine à la mi-novembre, sur initiative de Berlin.
– « Satisfaction » du Kremlin –
“Je ne dirais pas que nous avons des attentes concernant cette visite”, a déclaré aux journalistes le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, “mais nous voudrions réitérer notre satisfaction du fait qu’il y ait eu récemment un premier contact depuis longtemps entre le président et le chancelier ».
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (d) et le chancelier allemand Olaf Scholz, place de l’Indépendance à Kiev, le 2 décembre 2024 (AFP / Roman PILIPEY)
Le président Zelensky a ensuite accusé M. Scholz d’avoir ouvert une « boîte de Pandore » en s’entretenant avec M. Poutine, Kiev craignant que les alliés, fatigués du conflit et intimidés par Moscou, finissent par pousser l’Ukraine à des concessions territoriales, lui accordant un accord militaire et géopolitique. victoire de Moscou.
D’autant que l’incertitude sur le soutien américain à l’Ukraine avec le retour à la Maison Blanche en janvier de Donald Trump, a alimenté les appels à l’ouverture de négociations.
Dans le même temps, Moscou et Kiev intensifient leurs attaques aériennes, l’Ukraine ayant désormais le droit, depuis que la Russie a reçu le soutien présumé de plusieurs milliers de soldats nord-coréens, de frapper en Russie avec des ATACMS américains et des missiles britanniques Storm Shadow, des projectiles à portée de quelques centaines de kilomètres pour frapper l’arrière de l’armée russe.
Le Kremlin a lancé un missile hypersonique expérimental sur une ville ukrainienne, a menacé de frapper l’Europe et les États-Unis et a assoupli les conditions d’utilisation des armes nucléaires. Moscou intensifie également ses bombardements sur les infrastructures énergétiques ukrainiennes à l’approche de l’hiver.
Sur le front de l’Est, les avancées de l’armée russe se sont accélérées jusqu’à atteindre un niveau sans précédent depuis les toutes premières semaines de la guerre.
En Allemagne, Olaf Scholz est un leader affaibli depuis l’effondrement de sa coalition en novembre.
Il tente de se poser en chancelier de la paix, prônant une politique de retenue en Ukraine, pour tenter de rattraper son retard dans les sondages face aux conservateurs, jugés plus bellicistes, avant les élections législatives anticipées le 23 février.
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