Le décès d’Abdirahman Abdi en 2016 a été l’« étincelle » menant à la création d’un organisme aidant les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale et de toxicomanie à Ottawa.
Sa mort a certainement été une étincelle. Il y a eu aussi le mouvement Les vies des noirs comptent à l’échelle internationale, mais le point de départ est la pression dans la communauté d’Ottawa
expliqué Liz Wigfulll’une des deux femmes à la tête du Conseil politique en matière de santé mentale et de lutte contre les dépendances d’Ottawa.
Elle a témoigné vendredi après-midi au 10ème jour de l’enquête du coroner sur la mort de M. Abdi, au lendemain d’une arrestation brutale.
Les problèmes de santé mentale de M. Abdi ont été documentés pour la première fois dans un rapport de police le 25 janvier 2016, le jour où M. Abdi a appelé le 911 pour demander de l’aide à la police. (Photo d’archives)
Photo : avec l’aimable autorisation
Lors de ce témoignage, Liz Wigfull était accompagnée de sa collègue Sahada Alolo. Avant de lancer l’organisation en 2021, les deux femmes ont multiplié les consultations à travers la ville, rencontrant 1 200 personnes, disent-elles.
Un certain nombre de personnes ne font pas confiance à la police. Certaines personnes n’osent même pas appeler le 911 parce qu’elles ont déjà été victimes d’intimidation ou de racisme.
a expliqué Mme Alolo d’emblée.
Lorsqu’une personne fait une surdose, elle préfère utiliser sa dose de naloxone plutôt que d’appeler les services d’urgence. Ils disent avoir peur d’être criminalisés
a-t-elle ajouté.
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Sahada Alolo est également coprésidente du Conseil d’équité communautaire du Service de police d’Ottawa. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Jean Delisle
Le racisme systémique reconnu
La mort du Somalien-Canadien n’est pas le seul événement qui a ébranlé les relations entre la police d’Ottawa et les communautés racisées.
Le cas de M. Abdi a toutefois secoué de nombreux Somaliens vivant à Ottawa, qui ont admis à plusieurs reprises depuis 2016 avoir peur de la police. Même le Conseil d’orientation, qui s’adresse à la diaspora de ce pays d’Afrique de l’Est, affirme avoir du mal à les atteindre.
Il existe de nombreux services pour la communauté somalienne, mais le manque d’informations et la stigmatisation font que les gens ne demandent pas d’aide. C’est également notre principal défi pour la communauté noire africaine et caribéenne.
a raconté Alolo sur le terrain.
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La mort de M. Abdi a affaibli les liens entre la communauté somalienne et la police d’Ottawa. L’agent Daniel Montsion a finalement été déclaré non coupable en 2020. (Photo d’archives)
Photo : La Presse Canadienne / FRED CHARTRAND
Madame Wigfull je tenais néanmoins à souligner que le Service de police d’Ottawa (SPO) est membre du Conseil d’orientation depuis le début. Il veut faire partie de la solution. Cela fait partie de notre système. Il a contribué à notre financement, en plus de partager des informations.
Mme Alolo est allée encore plus loin, assurant que chaque membre du OPP qui a interagi avec le Conseil d’Orientation reconnu
que le racisme systémique existe au sein des forces de police.
C’était la base de notre conversation. Tous les membres [de la police] l’a admis.
Limites du programme ANCHOR
Le Conseil politique de santé mentale et de lutte contre les dépendances d’Ottawa a lancé en grande pompe l’été dernier le programme ANCHOR, qui vise à fournir un soutien aux personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale ou de toxicomanie. Cette dernière bénéficie également d’un financement de la Ville d’Ottawa.
Pour l’instant, l’aide de ce groupe de partenaires se limite au centre-ville d’Ottawa, mais l’objectif est de l’étendre à toute la ville
a assuré Mme. Wigfull.
Nous répondons aux appels qui ne sont pas de nature violente. Composez simplement le 211
a-t-elle ajouté.
Souvent, les gens n’ont pas besoin de l’hôpital ou de la police. Ils ont juste besoin d’écoute et de soins.
En contre-interrogatoire, deux avocats ont posé des questions sur les limites d’ANCHOR. Il s’agit de Rick Frankde Comité de défense de l’action noireet d’Anita Îlequi fonctionne pour Conseil d’autonomisationune organisation qui défend les personnes atteintes de maladie mentale.
L’ANCRE ne répond pas aux appels à caractère violent ou criminel, même s’il s’agit de santé mentale.
Madame Wigfull a reconnu que le travail accompli depuis le décès de M. Abdi n’aurait fait aucune différence pour M. Abdi
notamment parce qu’un appel au 211 pour une crise de santé mentale où un crime a été commis est immédiatement transféré au 911.
Dans le cas d’Abdirahman Abdi, le 24 juillet 2016, il souffrait de problèmes de santé mentale, mais depuis qu’il a touché et agrippé des femmes dans un café d’Ottawa, l’ANCRE n’aurait pas été appelée à intervenir.
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Dave Weir (à gauche) et Daniel Montsion tentent de menotter Abdirahman Abdi le 24 juillet 2016. (Photo d’archives)
Photo : capture d’écran
Les deux témoins ont également précisé qu’il n’est pas question pour l’instant de créer un système favorisant une réponse commune où les spécialistes en santé mentale travailleraient de concert avec les policiers.
Ce n’est pas ce que veut la communauté
dit Mme Alolo.
Avec les informations de Guy Quenneville, Radio-Canada Nouvelles
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