(Beyrouth) L’armée israélienne a annoncé jeudi avoir mené une frappe aérienne contre une installation du Hezbollah au sud du Liban, la première depuis le début, la veille, d’une trêve encore fragile.
Publié à 6h27
Mis à jour à 11h21
Aya ISKANDARANI avec Anne-Sophie LABADIE à Jérusalem
Agence France-Presse
L’armée libanaise a commencé à déployer des troupes et des blindés au sud du Liban, comme le prévoit l’accord de cessez-le-feu qui a mis fin à la guerre entre Israël et le Hezbollah, et dont elle doit assurer la délicate application.
Dès son entrée en vigueur mercredi à 21 heures (heure de l’Est), des dizaines de milliers de résidents déplacés se sont précipités pour rentrer chez eux dans le sud, la banlieue sud de Beyrouth et l’est du Liban, bastions du Hezbollah.
L’armée israélienne a toutefois imposé un couvre-feu entre 17 heures jeudi et 7 heures vendredi dans le sud du Liban, après avoir affirmé avoir « ouvert le feu » sur des « suspects ». […] ne respectant pas les conditions du cessez-le-feu.
Jeudi, un avion de chasse a visé “une zone forestière non accessible aux civils” dans la commune de Baïssariyé, a indiqué à l’AFP Nazih Eid, le maire de cette localité libanaise.
L’armée israélienne a indiqué avoir “identifié une activité terroriste” dans une installation utilisée selon elle par le Hezbollah “pour stocker des roquettes à moyenne portée dans le sud du Liban”, et avoir “déjoué la menace” avec une frappe aérienne.
Elle a ajouté que ses forces « sont restées dans le sud du Liban et ont agi pour faire respecter » la trêve.
Des tirs israéliens ont également blessé deux personnes dans le village de Markaba, au sud du Liban, selon l’agence de presse officielle libanaise Ani.
Parallèlement, l’armée libanaise poursuit son déploiement au sud du Liban dans les régions frontalières, “effectue des patrouilles et installe des postes de contrôle”, a indiqué jeudi à l’AFP une Source militaire, précisant que les soldats “ne progressent pas dans les zones où l’armée israélienne est présente”. toujours localisé. »
Dès que la trêve est entrée en vigueur mercredi à 21 heures (heure de l’Est), des dizaines de milliers d’habitants déplacés par les hostilités se sont précipités pour regagner leurs foyers au sud, la banlieue sud de Beyrouth. et l’est du pays, autant de bastions du Hezbollah bombardés depuis deux mois par l’aviation israélienne.
L’armée libanaise a également appelé les civils, rentrant en masse dans leurs villages dévastés, à ne pas s’approcher des zones où l’armée israélienne est toujours implantée.
Dans le village chrétien de Qlaaya, les soldats libanais ont été accueillis mercredi soir par des habitants en liesse qui leur ont lancé des fleurs et du riz.
« Nous voulons seulement l’armée libanaise au Liban », scandait la foule.
Le Parlement a prolongé jeudi d’un an le mandat du commandant en chef de l’armée Joseph Aoun, qui devait prendre sa retraite en janvier.
« Prêt à affronter » Israël
L’accord de cessez-le-feu vise à mettre fin au conflit meurtrier débuté en octobre 2023 entre Israël et le Hezbollah, mouvement armé allié à l’Iran, qui a déplacé 900 000 personnes au Liban et 60 000 dans le nord du Liban. Israël.
Le Hezbollah a ouvert un front de « soutien » au Hamas contre Israël au début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée le 7 octobre 2023 par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien.
Après des mois d’échanges de tirs de part et d’autre de la frontière israélo-libanaise, Israël a lancé le 23 septembre une campagne de bombardements massifs sur les bastions du mouvement libanais, suivie d’opérations terrestres au sud du Liban, affirmant vouloir sécuriser sa frontière nord et permettre le retour des personnes déplacées.
Selon les autorités libanaises, au moins 3 961 personnes ont été tuées depuis octobre 2023, la plupart depuis fin septembre. Côté israélien, 82 soldats et 47 civils sont morts en 13 mois, selon les autorités.
Parrainé par les États-Unis et la France, l’accord de cessez-le-feu prévoit le retrait sous 60 jours de l’armée israélienne du Liban.
Le Hezbollah doit également se replier au nord du fleuve Litani, à environ 30 kilomètres de la frontière, et démanteler ses infrastructures militaires au sud du Liban.
Ces dispositions sont basées sur la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU qui a mis fin à la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006.
L’accord prévoit un soutien technique américain et français à l’armée libanaise, dont la mission s’annonce difficile.
Israël a déclaré qu’il se réservait « une totale liberté d’action militaire » au Liban, « si le Hezbollah viole l’accord et tente de se réarmer ».
Le Hezbollah a proclamé sa « victoire » mercredi, affirmant que ses combattants « resteront pleinement prêts à affronter […] aux attaques de l’ennemi israélien. Bien que décapité par les frappes israéliennes, le mouvement chiite reste un acteur incontournable au Liban.
Le Hezbollah « ne peut pas se transformer en un parti purement politique, car toute sa légitimité et son influence résident dans son rôle de mouvement de résistance armée », juge Imad Salamey, qui dirige le département d’études internationales et politiques de l’Université libanaise américaine (LAU). ). Mais il pourrait faire preuve de « plus de flexibilité ».
Le mouvement pourrait ainsi débloquer l’élection d’un président dont le Liban est privé depuis plus de deux ans en raison de rivalités politiques. Le Parlement a décidé jeudi de se réunir le 9 janvier pour ces élections, selon Ani.
La vie revient lentement
Les habitants du sud continuaient jeudi, dans un flux incessant, de regagner leurs villes et villages dévastés.
Dans la ville portuaire de Tyr, les pêcheurs attendaient le feu vert de l’armée pour reprendre la mer.
« Lorsqu’il y a eu une escalade, nous avons complètement arrêté de travailler et avons été menacés par les Israéliens », a expliqué l’un d’eux, Madhi Istanbuli.
Dans la banlieue sud de Beyrouth, Ali Mohammad Abbas est venu se recueillir sur la tombe de son frère, dans un cimetière dévasté par les bombes israéliennes. “J’attendais le cessez-le-feu”, raconte cet habitant de la Bekaa, dans l’est, qui n’a pas pu assister aux funérailles “car les routes n’étaient pas sûres”.
Un peu plus loin, Ahmad Aki Mansour se réjouit de la reprise des activités de son commerce maraîcher ambulant. D’autant qu’il va falloir reconstruire : « les maisons de mes trois fils ont été détruites », raconte-t-il.
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