À ses deux fils de 10 et 7 ans, Émilie définit ainsi les choses : « J’ai aidé Papy à monter vers les étoiles. » La justice avait décidé de la renvoyer devant la cour d’assises du Rhône pour meurtre.
C’était conforme à la loi : Émilie avait avoué avoir volontairement tué Manuel Adell, son grand-père, ce qui constituait en soi une circonstance aggravante (« meurtre sur ascendant »). Elle avait également récupéré le bidon d’essence dans son garage, l’avait conduit jusqu’au domicile de ses parents et avait pris soin de remettre le bidon à sa place, ce qui constituait une autre circonstance aggravante : la préméditation. Elle risquait donc la prison à vie.
Lorsque le procureur général demande à Élisabeth pourquoi elle ne s’est pas constituée partie civile, elle reste un instant silencieuse, puis reformule, essayant sincèrement de comprendre la question : “Pourquoi je ne défends pas mon père, c’est ça ?” La mère d’Emilie soupire. A vrai dire, toutes ces questions le submergent. Elle ne sait plus si elle était en colère contre sa fille, elle ne sait pas si elle aurait été capable de brûler vif son père, elle ne sait pas ce qu’elle pense de tout ça. Face au procureur général, Élisabeth ne sait qu’une chose : “Mon père a tellement souffert.”
Le directeur d’enquête l’a bien compris : le feu n’est pas un élément rare dans les affaires pénales, mais habituellement, il sert à cacher des preuves. C’est la première fois qu’il est confronté à un incendie dans « un dossier de fin de vie ». Lors de l’entretien avec la psychologue, Émilie ne s’est pas reconnue dans le terme « assassinat ». Pour elle, il s’agissait d’aider son grand-père à partir. A la barre, elle avoue : “C’est hyper violent.” Mais aujourd’hui, elle ne sait toujours pas pourquoi. Elle pensait à la fumée. Elle n’avait pas pensé aux flammes, encore moins aux brûlures au deuxième et troisième degrés.
…
En savoir plus sur Slate.fr
Related News :