Régis Taisne est prêt à soutenir le pari : « En 2026 dans les listes municipales, nous observerons une augmentation du nombre de candidats à l’exercice des compétences liées à l’eau »» exhorte le chef du service Cycle de l’eau à la Fédération nationale des collectivités et collectivités subventionnaires (FNCCR). Malgré des débats qui ont porté sur le report de la compétence intercommunale obligatoire en matière d’eau potable et d’assainissement, les coulisses du congrès des maires ont renforcé cette conviction, du 19 au 21 novembre à Paris.
La fédération ressent la profondeur du mouvement dans sa propre structure : « En douze ans, le nombre d’adhérents liés à l’eau a plus que doublé, pour atteindre 660. Ces collectivités représentent 60 millions de Français, sur 68 millions »Régis Taisne countdown.
Le nettoyage, « une maladaptation caricaturale »
Qu’elle se manifeste par des sécheresses ou des inondations, l’accélération du changement climatique renforce l’attractivité retrouvée des compétences liées à l’eau. Dans les deux cas, les réponses s’organisent autour du ralentissement du grand cycle, comme le détaille le livret Gestion du ruissellement et du ruissellement des eaux pluviales, édité par la FNCCR. L’association annonce pour le 14 décembre la sortie du 7ème et dernier livret, consacré au financement.
En affirmant la priorité du ralentissement, l’association des élus n’hésite pas à s’opposer aux illusions du nettoyage, en voie de simplification dans un projet de décret : « Une maladaptation caricaturale », fustige Régis Taisne, rappelant qu’un récent rapport de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD) a déconstruit l’idée selon laquelle les débordements proviennent d’un manque de nettoyage. « La logique est de ralentir, et non d’accélérer, sinon l’aval prend tout », décide le chef de service.
Réappropriation politique
En amont des solutions techniques et de la rédaction des documents de planification, Régis Taisne observe une volonté de mettre la politique au centre du débat sur l’eau, y compris dans les communautés rurales qui se mobilisent pour protéger leurs captages et accélérer leur transition agroécologique. Il y voit une rupture : dans l’histoire des infrastructures d’eau, les collectivités rurales se sont souvent placées dans les rouages des locomotives urbaines, comme le montre, de l’après-guerre jusqu’aux années 2000, le fonds national pour le développement de l’eau.
La réappropriation politique découle en partie de l’engouement des élus et du public pour les solutions fondées sur la nature (SNB). ” Les Français soutiennent massivement le verdissement de leur ville ou village », note Sandrine Potier, conseillère technique chargée des eaux pluviales et de l’assainissement non collectif à la FNCCR. Pour un coût compétitif, les SFN ajoutent beauté et confort climatique à une bonne gestion de l’eau.
100 000 km pour déconnecter
“Il n’y a jamais de réponse unique”, estime Régis Taisne. Malgré leur avantage financier, les SFN pèseront lourdement sur les finances locales, compte tenu des 100 000 km de réseaux unitaires totalisés par le système d’assainissement français, soit un quart de la longueur. La FNCCR cite l’exemple de Le Grand Lyon, qui estime à 1 milliard d’euros le coût du débranchement de ses réseaux d’eau pluviale.
Pour progresser dans cette direction, la nouvelle directive sur les eaux usées urbaines fixe un objectif ambitieux : réduire les volumes d’eaux polluées rejetés sans traitement dans le milieu naturel à moins de 2 %tandis que depuis un décret de 2015, la France se donne un seuil de 5 %.
Exigence croissante
L’exigence est renforcée car les risques de débordement des réseaux vont augmenter avec le réchauffement climatiquecomme le suggère « Les chiffres clés des risques naturels », publiés en janvier par l’État. Inédits au XXe siècle, le retrait et le gonflement des argiles ont pris le relais des inondations de 2017, comme premier poste d’indemnisation dédié aux catastrophes naturelles.
La facture totale a atteint 50 milliards d’euros sur les 40 dernières années. Sa croissance met en danger l’assurabilité des territoires : un dossier pour lequel de nombreux espoirs reposent sur le projet de loi de la sénatrice Christine Lavarde, qui participera à la conférence FNCCR sur les eaux pluviales, le 3 décembre à Paris.
Retour aux sources
Autre point dur des débats sur les inondations : comment mieux organiser la solidarité de l’aval urbain et puissant vers l’amont rural et défavorisé ? Pour la FNCCR, cette question résonne comme un retour aux sources : l’association est née il y a 90 ans pour organiser le financement de l’électrification rurale, avec une taxe prélevée en ville.
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