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Colis piégé à Grange-Canal : des habitants choqués témoignent

Justice genevoise

Colis piégé à Grange-Canal : Patek Philippe appelle ses salariés à la prudence

Une explosion a blessé un enfant de 12 ans qui a dû subir une intervention chirurgicale d’urgence pendant plusieurs heures. Le ministère public fédéral reprend le dossier.

Publié : 26/11/2024, 10h08 Mis à jour il y a 12 heures

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L’explosion d’un colis piégé a blessé un enfant de 12 ans lundi après-midi à Grange-Canal. Selon nos informations, la victime a subi une opération chirurgicale à l’abdomen pendant six heures.

Peu après les faits, le procureur de permanence de Genève s’est rendu sur place avec la Brigade criminelle. Les deux chiens policiers mobilisés sur place ont repéré les explosifs. C’est notamment en raison de la présence de ces produits que la procédure passe entre les mains du Ministère public de la Confédération.

Selon les premiers éléments de l’enquête, cette affaire est liée à une autre explosion similaire en août dans le quartier Saint-Jean. Un père a été blessé. Point commun entre les deux procédures : les forfaits cibleraient deux résidents, tous deux employés chez Patek Philippe. Est-ce que quelqu’un veut les intimider ? Un ancien collègue ? Un concurrent ? Pour quoi? Jusqu’à présent, aucune arrestation n’a eu lieu.

Les deux personnes susceptibles d’être visées par ces explosions étaient toutes deux employées de Patek Philippe depuis plus de dix ans. L’un ingénieur en mécanique, l’autre fabricant de mouvements. Contactés, plusieurs salariés actuels ou anciens de l’entreprise ignorent tout d’un potentiel conflit lié à l’entreprise qui pourrait lier ces deux événements. Pour rappel, de nombreuses dénonciations de harcèlement moral ont agité l’entreprise ces dernières années.

“C’est un processus sale!”

Au numéro 36 du chemin de la Petite-Boissière ce mardi matin, les chaussures craquent sur les nombreux bris de verre encore présents sur le trottoir. Dans le hall de l’immeuble de six étages, les boîtes aux lettres sont éventrées. Un trou béant remplace l’un d’eux. Leurs plaques supérieure et inférieure sont ouvertes comme des couvercles de canettes. La grande baie vitrée du hall est désormais aveugle. Emporté par l’explosion, il est remplacé par un panneau de bois.

Les habitants qui ouvrent leurs portes sortent tout juste d’une nuit blanche, encore sous le choc du drame. L’explosion a retenti à 16h15, heure de la rentrée des familles. Ce père de deux enfants était en train de raccompagner son plus jeune chez lui lorsqu’il a reçu un SMS de sa fille aînée l’avertissant de l’explosion. « J’y étais déjà presque et quand je suis arrivé, j’ai vu la petite fille. Elle saignait.

Un autre père revenait également de l’école. « Du sang coulait sur son visage et elle avait des lacérations au bas de l’abdomen. Il y avait déjà des voisins présents, j’ai couru chez moi chercher une couverture et de l’eau. Nous n’osions pas toucher sa blessure au ventre de peur qu’il y reste des éclats de métal ou de verre. Heureusement, la police puis les secours sont arrivés très rapidement. C’est terrible.

D’autres voisins ont été tout aussi secoués, même s’ils sont arrivés après que la police ait déjà bouclé les lieux. « J’ai quitté l’immeuble quelques minutes avant l’explosion… et je suis rentré dans la soirée », confie un habitant. J’ai pu entrer dans mon logement par le sous-sol. Nous avons tous été interrogés par la police, j’ai à peine dormi, j’ai passé la nuit à me demander si j’avais rencontré quelqu’un de suspect. C’est tellement choquant de mettre un colis piégé dans une boîte aux lettres que n’importe qui pourrait être blessé. Et là c’était une petite fille qui était ! C’est un processus dégoûtant.

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Un autre voisin est arrivé devant l’immeuble alors que le périmètre était déjà bouclé. « Nous ne savions pas quand nous pourrions regagner notre logement, alors nous avons décidé d’aller dans un hôtel pour que les enfants puissent dormir. Nous avons acheté des choses parce que nous ne pouvions pas rentrer chez nous.

Un proche voisin de la famille de la victime témoigne : « Leur fille ouvrait la boîte à lait tous les jours. Ce geste lui a coûté cher, c’est horrible. La locataire du rez-de-chaussée est rentrée chez elle « deux ou trois minutes » avant l’explosion, son fils confirme : « Elle a vu la petite fille couverte de sang. Deux personnes ont essayé de le calmer malgré la douleur. »

Les habitants interrogés confirment avoir été entendus par la police lundi : “Un soutien psychologique a également été proposé aux locataires et aux autres enfants de l’immeuble.”

Sécurité renforcée

Contactée, Patek Philippe n’a pas souhaité faire de commentaire. Cependant, une communication interne précise que « le Directoire est sous le choc » suite à cet événement. La sécurité des salariés est une « priorité absolue et par mesure de précaution, des mesures de renforcement ont été mises en place dans l’usine ». La direction rappelle aux salariés de faire preuve de « prudence et discrétion dans vos activités chez Patek Philippe ».

A noter qu’à Saint-Jean l’entrée de l’immeuble, qui a été le théâtre de la première explosion l’été dernier, fait toujours l’objet d’une surveillance privée.

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