Gaël Faye, prix Renaudot, a ému les spectateurs de l’Ombrière

L’auteur-compositeur-interprète, rappeur et écrivain franco-rwandais Gaël Faye a été accueilli à l’Ombrière par l’association librairie La place aux herbes.

La salle était pleine pour écouter celui qui vient de recevoir le prix Renaudot pour son dernier roman. Jacaranda. « Votre succès d’auteur a commencé il y a huit ans avec « Petit pays » qui a rencontré un succès sans précédent, » a commenté Michel Labro, qui modérait la réunion.

Génocide au Rwanda

L’auteur parle du silence autour du génocide de 1994 dans les familles rwandaises. « Ce silence est dû à la souffrance, à la douleur mais en même temps, il transmet l’angoisse. Le silence était pour moi un mur et l’écriture m’a permis de franchir ce mur », a analysé Gaël Faye. A 17 ans, il assiste à la pièce Rwanda 94 ce qui a changé sa vie car il a enfin compris toute son histoire familiale. Il a expliqué que les Hutus et les Tutsis sont une pure création des Européens, en 1894, et que petit à petit, les Rwandais ont intégré ces « différences » qui ont été la cause du génocide. « Aujourd’hui au Rwanda, il est interdit de se définir comme Hutu ou Tutsi. Il n’y a que des Rwandais et je pense que c’est une bonne chose. Depuis 2015, l’auteur vit à Kigali, la capitale du Rwanda, avec sa femme et ses enfants. « Vivre au Rwanda me donne chaque jour une leçon de vie. Le pays est très petit et nous vivons ensemble. Le voisin pourrait être celui qui a tué ou violé un membre de notre famille. Il y a eu 2 millions de procès. Cela a permis aux bourreaux de retrouver leur humanité et cela a permis cette nouvelle société. Quand l’animateur lit un extrait sur le métissage, Gaël Faye s’amuse : « La métisse n’existe que pour les métis. Au Rwanda, je suis blanc et en France, je suis noir. Je vois l’opportunité d’être un lien. Il a ensuite fait une lecture musicale avec le guitariste Samuel Kamanzi, qui est son voisin au Rwanda avec une histoire très similaire. “Nous avons la chance d’élever nos enfants dans ce pays qui était une abstraction dans notre enfance, nous ne pensions pas pouvoir y retourner un jour.” Il a ensuite fait chanter le public avec lui. Un nouvel album est en préparation.

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