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Entrevue du lundi – Xavier Hamel

Commentateur officiel de l’équipe de féminine, Xavier Hamel s’apprête à couvrir l’intégralité de la diffusion de l’EHF EURO 2024 sur beiN SPORTS. Le Normand revient sur ses premiers pas dans le handball et évoque ses souvenirs avant le rendez-vous continental.

Comment es-tu arrivé au handball ou… c’est le handball qui t’est venu ?

Un peu des deux ! C’est toujours un sport que j’aime suivre depuis longtemps, que ce soit le championnat de France ou les équipes de France féminines et masculines. Aux débuts de beIN SPORTS, qui détenait les droits des Jeux olympiques de Londres 2012, il y avait beaucoup de matchs à commenter. J’ai ensuite été approché et on m’a présenté Amélie Goudjo et François-Xavier Houlet qui étaient déjà consultants. Côté terrain, je n’étais pas licencié mais je jouais au handball dans le cadre de l’UNSS, en plus du football.

Et tu attaques ton 10e saison depuis les Mondiaux masculin et féminin 2015…

En effet, ma première compétition fut celle des garçons en 2015, au Qatar puis la Coupe du monde féminine au Danemark, la même année. Si les garçons étaient déjà très compétitifs, cette période coïncide avec la montée en puissance des filles.

Depuis Rio 2016, hormis deux compétitions, l’équipe de France a systématiquement remporté un titre ou une médaille. Vous sentez-vous privilégié de suivre cette équipe ?

C’est un immense privilège et une chance de suivre les performances de l’équipe de France. Même si on ne montre pas notre maillot bleu à l’antenne, il n’est jamais loin. C’est un groupe qu’on aime suivre car ils sont vraiment très agréables. C’est très facile de travailler avec lui, dans une ambiance chaleureuse qui tient à cœur à Amélie et à moi qui sommes attachés aux relations humaines.

Vous suivez et commentez d’autres disciplines. En quoi le monde du handball est-il unique ?

Je remarque effectivement des différences. L’équipe de France est championne du monde en titre, vice-championne olympique et reste pourtant très accessible. Nous pouvons parler normalement avec tout le monde. On ne retrouve pas cette proximité dans des disciplines plus hiérarchisées.

Comme les sportifs, avez-vous une routine particulière avant les matchs à enjeux élevés ?

Je n’ai pas de routine ni de superstitions particulières. Je ne mets pas le même cahier dans le même cartable (rires). Pour sortir de l’atmosphère confinée de l’hôtel, j’aime simplement sortir prendre l’air et me ressourcer.

Demandez-vous parfois au staff de préparer certains matchs, par exemple contre des adversaires moins habituels, par exemple le Portugal la semaine prochaine ?

Avec Internet, il est toujours possible de regarder ce que font les équipes et les joueurs étrangers sans forcément perturber le service vidéo de l’équipe de France. De nombreuses vidéos sont en effet présentes sur les sites des fédérations. S’il y a quelque chose de plus précis, je peux parfois demander au staff des Bleues mais le plus souvent je m’appuie sur quelqu’un qui a beaucoup d’expérience et de connaissance des joueurs.

Quand la prestation n’est pas au rendez-vous, qui reste très occasionnelle, vous vous censurez-vous dans vos commentaires ?

J’essaie de rester le plus objectif et le plus naturel possible. Si j’observe quelque chose que je n’aime pas forcément ou s’il y a une façon de jouer peut-être un peu moins efficace, j’insiste alors pour retrouver le plaisir de jouer. Cela ne sert à rien de tout pousser et, en tout cas, je ne pense pas être méchant. Et surtout, cela n’est pas arrivé très souvent. Lorsque l’équipe de France n’a pas accédé au tour préliminaire de la Coupe du monde 2019 au Japon, cela a vraiment ressemblé à un accident et cela a été traité comme ça. Et la suite nous a donné raison puisqu’ils sont revenus en 2020 avec l’argent à l’Euro puis l’année suivante avec le titre olympique. Une contre-performance peut arriver en sachant que rester au sommet est la chose la plus difficile.

Quel est votre meilleur souvenir, et le pire, de toutes les compétitions féminines que vous avez suivies ?

Cela peut paraître étrange car la performance était au rendez-vous, mais je n’ai pas un très bon souvenir de la Coupe du monde 2021 en Espagne. Il y avait des restes de Covid avec peu de monde dans les chambres qui étaient dépourvues d’ambiance. Les supporters scandinaves et les Français n’ont quasiment pas fait le déplacement. Le concours avait été organisé à la hâte. L’équipe de France devait jouer à Barcelone et jouera finalement ses matchs à Granollers dans une salle un peu vieillotte. A l’inverse, au Japon, malgré la contre-performance lors de la Coupe du monde 2019, cela reste un bon souvenir. Mondiaux depuis 2015, c’est la seule fois où nous quittons l’Europe. L’ambiance était complètement différente et je me souviens d’une organisation très impressionnante. Ce voyage au Japon reste un grand souvenir humain plutôt que sportif.

D’autres souvenirs ?

Bien sûr, il y a le premier titre de champion du monde en 2017. C’est tout un souvenir : j’ai encore les images de Hambourg en tête. On ne s’attendait pas forcément à une victoire de l’équipe de France. Le groupe était vraiment bon et on avait vraiment l’impression qu’il se passait quelque chose. Je n’oublie pas non plus le titre remporté en 2018 à domicile. Il y a aussi le titre mondial de l’année dernière. Très franchement, je crois que je n’ai jamais vu une équipe de France aussi forte. Ils se sont déroulés du début à la fin : au tour principal, il y a eu ce match extraordinaire contre la Norvège. C’est le meilleur match de l’équipe de France que j’ai vu en termes d’intensité, d’agressivité et d’esprit d’équipe.

A quelques jours du début de l’EHF EURO 2024, quel bilan tirez-vous de cette équipe de France au terme des quatre matches de préparation ?

Participer aux Jeux Olympiques est exigeant mentalement, surtout lorsqu’ils se jouent à domicile. Pour les filles, c’était sans aucun doute le grand objectif de leur vie sportive. Ils ont bien performé mais le fait d’avoir perdu en finale a dû leur laisser une petite cicatrice qui mérite probablement d’être cicatrisée. Il y a peut-être des joueurs qui avaient d’autres idées en tête, peut-être plus personnelles, qui sont finalement restés dans l’équipe, donc le groupe n’a pas énormément changé. Le fait qu’Olivier Krumbholz ne soit plus là est forcément quelque chose qui change aussi la vie des joueurs même s’ils connaissent très bien Sébastien Gardillou. Le fait qu’il soit désormais un numéro, c’est peut-être aussi quelque chose qui doit être abordé un peu plus différemment.

A Toulon, la Hongrie avait vraiment été très bonne alors que l’équipe de France se présentait avec plusieurs absents. Vendredi dernier, ils ont clairement raté leur match face à l’Espagne. C’est aussi une des choses qui peuvent arriver, mais contre l’Angola, il y a eu une sorte de rébellion presque physique de ne pas vouloir se laisser marcher sur les pieds. Cette dynamique collective et agressive, c’est quelque chose qu’on a vraiment vu dans les dix dernières minutes.

 
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