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trois ans après le meurtre de Zinedine à La Riche, ses sœurs se confiaient à elle

Le crime a ému et horrifié l’Indre-et-Loire. La nuit de Noël 2021, Zinedine Guerraoui est décédé des suites d’un coup de couteau par Praisy N., au cœur de la ville de Niqueux-Bruère où il a grandi, à La Riche.

Derrière les quatre blessures mortelles dénombrées à l’autopsie, l’ombre d’un homme accusé de meurtre, qui devra être jugé devant la cour d’assises d’Indre-et-Loire à partir du lundi 25 novembre 2024. Un procès La durée prévue est de trois jours, à la fois attendue et redoutée par les proches du jeune homme tué à 22 ans.

Devant eux se trouvera le visage de celui qui s’est suicidé. Un suspect qui, depuis son arrestation après quatre jours passés dans la clandestinité, ne cesse de répéter que ses actes, lame à la main, n’avaient pas pour but de tuer cette nuit-là.

Inaudible pour la famille de Zinedine Guerraoui. Trois ans après les faits, à l’aube d’une audience qui s’annonce très suivie, ses sœurs, Lina et Wassila, s’expriment au nom d’un clan vaincu par la douleur mais uni dans la dignité.

Trois ans se sont écoulés depuis la mort de votre frère, où es-tu ?

“La douleur est toujours la même, alors qu’est-ce que tu ressens ?” C’est difficile de répondre : on essaie de pleurer mais c’est impossible. Nous avons survécu pendant trois ans. Nous survivons sans lui. »

Comment abordez-vous la date limite du procès ?

« Il y a beaucoup de points d’interrogation, de questions restées sans réponse, donc évidemment nous attendons avec impatience cette réunion. Mais il y a aussi une vraie appréhension : celle d’affronter un tribunal correctionnel, d’être exposé à des choses qui vont être douloureuses… Mais il y aura une sorte de soulagement, car trois années se sont écoulées, qui nous ont tenus en haleine. »

Il est courant d’entendre que le public participe à la reconstruction des victimes. Qu’attendez-vous ?

« (Lina) Je ne sais pas… (Wassila interrompt sa sœur) C’est lui [Praisy N.] être condamné à la peine maximale prévue par la loi [NDLR, trente ans de réclusion criminelle sont encourus]. On sait que l’accusé (1) sortira un jour de prison et aura une partie de sa vie devant lui. De notre côté, la justice, d’un point de vue moral, ne sera jamais rendue : notre petit frère nous a été enlevé et rien ne pourra alléger cette perte. »

Votre famille fête Noël, mais ce soir de 2021, ils n’étaient pas ensemble…

« (Lina) J’étais à Paris, Wassila était avec sa belle-famille. Ce soir-là, Zinedine était censé fêter le réveillon du Nouvel An avec sa petite amie. Il fut convenu qu’ils se rencontreraient lors de sa débauche. [Avant qu’il soit agressé à coups de couteau]il lui a envoyé un message « J’arrive », mais il n’est jamais arrivé. »

Zinedine était le plus jeune. Depuis son décès, vous parlez du “froid” qui règne dans la famille…

« Il avait un rôle central auprès de ses frères et de sa famille. Zinedine était un rayon de soleil, quelqu’un qui apportait tant de vie partout où il allait, qui s’intéressait ou se préoccupait des autres. Quand la porte s’est ouverte, on savait que c’était lui. Aujourd’hui, quand la porte s’ouvre, on espère voir son sourire, mais c’est un mirage. C’est horrible à dire, il y a quelque chose que nous avons perdu et qui ne reviendra jamais. »

À quoi s’accroche-t-on ?

« Depuis le décès de notre frère, nos vies ont été bouleversées, le plus jeune des frères avait des difficultés à l’école, nous avons perdu notre emploi car nous sommes tombés dans une sorte de dépression sans nous en rendre compte. (Lina) Comment se remet-on de la perte d’un frère ou d’une sœur ? Pourra-t-on un jour se remettre de tout cela ? »

Perdre un enfant est tragique, comment vos parents vivent-ils cette épreuve ?

« Il ne se passe pas un jour sans qu’ils se demandent : ‘Pourquoi m’ont-ils enlevé notre fils ?’ « Ils sont brisés, vieux et fatigués par la douleur. Pour nous, les enfants, voir leur douleur est quelque chose de très difficile à vivre. Dès qu’ils en ont l’occasion, ils s’envolent pour l’Algérie pour rendre hommage au tombeau de Zinedine, dans la région d’Oran. C’est une chose importante pour eux, notamment parce qu’ils ont trouvé du réconfort dans la religion, qui les aide à surmonter leur malheur. »

Lors de la marche blanche en mémoire de Zinedine, quelques jours après sa mort, elle a appelé au calme et à la pacification. Avez-vous eu peur du feu ?

« Nous n’avons jamais ressenti de désir de vengeance. Nous venons d’une famille calme, qui a toujours été d’un grand soutien. Dans les heures qui ont suivi la mort de Zinedine, il y a eu ces recherches lancées par des « jeunes » de La Riche pour retrouver l’auteur du crime. Il fallait que tout cela cesse : la colère ne résout rien. Notre mère a perdu un fils, nous ne voulions pas voir les autres pleurer aussi. »

(1) Il est en détention provisoire depuis décembre 2021. Bien qu’il ait reconnu lors de l’enquête avoir commis les coups de couteau, il reste, au moment d’écrire ces lignes, présumé innocent.

 
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