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à Morieux, ces agents de la circulation ont menacé de mort

Par où commencer ? Avec ce conducteur se précipitant vers un agent de la voirie départementale pour le contraindre à s’arrêter ? De ces trois automobilistes qui prononcent chacun des menaces de mort, du type « si tu ne bouges pas de là, je t’écrase » et « je prends mon arme et je te fume » ? Ou avec ces invectives et insultes quotidiennes, devenues si courantes que les ouvriers portant des gilets jaunes n’y prêtent même plus attention ?

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« Ceux qui se comportent de manière inappropriée à l’approche du développement mettent en danger la vie des agents qui travaillent quotidiennement à améliorer les conditions de circulation et de sécurité », affirme André Coënt (deuxième à droite), vice-président du ministère responsable des infrastructures. (Le Télégramme/Julien Vaillant)

Mais peut-être devrions-nous commencer dès l’après-midi du 13 novembre. Près des Ponts-Neufs, à Morieux, la route est barrée. Une équipe du service départemental réalise des travaux de construction d’un rond-point. Alain Émery, technicien du BTP depuis 30 ans, raconte la suite : « Je suis venu vérifier que le chantier était fermé pour la nuit. Car le lendemain matin, très tôt, on en déversait sur les trottoirs. Seulement, en passant, j’ai vu des fous…”

“Je ne laisserai pas mes garçons au milieu de ce désordre”

Face à lui, le directeur du chantier découvre une véritable émeute de rue. Exaspérés de ne pas pouvoir dépasser, les automobilistes ont poussé les imposants panneaux rouges et blancs bloquant leur passage au milieu de la chaussée. «C’était une partie de bowling. Il y avait des voitures partout, avec des pâtés de maisons entre les deux. Certains roulaient dans la mauvaise direction. » Alain Émery et son équipe tentent alors de rétablir l’ordre… au péril de leur vie. « J’ai finalement appelé mon manager pour lui dire que je ne laissais pas mes garçons au milieu de ce désordre. C’était la première fois de ma carrière, mais ça devenait trop dangereux. »

Dix jours plus tard, les travaux sont presque terminés. Mais pour les responsables routiers présents, le chantier des Ponts-Neufs restera une avancée supplémentaire en termes de comportement des conducteurs.

“On a peut-être des Gilets jaunes, mais parfois on est en danger de mort”

«Nous avons eu des problèmes pendant toutes les phases des travaux», explique Franck Bourdais, directeur des infrastructures au Conseil départemental. « Durant les deux nuits où nous avons dû fermer, il y a eu des comportements inacceptables. Comme les gens n’étaient pas contents d’être détournés, ils ont enlevé les blocages et sont arrivés sur place », poursuit le responsable du service, avant de rappeler : « Ils se sont mis en danger, mais surtout ils ont mis en danger les travailleurs. »

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Les travaux de rénovation de l’intersection entre la D786 et la D46 à La Chapelle, à Hillion, près des Ponts-Neufs, provoquent des perturbations de la circulation routière entre Saint-René et Saint-Alban. (Le Télégramme/Benoît Tréhorel)

Pourquoi la situation a-t-elle dégénéré à ce point ? Peut-être pendant toute la durée du chantier, qui a débuté en janvier dernier, sur un itinéraire habituellement emprunté par 15 000 véhicules par jour et qui permet d’accéder à Pléneuf-Val-André, Erquy et Cap Fréhel.

Mais de manière générale, Franck Bourdais constate « une augmentation des incivilités sur les chantiers. Nous pensons que les gens sont plus agressifs. Ils ne tolèrent pas le moindre inconfort dans les mouvements quotidiens. Même si nous portons des gilets jaunes et sommes visibles, nous risquons parfois de mourir sur le bord de la route.”

“Quand ils voient qu’on essaie de les filmer, ils deviennent encore plus fous”

Et face à ces comportements, il existe très peu de solutions. « Pour déposer une plainte, il faut avoir un justificatif et l’identité du conducteur. Or, lorsqu’un automobiliste vous percute, vous pensez avant tout à votre sécurité, pas à prendre sa plaque d’immatriculation”, explique André Coënt, vice-président du ministère responsable des infrastructures.

Et il ne s’agit pas d’utiliser une caméra : « Quand ils voient qu’on essaie de les filmer, ils deviennent encore plus fous », déplore Alain Émery. L’appel à la police demeure. « Nous faisons cela parfois et il se calme généralement tout de suite. Mais on ne peut pas le systématiser », conclut Franck Bourdais.

 
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