Par
Coralie Maux-Renard
Publié le
24 novembre 2024 à 7h00
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Depuis le 4 novembre 2024 et jusqu’au lundi 2 décembre, les habitants de Capelle-les-Grands (Eure) et alentours* peuvent venir consulter le dossier « extension » du méthaniseur de la famille Duclos dans leur mairie. Un terme quelque peu mal choisi par les services de l’Etat.
Pas d’agrandissement des bâtiments
En fait, le méthaniseur en activité depuis septembre 2023 ne va pas s’agrandir, mais augmenter sa production de gaz.
«C’est un erreur dans le titrela capacité était prévue dès le départ dans le permis de construire, les cuves sont déjà présentes, ça ne change rien”, indique Laurent Duclosco-gérant du site avec son frère Richard et son fils Baptiste.
Pendant un peu plus d’un an, la famille n’a pu produire que les deux tiers de sa capacité. Pour pouvoir en créer un tiers supplémentaire, le dossier est passé entre les mains de différents services de l’Etat (Direction Départementale des Territoires et de la Mer, Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement, etc.) puis a été soumis à consultation publique.
Une augmentation de 30%
Dès janvier prochain, le méthaniseur devrait déménager 100 % de capacité. Pour l’instant, le site produit 150 m3 (n)** et s’élèvera à 190 m3 (n) par heure en 2025. Pour l’instant, le site produit du gaz pour 6 000 foyers, puis 8 000.
C’est l’équivalent d’une ferme de 350 vaches.
Le gaz de Capelle-les-Grands, et des autres méthaniseurs de la région, permet dealimenter tout l’interphone de Bernay, à Serquigny et Nassandres. « Notre gaz alimente leUsine Arkema. L’interphone sera totalement autonome en énergie avant 2030 », indique Laurent Duclos.
L’augmentation des capacités permettra d’« envoyer du gaz à Paris ».
Le projet d’une vie
Laurent Duclos, son frère Richard et son fils Baptiste, propriétaires d’une ferme de vaches laitières et les champs de culture, ont décidé depuis 2020 de se lancer dans ce projet de méthaniseur.
« Nous y avons bien réfléchi pendant trois ans avant de poser la première pierre », souligne Laurent Duclos. Plutôt que de se tourner vers un modèle transformant le gaz en électricité, la famille a préféré un dispositif permettant de récupérer directement du gaz et approvisionner les maisons de la région.
«Nous voulions se fondre dans l’arrière-plan », dit-il en désignant les cuves vertes comme les haies et le toit gris comme le ciel normand. « Nous voulons rester en bons termes avec nos voisins », sourit Baptiste Duclos, co-gérant.
Pour être le plus compatible possible avec les autres riverains, les propriétaires ont choisi un modèle de méthaniseur qui émet le moins d’odeur possible et l’ont fait installé loin des habitations. « Notre objectif était d’être A 500 m de toutes les maisons », indique le dirigeant.
A savoir que la loi prévoit un distance minimale de 100 m. « Nous habitons le plus près, c’est une garantie pour les voisins qu’ils ne causeront aucune nuisance », assure le propriétaire.
Comme la nourriture provient principalement cultures de seigle et de maïs champs environnants, la famille construira une route sur leur terrain. « Nous veillons à faciliter la circulation », décrit Baptiste Duclos.
Les gérants essaient de nettoyer la route dès qu’ils la salissent et adapter leurs horaires pour éviter les passages de tracteurs en journée.
Une fois tous les matériaux transformés (voir encadré), le digestatun liquide ressemblant à du compost, est utilisé dans les champs. «C’est un économie circulairenous avons des cultures qui fonctionnent 100% digestat », explique le cogérant dont les factures d’engrais ont été divisées par trois.
Comment fonctionne le méthaniseur ?
Le méthaniseur Duclos est alimenté principalement par des végétaux, comme le seigle. Cette culture intermédiaire est récoltée. Les tiges sont conservées pour alimenter le méthaniseur. Les 60 hectares de betteraves sont plantés, puis transformés en sucre. «Nous récupérons 3 000 tonnes de pâte qui partent également vers le méthaniseur», précise Laurent Duclos, co-gérant du site. Du lisier de vache et du maïs complètent le méthaniseur. Le Sdomode (Syndicat de destruction des déchets ménagers de l’ouest de l’Eure) contribue également à alimenter le système en approvisionnant les restes alimentaires des cantines, transformés en « soupe aux déchets ».
Les déchets extérieurs sont au préalable stérilisés afin qu’aucun élément pathogène ne subsiste à l’issue dans le digestat épandu sur les parcelles. Toutes les heures, le méthaniseur est alimenté par une tonne de « carburant ». «C’est comme l’estomac artificiel d’une vache», image Baptiste Duclos, co-gérant du site. Il faut près de 120 jours aux plantes solides pour se transformer en gaz et en liquide (digestat). Dans une grande cuve, le digesteur, la matière organique est chauffée à 40 degrés pour que les bactéries « aient un environnement idéal ». Les bulles de gaz émergent et remontent dans la bâche. Le gaz serpente sous terre pour baisser la température, puis se débarrasse du CO2, de l’eau et du soufre. Une étape cruciale pour avoir un gaz de qualité.
Le gaz est transporté par GRDF et acheté par Engie.
Pour l’instant, le méthaniseur injecte uniquement du méthane dans le réseau GRDF (Gaz Réseaux Distribution France). LE CO2 est rejeté dans l’atmosphère. Plus tard, la famille souhaite ajouter une unité pour récupérer le dioxyde de carbone, qui peut être vendu aux marques de boissons gazeuses.
* Cordebugle, La Chapelle-Hareng, La Haye-Saint-Sylvestre, Le Planquay, Plainville, Saint-Aubin-du-Thenney, Saint-Germain-la-Campagne, Saint-Mards-de-Fresne, Saint-Victor-de- Chrétienville et Valailles.** Le normo mètre cube est une unité de mesure de la quantité de gaz correspondant au contenu d’un volume d’un mètre cube, pour un gaz se trouvant dans des conditions normales de température et pression.
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